Une occupation symbolique de la salle a perturbé le dernier conseil communal de la Ville de Bruxelles tenu ce lundi 7 novembre. Le dos tourné aux élus, des manifestants de toutes origines se sont rassemblés pour dénoncer l’interdiction des signes confessionnels. Une initiative qui va au-delà du port de voile à l’école et qui marque le début d’un mouvement contre l’injustice sociale.

twitter-logo_2Sofia Christensen

Face au mur, debout et en silence. C’est ainsi qu’une trentaine de personnes ont assisté au conseil communal de la Ville de Bruxelles hier soir. Une occupation symbolique d’une quinzaine de minutes pour protester contre l’exclusion de personnes porteuses de signes religieux dans les espaces communaux bruxellois.

Dans un communiqué de presse signé « Our Lives Matter », le collectif dénonce la « politique liberticide » de la Ville de Bruxelles ainsi que « la sélection sociale et l’exclusion structurelle que celle-ci engendre ».

Cette action fait suite à une décision prise par l’athénée des Pagodes il y a quelques semaines interdisant aux mamans voilées d’encadrer les enfants lors des sorties scolaires. Une décision soutenue par la Ville de Bruxelles au nom de la neutralité confessionnelle imposée à toutes les écoles communales.

« Mais ce n’est pas simplement l’anecdote des mamans voilées » précise une militante à la sortie du conseil. « Ce qui nous regroupe tous ici c’est la lutte contre les injustices sociales et les avancées politiques de plus en plus répressives. On n’arrête pas de nous parler du vivre-ensemble, mais on vit déjà ensemble et ces règles politiques ne servent qu’à nous diviser. »

Les manifestants formaient effectivement un groupe très varié. Jeunes et moins jeunes, voilées et non-voilées, femmes et hommes de toutes origines mobilisés ensemble pour la même cause.

« Finalement on est ici pour l’égalité des droits », explique Abdel, jeune militant, « et c’est surtout la jeunesse qui doit bouger pour changer les choses ». Il confie une histoire personnelle qui l’a poussé à se mobiliser : « Ma mère porte le voile et elle aimerait travailler dans une crèche. Elle postule, mais à chaque fois on lui dit qu’elle ne peut le faire avec son foulard, que c’est interdit par la loi, alors que ce n’est pas vrai. »

« Moi aussi c’est une problématique qui me touche directement », ajoute Amir, étudiant en sciences administratives. « Avant je n’y croyais pas trop à la discrimination, jusqu’au jour où j’ai commencé à postuler pour des stages. Là je me suis rendu compte que le nom fait toute la différence. Je n’ai toujours pas été retenu, alors que des amis moins qualifiés que moi le sont. »

Les élus du conseil n’ont pas réagi à l’action. Seule Marion Lemesre (MR), échevine bruxelloise des Affaires économiques, laissa échapper qu’elle se sentait « perturbée » par les manifestants.

Mais les militants semblent satisfaits du résultat. « L’important c’était de montrer qu’on est là », explique Farida Aarrass, militante et sœur du Belgo-Marocain Ali Aarrass détenu au Maroc depuis 2011. « Maintenant ils le savent, c’est dans le coin de leurs têtes et ce n’est qu’un début. »

Pas de détails pour le moment, mais Farida promet : « Vous entendrez encore parler de nous ».

Sofia CHRISTENSEN