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Palestine : les ruines enjolivées grâce à l’art

Depuis fin mars 2018, des milliers de Palestiniens manifestent dans la bande de Gaza. Leur revendication ? Le droit de retour sur leur terre – la Palestine – qu’ils ont dû quitter, il y a maintenant 70 ans, lors de la création de l’État d’Israël. Alors que le paysage ressemble à des décombres suite aux bombardements de l’aviation israélienne, les artistes expriment le conflit sous un angle différent.

Une icône immortelle

Handala. Un joli prénom signifiant pourtant l’amertume. Celle d’un jeune enfant de 10 ans, ayant fui sa terre, accompagné de ses parents, et se retrouvant malgré son jeune âge dans un camp de réfugiés libanais. Handala n’est pas seul, car enfants, femmes et hommes ont quitté ce qu’ils avaient de plus cher afin de survivre ailleurs. Cependant, ce départ devait être de passage. Alors qu’aucun pays arabe ne s’est levé aux côtés des opprimés palestiniens, leur espoir de revenir un jour ne s’est pas envolé malgré les années qui passent. Handala est là, le dos tourné, les bras croisés et les pieds nus. Il ne veut pas se retourner tant que la Palestine n’est pas libre. Il n’a que 10 ans, mais a arrêté de croire. Les solutions proposées par les États-Unis, par les pays arabes et par Israël ne l’intéressent plus. La seule chose en laquelle il croit encore est le peuple palestinien qui restera à jamais uni et fort.

Handala de Naji al-Ali

Derrière ce portrait se trouve Naji al-Ali. Un caricaturiste qui a pris son départ en 1948 vers un camp de réfugiés libanais pour icône de la résistance palestinienne. Alors que les tirs, les bombes et l’injustice régnaient, et règnent toujours au Moyen-Orient, il a décidé de prendre sa plume et d’ancrer dans les mémoires ce symbole d’espérance. Enfin, il s’était réfugié en Grande-Bretagne où il a été assassiné par les services secrets d’Israël, le Mossad, d’une balle dans la tête, en 1987.

Les ruines enjolivées

© Ernest Pignon-Ernest et Lucia Cristina Estrada Mota.

Naji al-Ali n’est pas le seul à avoir pris l’art comme moyen d’expression. Pas plus loin que notre pays voisin, la France, Ernest Pignon-Ernest est un artiste plasticien originaire de Nice. Après le décès du poète palestinien Mahmoud Darwich, ce dernier a voulu lui rendre hommage en collant son portrait dans les lieux symboliques de Cisjordanie et d’Israël. Alors interdit d’entrée à Gaza, Ernest Pignon Ernest a collé le portrait de M. Darwich « sur les ruines du village de naissance du poète, Birwé ».

L’art urbain en expansion

Banksy, dessinateur et réalisateur, n’est plus aussi inconnu que son identité. Le graffeur mêlant politique, humour et poésie dans ses œuvres a affiché une série de pochoirs un peu partout au Moyen-Orient. Sa réalisation légendaire de « la petite fille et le soldat » a été collée sur le mur de séparation israélien, à Bethléem. Aux côtés de celle-ci figurent d’autres dessins d’espoir, de liberté et de paix.

Fillette fouillant un soldat – Banksy- 2005 près de Bethléem

70 ans d’injustice

Il y a 70 ans, des centaines milliers de Palestiniens ont été forcés de quitter leurs biens. Cet événement s’appelle la Nakba, autrement dit, la catastrophe. Cependant, tous en garde des souvenirs. Le symbole croissant est la clé. Un objet qui représente beaucoup de choses pour ses propriétaires. Le 14 mai 2018, date à laquelle Les États-Unis ont déplacé leur ambassade à Jérusalem, a fait une soixantaine de morts et plus de 2700 blessés en une journée. Un massacre la veille de la commémoration de la Nakba. Tout compte fait, Handala n’est pas près de se retourner, car il est seul contre tous… Les bras croisés, ce peuple refuse de tendre la main à des assassins.

Un blocus inhumain

Le mardi 29 mai 2018, des bateaux palestiniens ont quitté le port de Gaza pour briser le blocus israélien en place depuis 2007. Jusqu’à présent aucun incident n’est à déclarer sur mer. Cependant, des bombardements et des tirs de roquettes se font sur terre entre Israël et Gaza. Une école a été bombardée, mais les victimes ne sont que du côté palestinien : un mort et deux blessés.

« Palestine with love »

À l’occasion de la Nakba, le musée Bozar fait place au festival « Palestine with love », du 3 au 10 juin 2018. L’occasion de découvrir une autre facette de l’art exprimant ce conflit des deux côtés…

Nihel Triki