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Les tâches ménagères, et les hommes dans tout ça ?

Et si on parlait des tâches ménagères ? Oui, ces corvées qui pour ma part me donnent la boule au ventre. Je traine des pieds rien qu’en y pensant. Mais attention. Je suis juste une feignasse à l’âme trop épaisse, pas un gros macho en perfecto, clope au bec, mâchant des acrobaties verbales d’un sexisme patent (on répond au stéréotype par un autre stéréotype oui oui).

Sauf que voilà, faire le ménage n’est pas un loisir prisé par les hommes malgré les changements sociétaux. Rappelons ces années 50 ans où le rôle de la femme se cantonnait à celle de bonniche à tout faire. Par ailleurs, un magazine féminin de l’époque intitulé « Housekeeping Monthly » ne se privait pas de donner quelques petits tuyaux. Dans un article au titre persuasif (« The Good Wife’s Guide » ou « Le guide pour être une bonne épouse »), une liste de conseils est exposée pour faire de la lectrice une femme parfaite pour son mari. Parmi ces conseils, quelques pépites, reflets de l’époque, sont à retenir pour ce qui nous concerne dans cet article :

« Prévoyez votre dîner du lendemain la veille afin de pouvoir le servir chaud à votre mari dès qu’il arrive. Ça lui montrera que vous pensez à lui et que vous vous souciez de ses besoins. »

« L’objectif d’une bonne épouse est de faire de son foyer un endroit où règnent le calme et la tranquillité afin que son mari puisse s’y ressourcer. »

Autant vous dire que ces conseils provoqueraient un tollé aujourd’hui. Depuis plus de trente-cinq ans, on constate que les emplois du temps sont similaires à peu de choses près pour les hommes et les femmes. Selon une étude de l’INSEE réalisée en 2015, ce mouvement de convergence est constaté dans les années 1970 et 1980. Cette convergence des emplois du temps est liée au fait que les hommes travaillent moins (montée de chômage, part croissante des retraités) tandis que les femmes consacrent moins de temps à s’occuper du foyer. Cette diminution de l’implication féminine s’explique notamment par la baisse du temps consacré à l’entretien des vêtements. Au placard, le tricot et la couture donc. La lessive à la main a également disparu en même temps que le temps passé à la cuisine (on mange davantage à l’extérieur) allégeant le volume de la vaisselle.

Les traditions ont la dent dure

Cependant, est-ce que la société a concrètement intégré ces idées d’égalité des sexes ? D’après l’agence de presse Bloomberg, peu de changements se pointent à l’horizon depuis plus de 60 ans. Si les femmes sont rentrées dans la vie active au même titre que les hommes, elles continuent à effectuer la majorité des tâches ménagères. Une étude a été menée par deux chercheurs d’Oxford du nom de Evrim Atlintas et Oriel Sullivan. La recherche a mis en évidence des chiffres sur nos comportements face aux corvées (le ménage, la cuisine et les lessives selon les chercheurs). Durant 25 ans, ils ont rassemblé des données de 16 pays afin de pouvoir mettre en évidence une liste de pays les plus en avance en matière d’égalité des sexes. Ce sont les Norvégiens et les Australiens qui arrivent au panthéon des hommes qui font le ménage. À hauteur de 72 minutes par jour, ils déclassent les Français qui sont à 60 minutes quotidiennes (contre 2h20 pour les femmes). En dernières positions, l’Italie et Israël se suivent de près avec environ 20 minutes par jour.

Même si l’étude démontre qu’il y a véritablement un mouvement général vers l’égalité des genres, de grandes disparités subsistent notamment dans les pays méditerranéens ainsi que les pays de l’Est, où le machisme est ancré dans la culture populaire. En Italie, avec sa culture de sa tradition de la « mama » en cuisine façon Maïté, les femmes effectuent 3h de corvées de plus que les hommes par jour (2h20 de plus en Yougoslavie, en Espagne ou en Pologne). A contrario, au Danemark, une petite/grosse heure (tout dépend) de tâches ménagères en plus sépare les femmes des hommes. Cette avancée vers l’égalité doit s’accentuer dans certains pays pour dépoussiérer ces clichés tenaces. En attendant, le moteur de recherche Google y va de sa propre hypothèse pour motiver les troupes masculines à se mettre au travail : faire le ménage serait une source de bonheur pour les hommes. Ne vous en privez pas, soyez heureux.

Capture d’écran.

Nikita IMAMBAJEV