Les réfugiés qui migrent vers l’Europe pour fuir la guerre, l’extrême pauvreté font la une des médias. Hommes politiques, éditorialistes, associations essayent de trouver une solution à cet afflux massif. Pour les uns, «on ne peut pas accueillir toute la misère du monde», pour les autres, cette immigration est une aubaine face au vieillissement de la population. Jason Buzi, milliardaire américain, aurait trouvé LA solution miracle.

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Ce milliardaire ayant fait fortune dans l’immobilier veut trouver un refuge à ces migrants qui fuient la guerre et les exécutions liées à leurs convictions politiques ou religieuses. Sa solution ? Leur créer un État dans une contrée peu peuplée dans le monde. Selon lui, l’Europe, les États-Unis et l’Australie n’ont plus les moyens d’accueillir ces populations. D’après lui, «les gouvernements du monde entier ne sont pas parvenus à résoudre le problème qu’il est temps d’y trouver une solution radicale». Actuellement, quelque 60 millions de réfugiés migrent partout dans le monde. Le chiffre a quasi doublé depuis quinze ans. Le projet « Refugee Nation » a donc vu le jour.

L’intéressé n’en est pas à sa première idée folle. Il fut à l’initiative du Hidden Cash, une chasse aux billets grandeur nature organisée via Twitter et qui a fait le buzz en 2014. Le philanthrope 2.0 juge qu’ «il est intolérable de voir notre société moderne rester les bras croisés face au problème des réfugiés, alors que des millions de personnes à travers le monde vivent dans la misère, sans la moindre perspective d’amélioration ».

L’île enchantée

Jason Buzi a établi quatre scénarios pour mettre en place sa « Refugee Nation ». Il propose de créer cette nation dans une région peu peuplée d’un pays développé, de bien répartir les migrants sur plusieurs îles inhabitées (d’Indonésie ou Philippines par exemple) acquises par la communauté internationale, dans un pays ayant une densité de population faible comme la Dominique ou sur une île érigée dans les eaux internationales. Vaste programme. Les conditions actuelles des migrants sont invivables selon lui. Il déclare : « Demandez donc à ces millions de réfugiés ce que cela fait de rester reclus 10, 20 ou 30 ans dans un camp de fortune dans l’attente d’une vie normale, de droits et d’un toit ».

Il est conscient que son projet peut paraître fou et qu’il serait compliqué de mettre en place une initiative comme cette « Refugee Nation ». Toutefois, ce dernier imagine déjà son fonctionnement, car cette nation sera «démocratique, pluraliste et majoritairement capitaliste ». Afin de promouvoir son initiative, le milliardaire a financé un site internet et s’est entouré d’une équipe de lobbyistes. Il a interpellé l’ONU, l’Union européenne et des pays comme les États-Unis qui, d’après lui, «consacrent énormément d’argent à cette problématique, mais sans aucun résultat ».

Il a également lancé un appel aux milliardaires du monde entier pour faire preuve de générosité. Le projet est estimé à plusieurs dizaines de milliards de dollars. Un crowndfunding select suffirait à financer ce projet pharaonique. Il rappelle qu’« il existe plus de 2 000 multimilliardaires sur terre. Et si seuls 10 % d’entre eux y participaient, nous pourrions y arriver ». Pour lui, l’exemple d’Israël est la preuve vivante que son plan peut voir le jour. Il affirme que « cet État avait été fondé dans ce but, mais exclusivement pour les réfugiés juifs ».

Entre philanthropie et utopie, le projet « Refugee Nation » érige comme exemple l’État d’Israël qui ne fait pas la Une des médias pour la réussite de son vivre ensemble. Jason Buzi n’apprend pas des erreurs du passé et veut installer un système capitaliste qui est responsable de ces inégalités. La question ne réside pas dans le fait de trouver une île aux réfugiés, mais de se questionner s’il est normal que les cent personnes les plus riches du monde possèdent plus que les 3,5 milliards de personnes les plus pauvres. Les pays qui ne peuvent « accueillir toute la misère du monde » ont une grande responsabilité sur les situations économiques et politiques qui poussent des familles à risquer leurs vies dans des barques de fortune. Les réfugiés ne sont pas à la recherche d’une cité d’or, mais tout simplement de justice.

 

Mouâd Salhi