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Web 2.0 : Rien ne se perd, tout se récupère !

Depuis le succès des réseaux sociaux, nous vivons de véritables modifications au niveau de nos relations interpersonnelles. Il n’a jamais été aussi aisé de s’exposer publiquement en livrant des informations de plus en plus personnelles, et de mener, par là même, à une veille interpersonnelle en permanence. Mais à l’ère de Facebook et Twitter, y a-t-il encore une frontière entre la vie privée et la vie publique ? Quel est le juste équilibre à trouver entre sécurité et vie privée ?

Depuis sa création, Internet ne cesse de prendre de l’ampleur jusqu’à occuper, aujourd’hui, une immense place dans notre quotidien. Les médias, les technologies de l’information et de la communication endossent un rôle majeur au sein de notre vie. Les heures passées en ligne ne cessent de se multiplier pour ces internautes que nous sommes. C’est, en effet, devenu un média de référence et le phénomène s’amplifie avec le développement de l’Internet mobile. La toile est un espace fascinant, ludique, mais aussi un espace de tentation et donc un espace à risques dans lequel il est facile de pénétrer en un simple clic. Avec l’émergence de sites tels que Facebook, Twitter ou encore YouTube, cela nous a permis de devenir à notre tour des créateurs de contenu, principe fondateur de ce web participatif, que l’on surnomme le Web 2.0.

Ce monde virtuel est, désormais, devenu pour nous une véritable mine d’opportunités, nous facilitant la vie au quotidien. Nombreuses sont les activités auxquelles nous prenons part : dialoguer, jouer, créer des blogs, partager des vidéos, poster des photos, écouter de la musique, sans oublier les forums et les jeux en ligne. Toutefois, face à cette multitude de possibilités, les pièges ne manquent pas et amènent par là même une contrepartie : la mise en péril de notre vie privée.

La conception de la vie privée tend même à se transformer comme le souligne bien André Vitalis : « la vie privée telle qu’elle était conçue traditionnellement apparaît plus comme un enfermement que comme une liberté ». Alors, qu’hier, elle fût considérée comme une protection, voilà qu’aujourd’hui elle apparait davantage comme une contrainte. En effet, l’article 12 de la Déclaration universelle des droits de l’homme est pourtant très explicite : « nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes ».

La capacité d’interagir et de communiquer avec les autres est un des grands attraits qu’Internet exerce sur les internautes. Cependant, nous tendons à oublier les risques que cela peut engendrer et les dangers qui nous guettent sans cesse. Du programme américain de surveillance électronique PRISM aux messages de haine sur les réseaux sociaux, sans oublier les spam ou autres courriels, la désinformation, les prédateurs…bref, les cybermenaces sont menottées à notre quotidien. Nous sommes de plus en plus habitués à voir nos faits et gestes enregistrés et à vivre constamment surveillés.

Ceci a été remis au goût du jour depuis les révélations faites par le lanceur d’alerte ou encore le « whistleblower », Edward Snowden – l’ancien employé de la CIA et de la NSA. Rappelez- vous, ce dernier a rendu publique des informations jusqu’à là secrètes sur les écoutes du gouvernement américain. Le Washington Post et le quotidien britannique The Guardian ont révélé que le renseignement américain récoltait les relevés téléphoniques aux États-Unis, mais surtout qu’il aurait accès aux serveurs des grands groupes informatiques comme Google et Facebook.

Qui vous observe ?

Mais voilà qu’à la suite des révélations sur la collecte des métadonnées téléphoniques, sur la récupération des SMS ou encore la surveillance des plateformes de jeux en ligne, de nouvelles révélations ont été faites, ce lundi 27 janvier, par le New York Times sur la portée des activités de surveillance de la NSA. La NSA et son homologue britannique du GCHQ – les Government Communications Headquarters – collectent des données sur les utilisateurs d’applications smartphone, que ce soit Facebook, Google Maps ou encore Angry Birds, l’un des plus grands succès du jeu vidéo sur mobile avec plus d’un milliard et demi de téléchargements. Les agences de renseignements s’intéressent particulièrement aux données de géolocalisation, au carnet d’adresses, à l’âge et au sexe des utilisateurs, aux sites internet visités, entre autres.

Ainsi, le développement de l’espace numérique s’accompagne irréversiblement de multiples dangers. Les outils nous permettant de communiquer et d’échanger de l’information évoluent et avec ceux-ci apparaissent des phénomènes nouveaux qui ne cessent de se complexifier, telle la cybercriminalité, qui menace la sécurité de l’information. George Orwell disait il y a quelques dizaines d’années : « nous voilà plongés dans l’ère de la surveillance diffuse et des intrusions silencieuses. Y a-t-il encore un endroit où l’on puisse aller sans se faire repérer ? ». Le web 2.0 est, certes, rapidement devenu une révolution technologique, mais n’oublions pas qu’il a fait apparaitre un certain paradoxe : chacun en est à la fois l’acteur consentant et la victime potentielle.

Chaïmae Ouaret