Roxy Rose est à l’honneur sur Alohanews. Vous souhaitez découvrir ou en savoir plus sur une artiste qui mélange hip-hop, soul et tout cela parsemé d’un grain de voix aussi jazzy que suave ? Nul besoin d’aller bien loin : notre jeune chanteuse bruxelloise incarne cette tendance à la perfection. C’est sur son EP « Roses&Mars », sorti en 2015, que ces subtilités d’inspirations se ressentent. Morceau de son journal intime, elle nous parle d’amour et de sa vision de la musique. En attendant la sortie de son prochain EP, ses chansons nous bercent, nous touchent et nous captent dans sa fameuse « zone ». Rencontre.
Bonjour Roxy Rose. Parle-nous de toi.
Je m’appelle Roxanne alias Roxy Rose et j’ai 27 ans. Je me définis comme une femme multifonctions et surtout comme une boite à idées. Chanter n’a pas été un choix au départ. On peut dire que c’est ma maman qui a « senti le truc » en m’inscrivant à la chorale dès l’âge de 4 ans. Depuis j’ai décidé d’aller plus loin dans la musique tout en associant la photographie et pleine d’autres choses.
On peut dire que tes titres sont en quelque sorte des morceaux de ton journal intime. La musique, une thérapie personnelle ou un partage avec l’autre ?
Au départ, c’est clairement thérapeutique ! Mon bloc de feuilles a toujours été mon ami. A chaque fois qu’il m’arrivait quelque chose de marquant, je m’empressais d’aller le poser sur papier. C’est comme quand on t’embête à l’école par exemple et que tu dis « je vais le dire à madame » : moi c’était plutôt « je vais le dire à ma feuille » (rires). Aujourd’hui, je suis dans la phase où je veux réellement ouvrir ma musique à autrui, mais l’écriture gardera toujours son côté thérapeutique.
Tu parles beaucoup d’amour dans tes chansons. Souvent avec une certaine résilience et un certain réalisme. Est-ce le mal du siècle ?
Accumuler les relations éphémères et difficiles gâche l’idée de l’Amour. Le mal du siècle selon moi, c’est qu’on adule l’éphémère. La spontanéité remplacée par l’envie de consommation. Les gens veulent ressentir fort et rapidement. La passion ne dure qu’un temps et c’est ça le problème.
Dans ton morceau « Jamais », tu déclares « On ne prend jamais le temps de réfléchir à ce qu’on voudrait à l’avenir ». Que veux-tu dire par là ?
Pour y voir encore plus clair, je pense qu’il faut écouter la phrase suivante : « instant présent face au futur qu’on ne veut pas ». J’exprime le fait qu’on ne vit que l’instant présent. Qu’on est ensemble depuis un moment, mais qu’on ne prend pas le temps de se poser, de discuter sur ce qui nous plairait bien dans une semaine ou dans un mois.
Nous sommes effrayés de dévoiler nos projections. On ne cherche pas à savoir si on est vraiment fait l’un pour l’autre. On suit juste nos émotions et sentiments. Et au fur et à mesure, on comprend que la relation n’aboutira pas, et que c’est une relation passagère. J’appelle ça « l’amour passion ».
Quel est le morceau qui représente ta plus grande fierté et pourquoi ?
Le titre « Papa », car j’ai été honnête envers moi même. En dehors de la vie artistique, je n’ai pas pour habitude de parler de mes sentiments spontanément. La relation avec mon père a toujours été un sujet sensible. Je n’arrivais même pas à l’aborder avec ma mère, qui d’ailleurs a été très surprise. Cette chanson est comme une pure libération.
Tu fais partie de celle qui ose la « soul » à la française, mais qui n’a aucun complexe à surfer avec la langue anglaise. Où te sens-tu le plus à l’aise ?
Honnêtement pour les vibes, j’aime les sonorités anglophones. En anglais, il y a beaucoup plus de mots monosyllabiques et de potentiel de flow à exploiter en impro. Par contre, pour l’écriture, la richesse du vocabulaire, la beauté du texte, du sens et de l’histoire, je suis plus à l’aise en français. Toutefois, j’avoue que mes meilleures rythmiques se font en anglais.
Que penses-tu du milieu artistique belge et des possibilités qui sont offertes à l’artiste pour évoluer ?
Cette fameuse question ! En soit, il y’a toujours moyen de trouver un gars qui a un home studio à côté de chez toi et qui fait des prods (rires). Tout est une question de connexions, mais je pense qu’il est important de bien s’entourer pour évoluer dans de bonnes conditions.
Du côté médiatique, les choses se mettent en place, mais il est important que l’information ne tourne pas autour des mêmes sujets ou des mêmes noms. Parfois je m’étonne du manque fond dans les critiques (autant de la part des structures existantes que des artistes). Notre ouverture d’esprit est notre force. Cependant, nous sommes capables d’atteindre un autre niveau d’ouverture en ne restant pas autour des mêmes filons. Il y a énormément de talent en Belgique et nous n’avons rien a envier aux autres pays !
Tu n’es pas juste chanteuse, mais tu pratiques aussi la photographie et mets en scène tes propres vidéos. Tu arrives à gérer tout ça en même temps ?
J’avoue que cela est épuisant. J’ai toujours plein d’idées qui fusent dans ma tête. Ouais je suis une femme multifonctions, j’vous dis (rires). Le moment le plus stressant, c’est lorsque tes deux projets te demandent une grande attention en même temps.
Pourtant, c’est une joie d’avoir la chance d’exploiter différents talents et de les croiser ; notamment dans les réalisations visuelles de mon second EP. Cela demande une bonne organisation, mais j’ai décidé d’en faire ma force.
Quelles sont tes projections en terme musical ?
Devenir une superstar interplanétaire, embaucher mes anciens employeurs et crier « j’vous l’avais dit ou pas ? » (rires). Plus sérieusement, j’aimerai que ma musique n’ait plus de frontière et pouvoir voyager dans le monde entier pour chanter mes chansons. Aller à la rencontre de différents artistes, musiciens et explorer de nouvelles sonorités.
À court terme, je prépare une suite de live qui accompagnera la lancée de mon prochain EP qui se clôture tout doucement. Il y a également les prochaines sorties de featuring réalisés avec des amis et artistes que je soutiens. Bref, beaucoup de surprise et beaucoup de travail.
Propos recueillis par Bahija ABBOUZ
Pour découvrir Roxy Rose :
EP dispo sur YouTube