C’est à l’occasion de la sortie de son nouvel EP “ALT F4” que nous avons rencontré Swing dans un café ixellois. Le rappeur belge interprète de “Corbeaux” et membre du collectif Bruxellois “l’Or du Commun” s’est prêté à notre jeu de questions/réponses. Deux ans après la sortie de son premier projet en solo “Marabout”, Swing revient avec un EP de sept titres sur lesquels on retrouve le rappeur Nemir, ou encore la très en vue : Angèle.

Nouvel EP, deuxième projet en solo pour toi, est-ce que tu peux nous en parler un petit peu ?

Swing : C’est un EP sept titres que j’ai fait courant de l’année 2019 , il est sorti le 7/02, plus ou moins deux ans après Marabout.

“J’pense au jour où je quitterai la capitale, la conscience propre et les habits sales” C’est un peu ça le concept d’ALT F4, fermer une page ?

Swing : Oui c’est un peu ça, après c’est très large je cherchais un thème qui illustrait bien la complexité du projet, donc il n’y a pas vraiment d’explication simple. Je voulais un titre qui veut dire quelque chose, mais aussi son contraire. Là en l’occurrence ALT F4 qui est le raccourci pour fermer une fenêtre, mais qui sous-entend aussi le fait d’en ouvrir une autre plus belle, meilleure.

Sur ce projet tu proposes une atmosphère très musicale, mélodieuse, comment tu l’as pensé, comment tu l’as travaillé ?

Swing : J’ai essayé de me concentrer sur l’envie, et j’ai rencontré pas mal de gens depuis “Marabout”, j’avais envie de travailler avec eux et ce projet c’était la bonne excuse quelque part. Pour sept titres il y a sept compositeurs/Beatmakers. Certains viennent de Bruxelles, d’autres de Paris. Certains que je connaissais d’avant d’autres que j’ai rencontrés sur le moment. Ce projet était le meilleur moyen de faire un cliché de l’artiste que je suis à l’heure actuelle (ALT F4).

Il y a sept beatmakers différents sur ALT F4, mais on ne retrouve pas le Motel, tu avais envie de découvrir d’autres atmosphères ?

Swing : Le Motel, c’est quelqu’un que je vois régulièrement, on s’est vu plusieurs fois pour faire du son, mais ça n’a pas conduit à quelque chose. Ma démarche est assez spontanée, et on a pas non plus cherché à faire un morceau ensemble absolument, mais c’est quelqu’un avec qui je vais retravailler c’est sûr et certain.

 

Pour ce projet tu as déjà sorti deux clips et deux lyrics vidéos, on ressent une identité visuelle très forte. C’était une volonté de ta part ?

Swing : Pour moi ça fait partie du travail d’un artiste de mettre en image sa musique, d’apporter une autre lecture. C’est un des points forts de la musique que je fais. Elle est assez imagée et donne spontanément envie d’y apposer des images fortes.

Tu parlais de “S’en aller” avec Angèle, est-ce que tu peux nous dire comment cette collaboration a vu le jour ?

Swing : Ça vient de moi, c’est en sortant du studio, j’avais fait le refrain et je ne sais pas pourquoi, j’imaginais bien une voix féminine dessus. Étant donné qu’on se connaît, ça semblait naturel pour moi, ce n’était pas quelque chose de forcé. Musicalement je voyais sa voix dessus. Au final je lui ai simplement envoyé un message. Elle a bien kiffé le morceau et elle a eu la gentillesse de venir enregistrer un couplet.

 

Dans le titre “N.” tu abordes les sujets du racisme et de la xénophobie, toi qui est d’origine rwandaise est-ce que c’est quelque chose que tu as déjà vécu, qui t’as impacté dans ta construction en tant qu’homme ?

Swing : Oui je pense que ça impacte toute personne issue de la différence. Après “différence c’est un mot qui est très large ce n’est pas uniquement une question de couleur, ça peut être aussi une question d’orientation sexuelle…c’est très large. Chacun le vit à sa manière, en l’occurrence là j’ai puisé dans des choses que j’ai vécues.

“C’est dans la nuance que tu trouves la beauté de la vie”

Avant de te lancer dans le rap, tu étudiais à l’ULB, tu peux nous dire ce que tu faisais là bas ?

Swing : J’ai fait pas mal de trucs, de la géo, de la bio et j’ai terminé en faisant des sciences biomédicales, j’ai fini ces études-là il y a un petit temps déjà.

Et comment ça c’est passé la transition entre études et musique ?

Swing : Ah c’était bizarre ! La dernière année c’était des stages, dans des hôpitaux, je le faisais parce que je me disais que ce serait dommage de ne pas finir. Mais on te demande une forte implication, ce qui est normal surtout dans le milieu hospitalier, c’est un milieu dur, on parle de vies humaines. Il faut une certaine rigueur et je sentais que j’étais un peu à côté de mes pompes. Ça ne pouvait pas être un job alimentaire, c’est le genre de travail que l’on doit faire quand on est pleinement passionné sans quoi ça peut être mauvais pour ta santé mentale. La chance que j’ai eu c’est que, quand j’ai fini mes études, Roméo Elvis m’a proposé de le suivre en tant que backeur sur la tournée Morale 2 .

 

Pour conclure, tu peux nous parler de la suite de tes projets…

Swing : Alors là pas mal de concerts, une mini-tournée en mars, des petits concerts en France et des festivals qui devraient bientôt arriver.

Un peu de nouveau avec l’Or du Commun ?

Swing : On est en studio, il y a des trucs en préparation, mais je ne peux pas encore donner de dates. On espère que ce sera pour 2020. En parallèle je vais reprendre le studio tout seul parce que je sens que je suis dans le bon mood et je n’ai pas envie d’attendre deux ans avant de ressortir un projet solo.

Après ALT F4 tu vas revenir avec CTRL N (ouvrir une nouvelle fenêtre)?

Swing : J’avais pensé à F5 pour rafraîchir ! Avec que des sons de plage (rires).

Propos recueillis par Antoine Ollé