TheColorGrey est un artiste anversois multiforme. Will Michiels, de son vrai nom, est à la frontière entre plusieurs styles et cherche toujours à en explorer davantage : le rap et le Rnb sont ses influences premières mais il s’ouvre aussi à d’autres couleurs musicales comme la soul ou la funk. Nous l’avons rencontré pour discuter de son identité musicale et de son nouvel EP « For what It’s Worth » sorti fin mars.

En quoi cet EP est différent de ton album Rebelation sorti en 2017 ?

J’ai fait plus d’expérimentations musicales. Il y a un titre qui s’appelle « You got to show me » qui s’inspire de la pop des années 80 et c’est quelque chose que je n’avais jamais fait. Tout comme « The Thirst » qui est un son house/funk. Je voulais faire ces morceaux maintenant pour voir si ça pouvait plaire aux gens.

 

Dans le visuel, on sent une recherche d’originalité très anglo-saxonne, c’est volontaire ?

Tout ce que j’écoute vient des États-Unis et je m’identifie beaucoup à ces artistes là. En ce moment j’écoute des musiques à l’ancienne : beaucoup de Prince, D’Angelo ou Otis Redding. J’ai envie de faire quelque chose dans cette lignée pour mon prochain album donc je vais enclencher un petit retour en arrière pour le moment. Au niveau de mes productions, il y aura moins de rythmiques trap, ça va être plus « life » et c’est pour ça que j’écoute ces artistes.

TheColorGrey, rappeur aux multiples facettes

Est-ce que tu trouves qu’il y une école de rap à Anvers ?

Non, pas vraiment. A Anvers, il y a des gars qui rappent en néerlandais, d’autres en anglais comme moi. Donc ce n’est pas comme ici à Bruxelles où tout le monde rappe en français. On est encore loin du statut qu’ont les rappeurs à Bruxelles. Mon sentiment c’est que Bruxelles est une sorte d’extension de Paris et de la France. Anvers c’est vraiment quelque chose à part. Même ceux qui chantent en néerlandais ont des difficultés pour réussir en Hollande.

Dans « Comme il faut » sur ton précèdent album, tu dis « Seen a lot of people in the city bury dreams, And my biggest fear is to become one of them ». Quels sont tes rêves ?

C’est une phrase par rapport à la musique. Il y a beaucoup d’anciens à Anvers qui voulaient réussir dans la musique mais ne l’ont pas fait, soit car ils n’avaient pas la mentalité, à cause de la drogue ou diverses raisons. Il n’y a pas eu d’artistes de la ville à prendre en exemple. A un moment, j’ai eu peur de passer moi aussi à côté d’une carrière. Mais je suis toujours là et je bosse encore, même si il y a des mois où je souffre et où ce n’est pas facile.

 

Tant pis si je perds des fans à cause de mes expérimentations, je vais toujours faire ce que je veux

D’où te viens cette volonté de faire les choses différemment et indépendamment des tendances ?

C’est assez personnel. Je suis têtu donc je n’évolue pas dans l’industrie musicale comme tout le monde aimerait. Je fais ma propre musique et je garde toujours ma fierté. Je n’ai pas envie qu’on me dicte quoi faire pour arriver à une certaine notoriété. Je préfère prendre un autre chemin qui va être plus long mais qui me correspond plus.

Tu penses qu’aujourd’hui il y a de la place pour des artistes voulant se créer une identité propre ?

Oui, j’aimerais bien « éduquer » mes fans. Aujourd’hui à la radio, il n’y a qu’un type de rap : Migos et Future. Je kiffe ça mais il y aussi beaucoup d’autres choses que j’aime et c’est ces choses là que j’ai envie de mettre en avant dans ma musique. Tant pis si je perds des fans à cause de mes expérimentations, je vais toujours faire ce que je veux.

C’est quoi la suite ?

Je vais peut-être sortir un EP de 5 titres en fin d’année. Puis j’enchaînerai sur mon deuxième album pour lequel je vais beaucoup travailler avec mon live band et revenir « back to the roots ». Au niveau des paroles, je vais également monter d’un cran.

Propos recueillis par Simon Virot