A l’occasion de son concert au Botanique samedi dernier, nous avons pu nous entretenir avec Aloïse Sauvage. Artiste polymorphe au parcours atypique, la jeune femme de 26 ans mène avec brio deux carrières professionnelles, l’une d’actrice, et l’autre de musicienne.

C’est à l’hôtel Bloom, à deux pas du Botanique où elle se produira le lendemain de notre entretien que nous retrouvons Aloïse Sauvage. Toute de vert vêtue, c’est dans un ensemble de survêtement décontracté que nous accueille celle qui désormais affole les tapis rouges et les plateformes de téléchargement. Depuis son premier clip, Higher Ailleurs publié sur YouTube le 12 septembre 2017, et qui compte plus de 200 000 vues, l’ascension semble fulgurante. “Ça me fait marrer qu’on me parle tout le temps de ce clip, parce qu’il faut savoir que je l’ai fait en vingt minutes dans une piscine avec des retraités autour et mon meilleur ami derrière la caméra “ en rigole l’artiste. A la base je faisais juste ça pour moi, je voulais présenter ça et voir ce que ça allait donner” ajoute Aloïse.

L’euphorie d’une progression en accéléré a été remplacée par des questions qui paraissent existentielles dans la vie d’artiste, comme celles concernant le futur de la jeune chanteuse, ou encore le rapport avec une célébrité naissante. “Ce sont des questions que je me pose tout juste, je sais juste que j’espère vendre des disques, et proposer un vrai show” confirme la jeune femme originaire de Seine-et-Marne, en banlieue parisienne. “Je suis un caméléon, très adaptable. Et puis le fait d’être dans différents mondes permet de rester soi”.

 

Car Aloïse Sauvage (de son vrai nom) c’est aussi ça : une polyvalence extraordinaire qui lui permet de mener avec succès une carrière d’actrice en parallèle d’une activité musicale, débutée il y a un an et demi. Et ces deux occupations auraient même pu être trois, car Aloïse a de base une formation de circassienne, elle est passée par la prestigieuse académie Fratellini. Celle qui a joué dans 120 battements par minute de Robin Campillo (six fois lauréat aux Césars 2018 et vainqueur du grand prix du festival de Cannes 2017) a cependant dû ralentir la cadence, à son plus grand dam. Elle n’envisage pas pour autant d’arrêter un des deux métiers pour se concentrer sur l’autre. “J’ai envie que ça perdure, même si c’est assez compliqué à gérer. Il n’y a que quand je fais plusieurs choses que je me sens moi-même”.

J’ai envie que ma musique serve mon propos

Comme acte de naissance, Aloïse a livré au monde de la musique un très bon EP de cinq titres, “Jimy”, sorti le 29 mars dernier. “Je voulais sortir un petit projet, montrer que c’était une naissance et le début” confirme l’artiste. Cet EP traite principalement de sujets d’amours, comme dans les morceaux À l’horizontale, ou encore le morceau éponyme Jimy. Dans l’entourage d’Aloïse, on retrouve le producteur et compositeur Josh Rosinet, à l’origine du tube de DossehHabitué”, ou encore le beatmaker Le Motif, qui a notamment travaillé avec Booba, Niska, Shay, etc. “J’ai contacté Le Motif, parce que je savais ce qu’il avait fait, et puis il m’a fait rencontrer Josh. J’avais envie d’avoir un regard extérieur sur ce que je fais de la part d’un professionnel”.

 

L’arrivée de tous ces aguerris du milieu dans l’entourage d’Aloïse a concrétisé l’éclosion de cette dernière, avec l’apparition de visuels bien léchés. Pour elle, ce n’est que le début : “Ce ne sont que les prémices de ce que je veux faire par la suite, en plus grand, avec des moyens. Pour le moment l’image est assez simple, car j’ai envie qu’on regarde l’essentiel”. Ce n’est pas la première fois qu’Aloïse collabore avec des artistes de ce milieu : elle avait déjà fait les premières parties d’Eddy de Pretto et d’Ibeyi, avec qui elle a joué à l’Olympia. “Faire les premières parties c’est génial, j’ai adoré. Les gens ne te connaissent pas et tu as une demi-heure pour les accrocher”. Cependant, la jeune femme n’a pas encore de featuring à son actif : “l’occasion ne s’est pas encore présentée” explique-t-elle.

L’idée d’Aloïse avec sa musique reste la même malgré tout, et ce depuis toujours : “j’ai envie que la musique serve mon propos”. La jeune artiste fraîchement signée chez Initial (un label du groupe Universal, qui regroupe entre autres Eddy de Pretto, Clara Luciani, Angèle ou encore Lorenzo) a désormais en ligne de mire sa tournée d’été (elle est programmée pour Dour en juillet prochain) et un album “qui ne sortira pas avant 2020”, en attendant la sortie de deux films dans lesquels elle joue. Pour une circassienne de vocation, jongler entre deux métiers sonnerait tous comptes faits comme une évidence.

Léopold Court