Les rappeurs US apprécient la France. La raffinement, la culture et le patrimoine français sont prisés par les rappeurs américains qui n’hésitent pas à traverser l’océan Atlantique pour clipper leurs morceaux. Lil Uzi Vert, rappeur de 23 ans, vient de sortir son dernier clip en date intitulé « XO Tour Llif3 », tourné à Paris.


Le rappeur originaire de Philadelphie chante ses cimes du désespoir. La dépression du morceau – issu de la mixtape « Luv is Rage 2 » est, par ailleurs, illustrée en images. Zombies, sang à foison, regards vides, rues mal éclairées et sourires à l’envers sont les composantes du clip. The Weeknd figure aussi sur la « fresque vidéo ». Réalisé par le fashion designer Virgil Abloh, il faut dire que le résultat est à la fois déroutant et réussi. Le fondateur de Off-white, marque de vêtements à mi-chemin entre le luxe et l’urbain, offre aussi son talent à Kanye West en tant que directeur créatif. Checkez ça :  

 

Un détail du clip titille l’œil : des sous-titres en arabe en bas de la vidéo qui ne correspondent pas aux paroles de la chanson. La revue culturelle The Fader a mené sa petite enquête. Selon le média, l’équipe de Virgil Abloh a fait appel à des interprètes pour traduire les paroles du titre en langue arabe. Finalement, ils auraient volontairement renoncé à faire appel à des spécialistes. Dans un mail dont détiendrait le magazine, Alvin Sonic, le co-directeur vidéo du projet a été averti que ce n’était pas la traduction des paroles, mais un amas de lettres sans significations. Ce dernier aurait répondu qu’il aimait et validait cette version.

The Fader fustige la paresse d’Abloh et de toute l’équipe vidéo. Sachant que le crew d’Abloh était fermement soutenu par le label, il avait donc largement les moyens de payer pour une traduction correcte. Avant d’ajouter qu’au-delà de cette mollesse, les réalisateurs ont déconsidéré la langue arabe, un irrespect d’une des langues les plus anciennes au monde parlées par plus de 400 millions d’individus dans le monde.

Voici un exemple de traduction :

Ce qui donne : 

Source : The Fader

En mai dernier, le rappeur français Jok’Air sortait son clip « Big Daddy Joke », dans lequel défilaient des sous-titres en différentes langues, dont en arabe. Pour cet exercice, par contre, l’artiste français a décidé de traduire les paroles de sa chanson en bonne et due forme.

 

La liberté artistique est un point fondamental dans la démarche des rappeurs. Cependant, The Fader souligne un point important : est-ce qu’un artiste peut déprécier une langue juste pour la hype ? À noter que sur les réseaux sociaux, certains internautes ont été de leur spéculation. Lil Uzi Vert aurait inversé les lettres pour faire de la magie noire, qu’il aurait pactisé avec le diable…ou simplement confié la réalisation du clip à des mecs qui avaient une flemme à un moment donné.

Nikita Imambajev