Par ses références italiennes et son amour pour Marseille, AM La Scampia nous fait voyager à travers son premier projet “Triste fête” composé de 14 morceaux. La confection de l’album, sa relation avec Lacrim, son feat avec Le Rat Luciano : rencontre.

Triste fête, c’est ton premier projet. Comment le décrirais-tu ?

C’est mon premier projet, j’en suis fier. Ça fait plus de 13 ans que je fais de la musique. je suis de la génération Jul, Naps…Je les croisais dans les fêtes de quartier à Marseille à l’époque. Je n’ai jamais sorti d’EP, de mixtape. J’apparais seulement dans les projets d’autres artistes tels que Lacrim, Naps, Kamikaz ainsi que sur des projets internationaux, avec des Allemands, des Marocains aussi… Je suis super fier de ce projet. C’est un aboutissement. 

L’album s’appelle “ Triste fête” dans lequel on retrouve un feat avec Le Rat Luciano, ce sont des instrus qu’on pourrait dire “ festive” mais les propos ne le sont pas forcément…

Le son avec Le Rat, c’est lui qui a composé la prod. La prod c’était du rap classique, mais dans les pistes, il y avait 7 façons différentes de tourner la prod. Il faut savoir que Le Rat Luciano explore énormément tous les plugs, il écoute tous les instruments. 
 

 
“ Triste fête”, c’est un ressenti paradoxal que j’ai : c’est le sourire que j’ai voulu communiquer dans ce projet. La mélancolie se ressent dans les paroles, il y’a des paroles dures, des paroles crues, des anecdotes qui peuvent être similaires à ce que vivent beaucoup de monde.

“ Triste fête” c’est à l’image de ma vie, de ma carrière : j’ai eu de la malchance sur certaines choses, ce n’est pas grave, demain tout repars avec le sourire. Il y’a des choses bien plus grave dans la vie, c’est ça que j’essaie de communiquer dans cet album.

Tu dis que le feat avec Le Rat Luciano, l’instru de départ était plus rap boombap. Aujourd’hui , il y’a une nouvelle forme dans le rap qui ne se faisait pas forcément d’antan : rapper des textes tristes sur des instrus « festives ».

J’ai vécu cette génération durant laquelle certains artistes qui avaient peur d’assumer leur côté “ soleil”, “festif”. Après, on a eu des artistes comme Stromae, Orelsan, qui ont réussi à ramener ça. Le paradoxe vient d’eux. Au jour d’aujourd’hui, la musique urbaine a pris la place de la variété. On est la musique numéro 1 en France. Les gens ont envie de danser, ce qu’on a vécu ces dernières années, c’est incroyable. Personne n’a jamais vécu ça, même pas nos grands parents. Les gens ont envie de danser mais ils sont toujours dans une certaine mélancolie. 

Tu étais signé chez Plata O plomo à l’époque, sur le label de Lacrim. Sur cet album, tu as un feat avec le concerne sur le titre “Mon reufton”, on se dit que la relation n’a pas bougé…

Le morceau “ Mon reufton” date d’il y’a 5 ans déjà. C’est un morceau très sincère. Il est à l’image de la relation que j’ai avec Lacrim. C’est quelqu’un qui m’a toujours épaulé, c’est lui qui a mis la lumière sur moi. Il m’a épaulé dans mon envol, dans la création de ma structure. Il sait que je suis autodidacte donc il me soutient. On avait dans l’idée de refaire un son, comme le morceau date de 5 ans, on l’a réécouté ensemble, on s’est regardé sans un mot, on s’est compris. Ce morceau est irremplaçable. ll touche Lacrim et moi particulièrement, et il touche beaucoup de monde aussi. C’est un son reggaeton, coloré mais les paroles sont crues. C’est du storytelling.
 

 
Dans “ Gamin en or” tu dis : “c’est bizarre, il n’y a plus que la daronne en vrai qui m’appelle Amine”. Quand est-ce qu’il vit réellement Amine ?

Il essaie de se battre, il essaie de faire face à tous les problèmes, de se concentrer sur son objectif car il a perdu beaucoup de temps. Je te parle objectivement, je te dis “ il”. Il a perdu énormément de temps à se concentrer sur ce qui n’était pas essentiel. Quand je dis dans le morceau : “ il n’y’a plus que la daronne qui m’appelle Amine”, c’est réel. Des fois, il y’a des potes à moi qui m’appellent AM, je les regarde bizarrement en rigolant…

Amine devient AM face aux situations, il y’a un changement psychologique qui s’opère. Par exemple, et ça ça me vexe, quelqu’un qui me croise et qui me demande : “Est ce que tu fais de l’argent? ». Automatiquement, je réponds : “et tes enfants comment vont-ils ? “. Ca m’affecte parfois, on reste humain. Etre artiste, c’est un travail.

Dans le projet, il y’a beaucoup de références aux figures italiennes. Est-ce que Marseille, c’est un peu les Italiens de France ?

Marseille c’est à 2h et demi de la frontière italienne. Dans le cas de Naples, c’est une ville très similaire à Marseille, dans la mentalité, dans la culture, dans l’humanité…

J’ai conçu l’album entre Paris, Naples et Marseille. L’opus a été boucle à Naples et mixé à Marseille. Les mix je les ai fait à Marseille. 

Quelque chose à rajouter ?

Super fier de ce projet, même dans 10 ans je vais être content de l’écouter parce que j’ai fait ce que j’aimais. Je suis allé au bout des choses ! 

Propos recueillis par Lucy Castry