Festival de musique éclectique réunissant près de 250 000 personnes par édition, c’est du 13 au 17 juillet que le tant convoité Festival de Dour annonce son retour. Afin d’assurer à sa communauté le plus grand des accueils, le festival compte bien proposer de nombreuses nouveautés comme l’inédit Dour Camp Fest ou l’apparition de nouvelles scènes. A l’occasion de la résurrection de l’événement, Mathieu Fonzny, un des directeurs artistiques du festival, nous a parlé des objectifs et des moyens mis en place pour fêter au mieux le retour des festivals.

Ces deux dernières années, le festival de Dour a dû fermer ses portes. On se demande, alors, ce qu’est devenu Dour depuis cette pandémie ?

C’est notre communauté qui est au centre de tout. Les gens qui viennent y passer 5 jours sont là pour partager, pour socialiser, pour découvrir et pour passer du temps sur le camping. Ce qui est difficile, c’est que Dour c’est bien plus qu’un événement rassemblant des artistes, c’est une manière alternative de voir les choses. Alors, quand il y a eu cette pause des rassemblements, les festivaliers nous ont manqué. Cette ambiance, cette énergie, c’était difficile de s’en passer. Quand on nous a dit qu’il était possible de réaliser une version réduite du festival, cela a été dur de concevoir puisque nous sommes habitués à recevoir près de 50 000 personnes par jour tandis que la formule proposée limitait notre capacité à 5000. Cette version nous semblait irréaliste puisqu’elle ne nous permettait pas de couvrir les coûts fixes du montage. Pour d’autres festivals, c’était quelque chose d’envisageable, ils ont réussi à trouver des manières alternatives de proposer un événement. Quant à nous, il a été décidé de ne rien organiser. Cela a été très dur à accepter.

Remonter la pente pour viser plus haut…  

Maintenant, nous sommes de retour. Nous nous sommes demandé ce qu’on pouvait offrir comme cadeau à cette communauté de festivaliers qui se retrouvent. Nous avons pensé à différentes pistes : s’offrir une immense tête d’affiche, ou ajouter une nouvelle scène. On s’est donc dit que la particularité de Dour a toujours été ses festivaliers. On a donc voulu leur donner la possibilité de venir s’installer sur le camping afin de profiter et de préparer, au mieux, leur expérience du festival. C’est pourquoi nous avons imaginé le Dour Camp Fest, sorte d’échauffement qui commence 2 jours avant le festival. Sur ce Camp Fest, il y aura de nombreux soundsystem ainsi que diverses activités. On peut donc dire que, cette année, Dour ne va pas durer 5 jours mais 7.

Qui dit “édition XXL” dit plus d’artistes ?

Oui. Du mercredi au dimanche, on dénombre environ 250 artistes présents du mercredi au dimanche. Si on compte les artistes présents durant le Camp Fest, on arrive sûrement à avoisiner les 300 invités. Notre idée était de réunir des collectifs comme le label Maloka de Le Motel, les Sœurs Malsaines ou la Nature Festival de Liège. On leur a proposé de venir et d’amener leur plateau. Ces collectifs seront invités à venir sur les différents sound system présents durant le Camp Fest. Donc, effectivement, cela grossit encore plus l’offre en termes d’artistes présents sur le festival.

La pandémie a-t-elle apporté quelque chose de nouveau ? 

Non, je ne pense pas. Elle nous a principalement emmerdés. On ne va pas se mentir, c’était quand même dur. Tu sais, nous voyageons toute l’année pour tenter de découvrir de nouveaux groupes à inviter à Dour et à présenter aux festivaliers. Quand, pendant deux ans, il nous était impossible d’organiser le festival afin de proposer nos découvertes à la communauté, une partie du lien qui nous unit aux festivaliers s’en est allée. Alors oui, la pandémie nous a permis de créer cet esprit du Camp Fest, cependant cela a vraiment été une période triste pour nous.

Y a-t-il eu des changements dans l’organisation ? 

Oui, cette grande nouveauté du Camp Fest est arrivée. On a aussi ajouté une nouvelle scène appelée “La Chaufferie”. En fait, nous avons différentes scènes plus ou moins identifiables à des styles musicaux. Ces scènes sont également divisées en fonction du jour ou de la nuit. Pour ce qui est de notre plus grande scène, la “Last Arena”, il est possible d’y retrouver les plus grands concerts comme ceux d’Angèle, de Booba, de Vald, de Flume, etc… Ces concerts sont les moments rassembleurs du festival. A côté de cette grande scène, il y a plusieurs chapiteaux : “La Petite Maison dans la prairie” pour la musique plutôt indie, “La Boombox” pour le hip-hop, “Le Labo” pour les découvertes, “Le Dub Corner” pour la dub et puis il y a la “Balzaal”, notre énorme dancefloor en plein air consacré à la culture DJ. 

Nous nous sommes rendu compte, à propos de cette scène, qu’il y avait une réelle demande pour un espace dédié aux DJ. C’est pour cela que nous avons imaginé “La Chaufferie”, sorte de berghain dans lequel passeront les musiques les plus extrêmes comme du Casual Gabberz, ou encore le plateau organisé par Nyege Nyege, un festival ougandais pour lequel nous avions été invités à préparer une scène.

Une anecdote ou un challenge sur l’organisation de cette année à nous partager ? 

Ce qui est particulier avec la pandémie, c’est que beaucoup de nos collaborateurs ont changé de domaine. Je pense par exemple à des secteurs comme les barrières de toilettes. On a donc changé notre manière de travailler avec les fournisseurs. Il a fallu s’adapter aux nouvelles personnes gravitant autour de l’organisation et dire au revoir à ceux qui sont partis. Cette période a rendu la logistique encore plus compliquée. C’est la même chose pour tous les festivals. 

Une autre anecdote, c’est la manière dont le soutien autour du festival reste très ancré. De nombreux artistes ont continué à nous suivre. Je pense notamment à Carl Cox, à Amélie Lens et même à Angèle. Par exemple, Angèle était normalement bookée entre deux albums. Aujourd’hui, elle nous fait l’honneur de revenir alors qu’elle est au top de l’actualité et qu’elle aurait pu accepter d’autres festivals. Cette fidélité nous touche beaucoup. Même chose pour Amélie Lens et Carl Cox, des noms importants de la techno reviennent 2 ans après, alors que leur actualité a changé.

Propos recueillis par Lucy Castry

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