Les discriminations envers les personnes de couleur « noire » ne sont pas des faits divers, il s’agit d’une réalité qui s’exprime de différentes manières que l’on soit sur le continent américain, africain ou encore européen. Si cette thématique semble dépassée pour certains, plusieurs actualités internationales et nationales nous confirment le contraire. Il sera question d’en évoquer quelques-unes dans différentes régions du monde.

Racisme noir : un point commun entre plusieurs continents

Aux USA, ce sont les crimes policiers (de « blancs ») notamment envers de jeunes Américains « noirs » qui ont marqué les esprits au point que dans plusieurs séries américaines comme la récente série « Queen Sugar », l’on est arrivé à mettre en scène ces injustices que subissent ces populations. Le slogan et le mouvement « Black Lives Matter » exprime également cette perpétuelle menace qu’ont les familles issues de la diversité à perdre un membre de leur famille et sans que justice ne soit forcément faite. En effet, ce mouvement a vu le jour en 2012 après l’assassinat de l’adolescent Martin Trayvon par un surveillant bénévole de nuit qui « s’était méfié de lui à cause d’une série de braquages récents dans le quartier. (…) Trayvon Martin allait rendre visite à son père et ne portait pas d’arme », nous rapporte le journal Le Monde. Le meurtrier sera finalement acquitté, un soutien à la famille de Martin Trayvon avait été explicitement fait par l’ancien prédisent des USA, Barack Obama.

 

En Europe, nous nous sommes intéressés à la situation de la France et de la Belgique où les tensions et les discriminations sont aussi une réalité de terrain. En effet, une étude vient d’être publiée en Belgique par l’ONG « BePax Dialogue et Diversité » et qui constate à nouveau un racisme noir persistant. Ces derniers mettent en avant ceci : « Ces différents exemples de situations de racisme nous incitent à mettre deux aspects en avant. Premièrement, le racisme anti-noir repose avant tout sur du mépris, de la condescendance. Il ne s’agit pas de peur, de phobie, de haine. Mais plutôt de considérer le « Noir » comme quelqu’un de fondamentalement inférieur. (…) Deuxièmement, les manifestations de racisme ou de discrimination envers les personnes d’origine africaine semblent être fréquemment minimisées, relativisées. Et ce tant par les afrodescendants eux-mêmes que par le reste de la population ».

En France, plusieurs scandales en lien avec des personnes de couleur « noire » ont récemment mis en avant un racisme et des discriminations persistants sur le territoire des Droits de l’Homme : de Théo à Adama Traoré, les injustices se formulent par l’humiliation jusqu’à l’assassinat de jeunes suspectés à cause notamment d’une représentation négative de ces communautés. Il est aussi question d’abus de pouvoir. Le témoignage du jeune Théo, violé par les forces de l’ordre, en France est percutant. Lors d’une récente interview et malgré que les faits ont été reconnus par la justice, ce dernier explique que certains officiers se permettent d’alimenter encore cette injustice en le narguantLa reconnaissance n’est pas toujours présente ce qui a pour conséquence, comme aux USA, une mobilisation des citoyens, ainsi que des manifestations de ces communautés qui sont réalisées pour demander justice. Plusieurs artistes et mouvements ce sont créés en ce sens. Le Maghreb n’est pas une exception, plusieurs articles dénoncent des cas de discrimination et de racisme par les populations locales envers les citoyens d’origine subsaharienne notamment.

 

Capture d'écran du clip "Douleur ébène"
Capture d’écran du clip « Douleur ébène »

Ainsi, est-il étonnant que des artistes continuent à utiliser cette thématique dans leur travail ? Pas du tout. C’est le cas du rappeur français Kery James, que l’on ne présente plus et qui dans son dernier clip intitulé « Douleur ébène » -mis en scène par la talentueuse Leila Sy- aborde la question du racisme envers les personnes issues de la diversité. Dans le clip en question, nous pouvons admirer la pluralité des personnes de couleur « noire », mais aussi un mélange entre modernité et tradition exprimé artistiquement par une chorégraphie et des couleurs sublimes. Le texte exprimé en « je » permet de vivre humainement la dure réalité des « Noirs »: « Étranger, quoi que je fasse, je ne serai jamais à ma place, noire est ma couleur, et pas qu’en surface, je soigne une douleur, une autre la remplace. » ou encore « Douleur ébène, mon histoire est faite de couleur et peine ».

 

Aussi, aborder la thématique des conflits qui persistent sur ce continent, peu évoqué médiatiquement est également un aspect que l’artiste a voulu mettre en avant : « Vomi du pétrole, crache des diamants, pourquoi crois-tu que son sol, soit rougi par le sang ? ».

La problématique reste toujours la même et ce peu importe le continent : il est question de cesser d’essentialiser une communauté plurielle et diverse et aborder ces réalités avec humanité dans le but de faire changer les choses. C’est en tout cas, un travail que Leila Sy et Kery James ont dans ce clip réussi. À découvrir absolument.

Ikram BEN AISSA

Ecrivaine