Avec son style unique, Gutti incarne le renouveau de la scène belge. Après nous avoir fait découvrir son univers à travers sa série Gutti World, le rappeur bruxellois ouvre une nouvelle page de son livre avec son projet New State qui est disponible partout !

Dans le son « Very Bad Trip » qui est le premier morceau issu de ton projet New State tu dis la phase « Je mène une vie remplie de paradoxes je porte dans mon cœur des n*gros que j’ai unfollow ». Peux-tu expliquer cette phase ?

GUTTI : C’est une phase qui est très réelle avant tout ! Il y a des gens que je porte dans mon cœur, mais qui pour X ou Y raisons ne font plus partie de ma vie. Ça peut être d’anciens potes comme des membres de ma famille, je serais encore capable de les aider si jamais ils en avaient besoin, mais je ne les côtoie plus comme avant.

Peux-tu expliquer comment s’est faite ta connexion avec Cinco ?

La connexion s’est faite via Isha qui a des gars sur Paris. Isha avait contacté Cinco pour lui faire écouter mes morceaux et il a immédiatement validé donc on a fait un morceau ensemble sur Paris. On avait organisé la session la veille du départ pour Paris. La session commençait à minuit et le départ pour Paris était fixé à 9h du mat. On devait faire une partie du son, mais au final on est arrivé au studio et on a fait un autre son qui n’avait rien à voir avec le morceau que je devais faire avec Cinco. On s’est dit merde il est 7h du mat et on n’a toujours rien préparé pour Paris. On avait juste coffré une prod et on s’est dit on va à Paname avec la prod et on verra si Cinco valide ou pas. Mais au moment où on allait bouger, j’étais dans la voiture et d’un coup j’ai eu la mélodie du refrain. Du coup je suis vite retourné au studio pour poser mon refrain et après seulement on est parti à Paris. Heureusement Cinco a validé le refrain et on a posé chacun nos couplets.
 

 
Tu parles plusieurs fois des Migos comme dans Very Bad Trip avec la phase « Askip, j’ai le flow à Migo » et dans le morceau « 17 » ou tu dis : « Elle veut être ma Cardi et moi son Offset ». Est-ce qu’on te compare souvent à eux ?

Migos c’est la nouvelle ère du rap. J’ai 25 ans et j’ai connu Migos quand ils faisaient des 30 000 vues. Perso je me vois comme le 4e membre des Migos (rires). Personne ne croyait en eux et au final ils ont tout pété, je me reconnais bien là-dedans. De plus, je suis très bling bling et Migos c’est complètement ça. Avant; j’avais d’autres influences, mais depuis que Migos est arrivé dans le game, ma perception du rap a changé. Ils ont ramené un nouveau truc, leurs flows saccadés, tout le monde les ont imités par la suite. Perso les Migos m’influencent plus dans leurs manières de s’habiller plutôt que dans leurs façons de rapper.

Est-ce que tu penses que le moment où personne ne croit en toi est un passage obligatoire dans la carrière d’un artiste ?

Avant je t’aurais dit oui, mais avec le recul je dirais plutôt non. Il y a des artistes qui proposent des musiques très ouvertes et facilement acceptables par le public alors que d’autres proposent une musique très atypique et qui va mettre plus de temps avant d’être acceptée. Perso je me considère comme un rappeur de la deuxième catégorie, un peu comme Niska. Au début, personne ne savait que Niska deviendrait Monsieur Banger, et c’est à force d’envoyer tubes sur tubes qu’il s’est construit une renommée. La musique c’est un combat et je préfère me battre pour être accepté plutôt que de me fondre dans la masse pour être validé dès le début. 

 
Dans Gutti World 1 : J’ai senti une inspiration pour Dababy surtout au niveau du visuel ? Est-ce que Dababy figure dans tes inspirations ?

De base moi je suis déjà un mec second degré, mais je n’osais pas trop parce que je savais qu’à Bruxelles on avait une mentalité très fermée d’esprit. Puis quand j’ai vu Dababy tout péter aux States, je me suis dit en vérité j’ai rien à perdre et je me suis lancé. C’est un peu lui qui a ouvert les horizons. On n’arrête pas de me dire que je ressemble à Dababy, mais si je leur dis que ce n’est pas vrai, les gens ne vont pas me croire alors je dis oui pour leur faire plaisir (rires).

Est-ce que tu penses qu’avec ce second degré, on abolit les codes et les postures classiques de la rue ?

Quand je fais du second degré, je divertis, mais les gens qui me connaissent savent que c’est du divertissement et savent aussi qui je suis. Je n’ai rien à prouver. C’est du second degré, mais ça reste street. On est passé à autre chose, on est plus dans le style racaille, je grince les dents, tout ça (rires). On a évolué et je trouve ça bien.

Sur le morceau « Today » qui clôture ton projet, j’ai senti beaucoup d’émotions…

Ce morceau-là, je l’ai enregistré un jour où j’ai appris une nouvelle très spéciale. C’est le genre de nouvelle qui change ta vie. Ça tombait bien vu que j’étais au studio, j’ai eu besoin de m’exprimer donc je me suis défoulé. Ça résume mon passé, mon présent, c’est le morceau dans lequel je me livre le plus. Au début j’avais un peu honte de l’écouter puis quand j’ai vu que les gens étaient réceptifs, j’ai cessé d’avoir honte.

Propos recueillis par YG NOE