Né dans un petit village marocain près de Marrakech, Youssef Adkim débarque en France à l’âge de six ans grâce au regroupement familial. Bercé par la musique depuis son enfance, le rai, un genre musical algérien qui s’est popularisé en France dans les années 90, sera son premier coup de cœur. Il affirmera plus tard avoir été marqué par les variations de voix des chanteurs traditionnels. Ce qui explique en partie sa propension à utiliser l’autotune par les nombreuses possibilités vocaliques que ce logiciel propose.

Son adolescence sera tout autant rythmée musicalement. Il fera ses débuts dans le rap avec le groupe Malédiction alors qu’il n’a que 13 ans. Cette première expérience le mettra en confiance pour se lancer seul. Travaillant comme éducateur spécialisé, il se consacre à la musique sur le côté. Au-delà du pur divertissement, il se rend compte du rôle positif qu’elle peut avoir dans les quartiers. Il se souvient des ateliers d’écriture et de composition et cela fera écho avec son engagement social. Créer permet d’émanciper. Quelque chose qui l’influencera également dans ses nombreuses influences culturelles et sa volonté d’endosser toutes les casquettes, que ce soit celle du compositeur, du lyriciste ou du producteur.

 

Alors qu’il travaille sur la maquette d’un album, la maison de disque EMI le repère et le signe. Son premier disque « Lalbum » va le faire connaitre en 2013 auprès d’un large public avec des titres tels que « M’évader », « Toi et moi ce soir » et « Africa 2.0 », en duo avec Ayano. Depuis il a enchainé plusieurs disques avec un succès toujours constant. Son nom de scène, il l’a choisi en référence au film mythique « Heat » de Michael Mann mais aussi en référence au sobriquet qu’on lui donnait à la cité, car il pratiquait la guitare, ce qui détonnait à une époque où cet instrument n’était pas commun dans ce milieu. Il a depuis enchainé d’autres disques, l’avant-dernier étant « Fenomeno » en référence à Ronaldo. Une dédicace qui montre sa passion pour le football.

Son dernier album « Quartier Latin Vol 1 » est sorti en février 2019. Signé sur son nouveau label New Deal Records, il mêle habilement sonorités rai, reggaeton et trap. Il se révèle polyglotte puisque le français, l’anglais comme l’espagnol sont employés alternativement sur les morceaux. On y retrouve aussi de nombreux featurings dont le torride et dansant « Peligrosa » avec la chanteuse colombienne Karol G. À travers des morceaux tantôt dansants, planants ou percutants, Lartiste sait faire référence à son vécu : l’exil, son attachement au Maroc et la nostalgie des proches. Des thèmes que nous avons pu aborder avec lui en toute intimité. Profitez-en, c’est de la bonne (interview). 

Bruno Belinski