iFakir est un nouvel arrivant du paysage musical belge. Alors que le cloud (un genre musical rap que l’on peine à nommer hormis le fait qu’il nous amène vers des cieux planants par son écoute) semble être de plus en plus à la mode, ce rappeur ramène une vibe à l’ancienne avec des mélodies entrainantes et des phrases équivoques.

 

Tout commence en 2018 avec un son énigmatique « Jésus Blanchi » une question lancinante nous est posée : « comment leur faire confiance, ils ont blanchi Jésus » ? En effet, notre représentation mentale du prophète est biaisée et nous pouvons légitimement nous demander si ce dernier n’était pas blanc.. C’est ce qu’aborde en partie le clip. Il s’agit d’une fable moderne, celle d’un livre tombé du ciel qui mènera trois jeunes de quartier vers le chemin insouciant de l’enfance, sombre de l’histoire coloniale et compliquée de la reconquête de la liberté. Une mélancolie amère et ironique se dégage du morceau, iFakir semble vouloir parler de la réalité crue et rude du quotidien par bribes imagées tout en restant dans une spiritualité assumée. Mais le corps qui donne voix à ce son ne nous était pas encore connu jusqu’à la sortie récente de « Mektoub », un clip tourné au Maroc dans la ville de Casablanca ainsi qu’à Paris. Autour des palmiers parsemés de lumière, entouré de petits finaux, il se présente le visage dissimulé tel un ninja avec une gestuelle décomplexée et bon enfant. Le thème du destin domine le morceau, on peut y voir une critique du déterminisme de la condition de l’homme, cette dernière entrainant un engrenage inévitable et irréversible. Légèreté et gravité s’alternent au fil du morceau, une façon de raconter également présente dans le précédent titre « Blanchi Jésus ».

Bruno Belinski