Mahalia, chanteuse britannique qui s’est illustrée dans la capsule de Colors avec son titre « Sober » arrive au devant de la scène avec son nouvel EP « Seasons ». Le projet est prévu pour le 21 septembre. Alohanews a rencontré l’artiste pour une conversation profonde autour de son art, de sa féminité et de l’amour. Rencontre. 

ENGLISH VERSION BELOW

À 12 ans, pendant que d’autres enfants faisaient du vélo, tu as pris ta guitare pour chanter des chansons d’amour. C’est quoi l’amour quand on a 12 ans ?

Je ne suis toujours pas certaine. Je pense que quand tu as 12 ans et que tu es amoureuse ou que tu penses l’être comme je pensais l’être,  c’est tellement sérieux, mais pas si sérieux quand tu es plus âgé, tu vois ce que je veux dire ? C’est tellement pur, tellement innocent. J’étais une enfant qui était vraiment amoureuse d’un garçon et je n’étais rien d’autre, je savais juste que quand j’étais avec lui j’avais des papillons dans le ventre. Être amoureux quand tu es enfant c’est juste pur, naïf et innocent.

Et maintenant est-ce que tu espères retrouver cette vision innocente de l’amour ?

Oui j’aimerais bien. Je pense que quand tu deviens plus âgée, ça devient tellement compliqué et il y a des choses que tu dois faire….Cette insouciance que l’on a quand on est enfant quand on ne se préoccupe de rien me manque, vraiment (rires).



 

Tu savais que tu ferais de la musique toute ta vie. Maintenant que tu as réalisé le rêve de ton enfance, quel est ton rêve d’adulte ?

Mon rêve d’adulte c’est juste d’être capable de faire de la musique, simplement d’être heureuse, car je sais que c’est très facile de ne pas être heureux quand tu fais ça. Mon rêve est de ne jamais prendre les choses pour acquises, car je sais à quel point cela peut être facile. Tu voyages dans différents endroits, tu rencontres différentes personnes et tu ne réalises pas à quel point c’est spécial jusqu’à ce que ça soit fini. Je pense que c’est le plus important, ne jamais prendre les choses pour acquises.



Tu as dit que tu as appris à aimer ta voix comme tu as appris à aimer ton corps, ta couleur de peau, tes cheveux… Est-ce que le fait que tu ne t’acceptais pas t’a aidé à te révéler et à parler de toi ?

Définitivement ! Quand j’étais plus jeune, j’étais vraiment confuse, je me demandais pourquoi je n’étais pas dans « la norme ». Je viens d’une petite ville appelée Leicester, c’est une ville charmante, mais il n’y a pas beaucoup de diversité. J’étais un peu la « bizarre ».  J’ai beaucoup travaillé sur moi-même, quand j’ai réalisé que je ne dois pas penser que je suis belle juste parce que les gens me disent que je suis belle. Quand j’étais à l’école, je n’étais pas la fille considérée comme belle et je pensais que ça signifiait que je ne l’étais pas. En grandissant, j’ai réalisé que ça ne signifiait rien. Tu dois le voir d’abord toi-même puis les autres le verront. En grandissant, je me suis acceptée, je suis devenue plus confiante. Je laissais mes cheveux bouclés et j’étais vraiment heureuse. Tout ça signifie que maintenant je suis bien dans ma peau. Je peux porter une perruque, je peux porter une robe que je n’aurais probablement jamais portée quelques années auparavant. C’est important que les gens comprennent que ce n’est pas qu’un seul combat, mais un combat constant avec soi-même. Cela s’est passé quand j’avais 14 ans, ensuite quand j’avais 17 ans et cela va probablement encore se passer quand j’aurai 22 ans.

Faire de la musique, est-ce ta manière de parler de tes histoires et de toi-même ? Une manière de dire que tu t’acceptes davantage que quand tu étais plus jeune ?

Oui et c’est très important pour moi d’être capable de raconter mon histoire et espérer que les gens puissent s’y retrouver. A 17 ans, j’ai écrit une chanson intitulée « Seventeen » à propos du fait de grandir, se sentir confiant et être capable de se sentir libre avec soi-même.  C’est vraiment important d’en parler dans ses musiques, car quand les gens t’écoutent, ils écoutent essentiellement tes histoires et je ne veux pas seulement parler d’amour. Je veux parler de toutes ces choses que j’ai traversé et qu’on a tous traversées.

 

Souhaites-tu aborder des sujets sérieux dans tes chansons ?

Définitivement ! Mais je pense que tu ne peux pas précipiter ces choses-là, tu dois attendre le bon moment. Le plus important est de ne pas te mettre la pression. Je sais qu’il y aura un temps ou je devrai penser à arrêter d’écrire sur les garçons, mais en tant que jeune fille de 20 ans, les garçons font partie de ma vie. Peut-être que quand j’aurai 24 an,s je parlerai uniquement de problèmes politiques. Je pense que c’est très important d’avancer avec la vie. 

Si tu pouvais choisir une voix masculine pour une chanson, quelle voix choisirais-tu ?

Un artiste du nom de Gil Scott-Heron, qui est très concerné par la politique, et que j’ai connu par l’intermédiaire de mes parents quand j’avais 15 ans. Il a écrit une chanson intitulée « The revolution will not be televised ». Quand je l’ai entendue pour la première fois, je me suis dit « Wow on peut parler de ces choses dans la musique ».

Est-ce que l’art t’a aidé à découvrir ta féminité ?

Définitivement ! J’ai trouvé mon indépendance à travers la musique. Je pense, particulièrement en Grande-Bretagne, que l’on est dans une période importante, car il y a énormément d’artistes féminines fabuleuses et fortes qui se font connaître, et je suis très excitée d’en faire partie. Mais oui, j’ai définitivement trouvé ma féminité. C’est un peu ce que je disais quand je parlais du travail sur moi-même, je suis vraiment en accord avec ce côté de moi-même et je veux que les femmes puissent se sentir confiantes et indépendantes en écoutant ma musique.

Tu as dit avoir écrit la chanson “Sober” en étant bourrée et que tu es le genre de fille qui appelle les garçons quand tu es bourrée. As-tu peur d’être sobre ?

Je suis une excellente « drunk texter » et je ne pense pas que ça soit une mauvaise chose. Mais la raison pour laquelle je voulais parler de cela c’est parce qu’on  est dans une période où tout le monde à un smartphone, c’est omniprésent. Et j’ai l‘impression que tout le monde à un moment donné a déjà été bourré et envoyé un SMS. Et quand j’écrivais à ce propos, je voulais être sobre. C’est un peu une métaphore, car ce n’est pas juste être sobre « physiquement », mais mentalement.     

 

Pourquoi est-ce difficile d’être une femme particulièrement dans cette industrie ?

Parce que c’est assez superficiel. Cela s’améliore, mais je pense que c’est différent pour les hommes et les femmes. Les gens te regardent différemment. Ils regardent comment tu es habillée, ton type de corps… et ils en parlent. Et moi je me dis « Je ne veux pas parler de mon corps ou de ma couleur de peau, je veux juste faire de la musique”. J’ai l’impression que c’est plus dur pour les femmes, que c’est davantage difficile pour elles d’être accueillies dans cette industrie si elles ne sont pas ces archétypes aux looks parfaits. Et moi j’essaye toujours d’être cette personne à qui on peut s’identifier, je ne porte pas de maquillage tous les jours, j’aime aller sur scène en survêtement. Je veux que la petite fille que j’étais me regarde et se dise qu’elle peut s’identifier à moi. 



Penses-tu que dans cette industrie on a d’abord vu ton identité féminine avant ton identité artistique ?

J’espère. C’est très difficile à cause de ce qu’on poste sur instagram, twitter, Facebook… tout le monde voit ton visuel avant de te voir. Il y a une artiste Américaine « H.e.r », qui ne montrait pas son visage sur ses premières mixtapes. Je pense que c’est le meilleur exemple de quelqu’un qu’on ne peut pas voir, et qui fait juste de la musique qui plait aux gens. Mais c’est dur, car on est tous là-dedans. Je poste aussi des photos de moi tout le temps et non pas de ma musique et c’est parce que j’ai grandi avec cette façon de travailler et cette façon de vivre. C’est difficile de faire avec, mais tu dois travailler dur et essayer d’être la meilleure version de toi-même.

ENGLISH VERSION

At 12 meanwhile some kids are cycling you take your guitar to sing love songs. What is love when you are 12?

I’m still not even sure. I think when you’re 12 and you’re in love as I think I was, it’s so serious but it’s so not serious when you get older, you know what I mean ?  It’s so pure. That’s the word that I will use. It’s just so innocent . I was just a kid who was really in love with a gars and I was nothing else, I just knew that when I was with him I got butterflies and I think that is the word for it. Being in love when you’re a kid it’s just pure, naïveness and innocent really.  

And now do you hope to recover this innocent vision of love ?

Yes I do actually. I think now, when you get older it get so complicated and there is things that you have to do and things that you schould’nt say… I definitely miss that carefreeness when you’re a kid, when you just don’t really care (rires). I miss that definitely.

You knew that you will be doing music your all life. Now that you realized the dream of your childhood, what’s your adult dream ?

My adult dream is just to be able to do this, so to do music but just be happy cause I know that is so easy to not be happy when you’re doing this. My dream is to never take things for granted cause I know how easy it can be. You fly differents places, meet different people and you don’t realize how special it is until it’s gone. I think that’s the most important thing for me, it’s to just never take things for granted.

 

We talk about childhood and all of that stuff. Do you think to be happy now in your musical adventure you need to recover your child eyes ?

Yes. You need to be able to live in the moment and I think that’s the important thing. When you’re a kid, you don’t care about tomorrow, you’re just thinking about what’s happenning now, what am I gonna wear right now, is that gonna make me happy. It’s like all of those things I miss about being a kid. When you get older you thinking about paying your rent or you’re thinking about what’s gonna happen next week. I just miss that feeling of only thinking about what’s happening now. 

You said you’ve learn to love your voice as you learn to love your body, your skin colour, your hair etc. Did the fact that you didn’t love yourself helped to reveal and tell about yourself.

Definitely ! When I was younger I think I was really confused as to why I wasn’t the norm. I’m from a really small town, a place called Leicester. The town I’m from is lovely but wasn’t really diverse and there wasn’t really a lot of differences there. I was kind of the odd out one. I think I worked hard selflove when you realize that you don’t have to think your beautiful because people tell you that you are. When I was in school, I wasn’t the girl who was being called beautilful and I was like that’s mean that I wasn’t beautiful. When I get older I realized that doesn’t mean anything. You have to see it first and then everybody else will see it. I totally grew into my skin and I got really confident and I was wearing my hair curly and I was really happy and what it means is that now I’m so confortable in my own skin. I can wear a wig, I can wear a dress that I probabely would’nt have wear  years ago. It’s this constant battle with yourself and you know one thing I think it’s importantfor people to know is that it’s not one battle, it happenned when I was like 14, then it happenned when I was 17, It’s probabely gonna happened again when I’m 22 and then it keep happenning.  

When you make music do you think it’s your way to talk about your stories, to talk about yourself ? Is that a way to say you love yourself more that when you were younger ?

Yes and it’s really important for me just to be able to tell people my story and hope that people can relate to that. I wrote a song called “seventeen” when I was 17 and that was all about growing into myself and feeling confident and being able to just be free with myself. It’s really important that you say that in your music cause you know essentially when people listen to your music they are listening to your stories and I don’t want just to talk about love. I wanna talk about all those other things that I go through and what we all go through. 

 

A lot of female artists that we could heard the influence in your voice. If you could choose the voice of a man for one song. Who’s voice will it be ?

It’s an artist called Gil Scott-Heron. I was introduce to his music by my parents when I was 15 and he’s super political. He has a song called “the revolution will not be televised” . When I heard him that was the first time that I was like “wow you can speak about these things in music and make a difference”. I think that’s the voice that I would have if I had a man voice. 

Do you want make some serious topics in your songs ?

Definitely! But I think you can’t rush any of that stuff, you have to wait until the time come and then you write about it. The important thing is to not put pressure on yourself. I know there’s a time when I think I need to stop wrinting about boys but actually as a 20 years old girl, boys are in my life right now. And then maybe when I’m 24 all I will be talking about is political issues. I think it’s really important to just move with life and with my music as it comes. 

When I discovered you in colours you talked about the stories with the boys and all of that stuff. But the different way of urban artists in 2000 years it’s that you don’t speak about the end of your relation like you were crying, it’s cool. Some artists talk about love like “yeah I find the man and it’s hapiness, and when it ends it’s like catastrophe you know. Do you think talk about relationship it’s cool, like you do ?

Definitely, even with the colors session with the song “sober” , that was me, I’m very accepting and I’m somebody who really accept things and even tho it hurts I’m someone who’s like “ok that was’nt meant for me”. In sober I say “with us no matter how I add it up, one plus one is one “and that is just me saying it’s fine. I know that’s all occasion, I know that is not gonna work and that’s fine. Yeah i’m very much that person. Now that you say it I realize it more. I’m always kind of talking about “you know it’s ok I don’t mind”.

 

Did art helped you to discover your feminity ?

Definitely ! I found my independence trough music. I think, especially in the Uk, we’re in such an important time because there’s so many fabulous strong female artists coming throught and I’m really excited to be a part of that. I definitely found it. It’s kind of what I was saying about working myself out. I just really became in tune with that side of myself. I want woman being able to hear my song and feel empowered and feel independant from there. 

You said you wrote the song “sober” when you were drunk. You said you are the kind of girl to phone the gars when you are drunk. Are you afraid to be sober  ?

 I’m horrific, I’m an amazing drunk texter and I don’t think it’s bad. But the reason why I wanted to talk about that is because we are in a time where phones are like our thing and we all have smartphones, I feel like everybody at some points has maybe been drink or been whatever and send a text. And when I was wrinting about that I wanted to be sober. Being sober, I think it’s a bit of a metaphore cause it’s not just being sober physically. Being sober mentally is being sober out in love and being able to be sober and say no this is wrong and I need to be strong about it.

You said you just want to do music and be happy. Do you feel the simplicity is becoming a new trend to get hapiness ? because we talked about no make up, not a lot of stuff.

Definitely. Hapiness for me is the main thing and if that means like for me if I can find hapiness out of making music well that’s what I’m gonna do. It’s really important to kind of just think about that cause I think the music industry is very strange. It’s a hard business to be in, especially as a women and I think you have to be happy otherwise it’s a long and hard journey. 

Why it’s hard to be a women especially in this industry ?

Because I think it’s quite of shallow. It’s definitely getting better but it’s different for man and woman. People are looking at you in a different way. They looking at how you are dress. People are looking at your body type and talking about it. And I’m like “I don’t want you to talk about my body or my skin, I just wanna make music”. I feel like womens are definitely getting that harder. I think it’s harder for womens to be welcomed in the music industry if she’s not that kind of “archetype perfect look”. With me I always try to be “relatable” , like I don’t wear make up every day, I like to go on stage in track suits.  I like to just to be that girl because I think I want my little me to look at me and be like “she’s relatable and I understand her I relate to her”.

Do you think that in this industry we saw your female indentity before you artistic identity?

I hope. It’s really hard because the things on instagram, on twitter, on facebook… everybody see your visual before they see you. There’s an artist from US called “H.e.r” ,for her first mixtapes you didn’t see her face. I just thought that is the perfect example of somebody being like “no you can’t have my visual” and just doing the music and people love the music and she’s doing really well. But it’s hard because we all do it. I post photos of myself all the time and not of my music and it’s because I growing up with that way of working and that way of living. It’s defenitily hard to navigate but you just have to work hard and try to be the best version of yourself.

Propos recueillis par N. Imambajev et Y. Dahry 

Traduction L. El Hariri