Guizmo, traine son flow depuis une dizaine d’années. Depuis ses débuts, le jeune n’a qu’une seule chose en ligne de mire : la sincérité. Son dernier album « Amicalement vôtre » le prouve. Interview avec Guizmo qui nous parle de l’amour, de ses dérives ainsi que de ses espoirs.


 

[Chronique] Guizmo n’a plus peur de se souvenir

Aujourd’hui, tous les amateurs de rap connaissent Guizmo. Pourtant quand le gamin de Villeneuve-la-Garenne se fait connaître en 2011, il est à peine majeur et déverse ses phases incisives dans les Rap Contenders. Très vite, il monte dans la catégorie rappeur à suivre, porté par la fraîcheur de son collectif de l’Entourage et le buzz autour de ses battles sur YouTube. Le jeune rappeur se tire la bourre avec ses acolytes Nekfeu, Deen Burbigo ou encore Alpha Wann, entre open-mic et clips notables. Une époque qui marque un renouveau d’un certain type de rap, celui qui met en avant la technicité et la légèreté plutôt qu’un rap de rue très sombre dans lequel tout le monde ne se reconnaît pas.

Guizmo bat le fer et enchaîne alors les albums avec un certain succès, malgré son embrouille définitive avec les membres de l’Entourage. Bien que très jeune, il rappe son vécu avec une spontanéité déconcertante et des rimes au kilomètre. Alcool et bédo, tel est le quotidien du Guiz’, pour qui il ne s’agit pas de simples distractions mais d’un mode vie autodestructeur. Jusqu’ici tout va bien. De retour en 2017 avec un nouvel album après des mixtapes et des projets communs pas forcément bien accueillis par son public pourtant resté fidèle, le bonhomme avait à cœur de revenir au rap qu’il sait le mieux faire. 


Guizmo, interview.

Avec « Amicalement vôtre », il se confie avec une sincérité rare sans perdre sa hargne le caractérisant. Surtout, il ouvre le livre de sa vie. Sur les 16 tracks de l’album, il nous conte ses errances, tant dans les coins sombres de la capitale qu’aux confins de ses souvenirs. Son vécu douloureux lui colle à la peau comme le shit à ses ongles. Dès la première phase de son album, il annonce : « La violence et la parano bah ça fait partie de mes pulsions ». Lamine Diakité, de son vrai nom, se met à nu et exhume, enfin, tous les fantômes du passé. Dans l’interprétation, sa voix est souvent tremblotante, et on l’imagine aisément griffonner ses feuilles au bord des larmes, joint et canette à la main.

Guizmo met des mots sur des pans de son passé autrefois indicibles. Il pardonne certains proches, parle de ses vagabondages aux quatre coins de la capitale, de son père, de l’alcoolisme, des expulsions dans son enfance… Un personnage qui demeure tourmenté, empli de paradoxe mais qui fait maintenant face à ce qu’il est et à ce qui l’a construit. Il est maintenant temps d’avancer, accompagné par sa femme et son enfant.

Simon Virot