A l’occasion de la sortie du second album de Brav, Alohanews a donné la parole à un professeur niçois qui a rencontré l’artiste lors de son passage à Nice. Un témoignage d’homme à homme, de cœur à cœur. L’opus « Error404 » du rappeur est prévu pour le 26 février 2016.

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Cela fait bientôt un an que j’ai découvert un peu par hasard l’album Sous France du rappeur Brav. Dès la première écoute, j’ai été fasciné par la variété des productions, la qualité des textes et la puissance de son interprétation. Au point que pendant de longues semaines, il m’a été impossible d’écouter d’autres chanteurs. Même en voiture, le matin, quand j’emmenais mes enfants à l’école, A l’évidence et Brav against the machine résonnaient à fond et nous donnaient l’énergie pour la journée.

Ce fut là le premier effet de cet album : un besoin irrépressible de me nourrir de cette énergie et de cette humanité qui s’en dégageaient. Il y en eut d’autres. Notamment la fin de ma résignation à croire qu’on ne pouvait pas changer les choses. Je commençais à baisser les bras et accepter le monde tel qu’on me l’imposait. Brav’ a su me donner la force et la conviction que chacun d’entre nous, à notre petit niveau, pouvait améliorer les choses et rendre la vie un peu moins rude. Ce souffle nouveau n’est pas retombé depuis. De plus, moi qui étais adolescent lors de ce que certains appellent « l’âge d’or » du rap, dans les 90’s, je ne jurais que par les pionniers du mouvement hip-hop et ne suivais que de très loin les nouveaux talents. Mais grâce à Sous France, j’ai compris que le rap n’était pas mort, qu’il pouvait continuer à être une musique d’engagement et d’union, à travers de nombreux artistes tels que tous ceux de Din Records, mais aussi Scylla, Rocé, JP Manova ou encore la Rumeur (liste non exhaustive bien sûr !). Enfin, l’une des conséquences les plus surprenantes de ma découverte de cet artiste, c’est qu’il a su convertir ma femme au rap ! Elle qui ne considérait pas ce style comme de la « vraie » musique a été touchée en plein cœur par ses textes. Elle s’est mise, elle aussi, à l’écouter en boucle et à être inspirée par la puissance de sa démarche. Brav parle à toutes et tous et son message est universel.

Les premiers mois furent donc une rencontre à sens unique. Il nous a livré son album, c’était à nous de le digérer et de le faire vivre dans notre quotidien. Puis vint la tournée des concerts en appartement. Et là, les chansons de Brav ainsi que l’homme et son parcours ont pris une toute autre dimension. Il était évident pour moi qu’il viendrait se produire à Nice. Justement à Nice ! Là où il y a tant à combattre. Une fois réglés les détails matériels de sa venue, et avant même le concert, la « magie » a pu opérer : rencontre avec les autres participants du concert, création de liens entre des gens qui ne se seraient sans doute jamais rencontrés, tous animés par une même foi en ce que fait Brav.

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Brav à la rencontre d’une classe de CM1 à Nice. (Crédit. Page Facebook de Brav)

Enfin le grand moment. Cette journée du 11 septembre 2015, avec un joli clin d’œil du hasard au titre de Médine. Je suis professeur des écoles, en charge d’une classe de CM1, et j’ai timidement demandé à Brav si avant le concert, il voulait passer l’après-midi dans ma classe, à la rencontre des élèves. Sa réponse fut rapide et pleine d’enthousiasme. J’étais scotché. Et c’est donc là, sur le perron de l’école, que je l’ai rencontré avec son équipe : Général, Dominique et Julien. Et il s’est présenté, humblement : « Brav », comme si je n’allais pas le reconnaître ! L’après-midi fut incroyable. J’avais fait découvrir une partie de son œuvre adaptée à l’âge de mes élèves (certaines chansons ainsi que ses « diary of Brav ») et ils ont ainsi pu préparer de nombreuses questions. L’échange a duré tout l’après-midi. Les réponses des musiciens étaient sincères et leur message adapté au public qu’ils avaient en face d’eux. Jamais Brav n’a paru lassé et son naturel était désarmant. Les élèves étaient tellement ravis ! Ils ont même pu chanter avec lui. Ça tournait presque à l’émeute dans les couloirs et dans la cour au moment de la récréation : le rappeur était là ! Tous les élèves voulaient le voir et lui parler. Le moment qui, personnellement, m’a peut être le plus marqué, fut celui en salle des maîtres. Autour d’un café, assis au milieu de mes collègues et en toute simplicité, Brav nous a chanté un bout d’I hate love. Dans cette salle qui constitue mon quotidien depuis 8 ans, le rappeur que j’écoutais le plus était là, à chanter pour nous, à distiller sa bonne humeur en toute humilité. Car s’il y a une qualité qui transpire de cet artiste, c’est bien celle-ci : l’humilité. Et cela s’est vérifié le soir du concert.

Car Brav n’a pas fait que passer dans nos vies à travers ses concerts en appartement. Il y est rentré et resté, en devenant un ami. C’est ce que ressentent tous les gens qui le suivent et qui l’ont vu lors de cette tournée. Les commentaires postés sur son Facebook en témoignent. Je n’ai jamais vu un artiste qui corresponde autant à l’homme, il n’y a pas de frontières, c’est la même personne. Ce qui est marquant également, c’est qu’il arrive à annihiler la notion de « fan ». Il n’y a pas de barrière entre lui et son public, c’est un rapport d’égal à égal qui s’est instauré ce soir-là, à son initiative. Et ce n’est nullement une posture qu’il se donne, c’est naturel pour lui et ça l’est devenu pour nous. La performance scénique, offerte à la trentaine de personnes présentes, fut incroyable. Cet artiste est dans le don permanent. Comme lorsqu’il a « offert » son interprétation de Meïlia à ma femme (en larmes) et ma fille…

Quatre mois plus tard, nous en parlons encore avec ma femme et mes trois enfants, comme on parlerait d’un cousin qui habite trop loin, que l’on ne voit pas assez et qui nous manque. Ma rencontre avec Brav fut donc double : artistique et humaine. Avant d’éventuelles retrouvailles, il nous fait l’immense joie de sortir un nouvel album, Error404 , qui à n’en pas douter nous mènera encore vers des sommets d’émotions. L’aventure continue.

Mickaël