Avant, je pensais que j’étais à l’Ouest. Un comble pour celui qui s’est vu grandir à l’Est. Je pensais que dans ma tête tout n’était pas vraiment en place. Les autres, en primaire, me disaient qu’il était temps de faire du rangement…ou qu’il était trop tard. J’étais à plaindre, peut-être je faisais pitié. Peut-être qu’on disait de moi : « quel pauvre enfant ». Je ne voulais rien savoir, moi qui essuyais mes larmes chaque soir lorsque les âmes étaient parties rejoindre Dieu le temps d’une nuit. Puis j’ai grandi, des orties ont germé dans mes actes. Je fais beaucoup de bien aussi. Je pense. J’étais juste maladroit. Je ne voulais pas faire pitié. Je ne voulais plus que le ridicule soit mon compagnon de route. Au fait, je détestais la piscine. Dévoiler mon corps ingrat était une torture. On riait de moi ou on se rassurait c’est selon.

Petit je détestais l’eau car avant d’y plonger, il fallait que cette cérémonie, dans les vestiaires, se termine devant des petites têtes hilares, celles qui n’avaient pas encore arpenté la vie. Aujourd’hui, l’eau n’est plus vraiment un souci. Des vagues affluent à chaque battement. A chaque montée des eaux, j’enfile mon maillot de bain, mes lunettes de plongée et j’y vais. Je suis emporté par les vagues. Je déguste chaque écume. Les profondeurs sont un refuge désormais. 

J’ai 28 ans aujourd’hui. 28 bougies qui en réalité ne sont plus allumées, mais sont éteintes. D’autres bougies m’attendent comme j’ai attendu l’espoir d’être enfin chez moi dans le cœur de l’Autre. Je me suis rendu compte que j’ai navigué au-delà de l’espoir. Tes sourires sont des cadeaux. J’ai envie de te manger littéralement pour que tu sois en moi à jamais. L’Amour ne se digère pas. Malgré mes actes douteux, il n’y a que des mots qui me viennent. En rentrant chez moi, j’ai senti à travers la vitre du métro tous ces mots d’amour. Je les ai vus se bousculer en moi et crier : « moi en premier ! ». J’ai dû attendre d’être enfin chez moi. Décidé à écrire, j’écris quasiment d’une traite. Laissant parler ce qui doit être dit. Je n’ai aucun commandement à faire. Le commandant est sans doute au-dessus de moi. Au-dessus de nous tous. J’aimerai de nouveau, en espérant que ton cœur lise cette modeste lettre avec la même ferveur que mon engagement dans celle-ci, qu’on se souhaite la Paix. Au-delà du langage, la Paix pour seul mot d’ordre. Dieu toi qui nous lit, fais en sorte de nous Pardonner, de pardonner celles et ceux qui espèrent. Pardonne à tous ces cœurs qui ont soif. A tous ces cœurs qui chaque nuit chantonnent, chuchotent avec des larmes, des mots, des souhaits, des invocations, peu importe ! Pardonne-nous et abreuve-nous d’Amour. La lumière a un visage et l’Amour a ses raisons que je goute désormais. Mes « je t’aime » sont des illuminations de ce soleil en moi qui ne ternit pas. Qui ne ternira jamais. Je l’espère.

Nikita Imambajev