Ah, ces doux réseaux sociaux qui comblent les temps de notre vie. Nous avons beau nous en plaindre souvent, ce n’est pas pour autant que nous prenons la décision de moins les consulter. Et quand même bien nous le faisons, une petite notification rouge apparaît, histoire de vous rappeler à l’ordre. Mais quelle est donc l’influence de cette addiction et pourquoi nous est-il si difficile de nous en défaire ? Théories et explications.

14h30. L’heure parfaite pour une petite pause « réseaux sociaux ». On se pose un peu, on « scrolle » les infos. On like. On partage. On publie. On commente. On lève les yeux et… déjà 15h45 ! Comme une impression d’avoir perdu plus d’une heure de notre journée. On se fait la réflexion, on se réprimande soi-même et on recommence une heure plus tard.

Petite simulation. Vous avez perdu votre téléphone et vous êtes désemparés. Vous avez beau chercher dans votre voiture, à la maison, au travail, rien n’y fait ; il reste introuvable. Soudain, vous avez l’impression d’être effacé aux yeux des autres, de ne plus exister, d’être presque immédiatement remplacé. Et vous commencez à paniquer à l’idée que quelque chose puisse se passer sans que vous ne soyez mis au courant. Et si vous ratiez un évènement important ?

Ce syndrome des temps modernes, le FOMO (« Fear of missing out », traduisez cela par « la peur de manquer quelque chose »), nos réseaux sociaux l’ont bien analysé et s’en servent pour nous rendre toujours plus accros. Plus nous sommes atteints par le FOMO, plus nous utilisons les réseaux sociaux, cette angoisse se transformant en urgence d’aller « checker » les réseaux. Mais cette dépendance ne tient pas à notre seule faiblesse d’utilisateur. Les géants du Web utilisent des techniques psychologiques savamment rodées qui nous rendent tous addicts.

Cette addiction à notre téléphone n’est pas anodine puisque celui-ci est devenu un véritable couteau suisse : e-mails, réseaux sociaux, application bancaire, loisirs, SMS, GPS, applications pour gérer son poids ou son sport quotidien… Bref, les raisons de prendre ce petit appareil en mains ne manquent pas. Et pour nous garder un peu plus longtemps avec eux, les développeurs utilisent les mêmes méthodes que les chaînes de télévision pour garder notre attention : troquer des services gratuits contre de la publicité et de l’audience.

Le magazine Trends l’explique comme ceci : « L’une des grandes techniques des géants du Web est d’emprunter les codes du jeu : jeu vidéo ou même jeu de hasard et casino. À chaque fois que vous vous précipitez sur votre smartphone, vous jouez au bandit manchot et attendez de voir ce que vous recevez. Un commentaire sympa d’un ami ou un partage de votre post sur Facebook ? De nouveaux followers ? Un SMS de votre conjoint ? Vous cherchez à dégoter une petite récompense à chaque fois. »

Et cela constitue le meilleur moyen de créer une habitude. Chaque « récompense » crée dans notre cerveau de la dopamine- l’hormone du plaisir. Nous allons donc, inconsciemment ou nous, mettre en place toutes sortes de stratégies afin de décupler ces récompenses et de recevoir toujours plus de stimulations agréables. Facebook (comme Snapchat ou Tinder) l’a bien compris puisqu’il nous permet de revenir tout en haut de notre fil d’actualité et d’actualiser notre page pour afficher de nouveaux contenus. Il en est de même pour l’application de rencontre- Tinder—, car elle joue sur notre curiosité.

Nous avons donc bien compris que les développeurs des réseaux sociaux nous manipulaient sans remords, mais pourquoi notre smartphone nous semble-t-il tellement plus addictif que les autres médias ? La réponse est simple : parce que nous pouvons l’emmener partout. Il se glisse sans souci dans notre sac à main, dans une poche de notre veste ou de notre pantalon. Et, ensuite, parce qu’il s’agit d’un média sans fin. Nous pouvons actualiser la plupart des applications à l’infini. Cette technique, volontairement mise en place, pour prolonger notre temps sur ces réseaux, est également utilisée par Spotify ou YouTube. En effet, nous pouvons laisser l’application allumée puisque les musiques ou les vidéos s’enchaînent toutes seules.

Les notifications sont les signes les plus évidents de manipulation. Marquées en rouge (une couleur qui n’est évidemment pas choisie au hasard), elles retiennent toute notre attention. Et, parce que notre curiosité est titillée, chaque notification créera une dose supplémentaire de dopamine ; on y revient. Snapchat n’est pas en reste puisqu’il nous envoie carrément une notification pour nous indiquer qu’une personne est en train de nous écrire.

Mais alors, comment faire pour se désintoxiquer ou, du moins, prendre du recul par rapport à cette addiction ? Est-il réellement nécessaire de le faire ou n’est-ce pas finalement une mode comme une autre ? Pas de pilule miracle ici, malheureusement, et les entreprises pharmaceutiques n’ont pas- encore- trouvé un moyen de s’en charger (on parie que cela aura changé dans quelques années ?).

Je vous écris tout ceci en étant totalement convaincue de l’information que je vous transmets, ce qui ne m’a pas empêchée de consulter mon téléphone une dizaine de fois, tandis que j’écrivais cet article. Un peu contradictoire, non ?

Je ne prétends ni avoir de solution toute prête à vous servir sur un plateau, ni avoir rédigé une liste typique de 15 points à mettre en place pour se désintoxiquer. Mais je reste persuadée qu’une balade dans la nature pendant 30 minutes me fera plus de bien que le même laps de temps passé sur Facebook. Je réalise que je crois tout connaître de la vie de mes amis, car ils l’ont partagée virtuellement alors qu’il n’en est réellement rien.

Je crois en la beauté des échanges humains, de quelques nature qu’ils soient. Je crois en ces instants précieux avec les personnes qui nous sont si chères, qu’aucun commentaire ou like n’arrivera à égaler. Et je crois que la vie, la vraie, est très loin des écrans. Mais ce n’est que mon opinion et je ne vous demande pas d’y adhérer.

Alors, dites-moi… Pour vous, où se cache la vraie vie ?

Alexia Zampunieris

Alexia vient de publier son nouvel ouvrage intitulé « Mademoiselle cherche le soleil » aux Editions Chloé des Lys à découvrir ici