Dans sa soif insatiable de conquérir le monde, l’Homme n’a pu s’empêcher de vouloir sans cesse dépasser ses limites. En quelques dizaines d’années, il réussit à réaliser de grands pas en termes d’avancées technologiques. En effet, plus que toute autre génération, la génération Y- les jeunes âgés de 18 à 30 ans- peut se vanter d’avoir été témoin d’une révolution technologique et des moyens de communication. Par ailleurs, la rapidité des moyens de transports et de communication donne l’illusion d’une proximité qui dissout les frontières entre les peuples et génèrerait même des interactions entre les cultures dans un rapport d’échanges réciproques. 

Toutefois, la réalité semble montrer que des barrières subsistent, empêchant une connaissance réciproque et une meilleure compréhension de l’autre. Ainsi, ce qui était censé annihiler les frontières préexistantes et laisser part à un paysage multiculturel, creuse aujourd’hui un clivage de plus en plus profond entre les différents peuples.

Or, depuis une soixantaine d’années, l’Europe dépeint un paysage d’une grande diversité culturelle et linguistique, héritage direct de nombreux flux migratoires et d’innombrables échanges, nous permettant d’apprécier et de gouter à ce parfum multiculturel. En effet, il s’avère plus que nécessaire de reconnaître l’apport de toutes les cultures présentes dans nos sociétés. De tout temps, la culture fut au cœur de la civilisation et du développement humain, stimulant sans cesse nos sens et nous offrant l’opportunité de regarder autrement la réalité. Denis de Rougemont disait même de la culture qu’elle est « l’ensemble des rêves et des travaux qui tendent à la totale réalisation de l’homme. La culture exige ce pacte paradoxal: faire de la diversité le principe de l’unité, approfondir les différences, non pour diviser, mais pour l’enrichir encore plus ».

Ainsi, à l’heure de la mondialisation, la diversité culturelle et le dialogue interculturel sont-ils devenus des défis majeurs pour un ordre mondial fondé sur la paix, la compréhension mutuelle et le respect de valeurs partagées ?Pour cela, il convient donc de favoriser la diversité culturelle dans un esprit d’ouverture et d’échanges entre les diverses cultures. Pourtant, il semblerait que cette réalité multiculturelle fasse encore et toujours débat. En effet, depuis quelques semaines, l’actualité fait réapparaitre de vieux spectres que l’on pensait enterrés. Affaire Taubira, montée du FN en France, percée de la N-VA en Belgique, Lampedusa, autant d’exemples qui, parmi tant d’autres, ont remis au gout du jour les questions du racisme et de l’immigration. En quête d’une identité propre, chaque peuple se replie derrière ses frontières, entravant les perceptions et les relations que nous entretenons les uns envers les autres.

Toutefois, cette réalité multiculturelle n’est pas seulement apparente à une échelle nationale. En effet, il suffit de s’attarder quelques instants sur les multiples identités culturelles, ethniques, sociales qui composent nos universités. Nous avons l’opportunité de nous retrouver quotidiennement en contact avec des étudiants d’horizons très différents. Mais ce qu’il y a de plus remarquable est que l’université est un cadre d’interactions qui incite au dialogue, au partage d’expériences, mais surtout au travail en commun au travers d’une communication humaine qui parvient à surmonter ces silences. Car communiquer c’est se faire comprendre et comprendre les autres. Même si on ne parle pas tous le même langage. Bien que nous ne puissions aspirer à une lecture partagée de nos pratiques ou à une homogénéisation de nos attitudes ou de nos représentations, nous pouvons montrer suffisamment de respect et de tolérance afin d’interagir dans un climat davantage harmonieux que conflictuel.

L’université joue un rôle crucial dans le sens où elle met en avant -au travers de l’éducation- des valeurs qui sont au service du développement social, culturel, politique et économique de la société. L’éducation a pour vocation de nous permettre le respect des différences tout en soulignant ce que nous avons de semblable. Elle est un ciment unitaire dans le sens où elle constitue, souvent, un pont entre les peuples tout en étant une plateforme de dialogues entre ceux-ci. Elle nous confronte, nous oblige à déchiffrer cette disparité des codes culturels. Malheureusement, dès que nous évoquons cet éventail « multiculturel » on nous pousse souvent aujourd’hui à penser les cultures de manière hiérarchique et inégalitaire. Pourtant, il y a des différences qui ne se voient pas, mais que l’homme souhaite absolument rendre apparentes. Mais,au final, l’autre n’est qu’un « nous » différent, non ?

 

Chaïmae Ouaret