Face au durcissement de la politique migratoire des États-Unis par Donald Trump, le traitement des migrants, et notamment des enfants séparés de leurs parents, attire de plus en plus l’attention. Diffusée le 4 juillet, une vidéo publiée par le site français Konbini News met en scène des enfants présentés comme sans-papiers et hispanophones, cités à comparaître devant un tribunal sans avocat et en ne comprenant presque pas ce qu’on leur dit.

Ils ont entre 3 et 20 ans. Aux États-Unis, les enfants immigrés non accompagnés doivent être auditionnés par le tribunal de l’immigration. D’après l’UNICEF, bon nombre de ces enfants n’ont pas droit à un avocat commis d’office. La réalisatrice américaine, Linda Freedman, a fait appel à des acteurs pour alerter le monde face à cette situation. Elle explique qu’elle aurait voulu filmer des « véritables enfants » face à de « véritables juges » mais qu’il est interdit d’enregistrer des images lors des audiences judiciaires concernant l’immigration aux États-Unis. Sa fiction est basée sur des faits réels relayés par des avocats.

L’un d’eux témoigne : « Nous représentions un enfant de trois ans au tribunal qui avait été séparé de ses parents. Et l’enfant, au milieu de l’audience, s’est mis à grimper sur la table. Cela a vraiment mis en évidence l’absurdité de ce que nous faisons avec ces enfants. »

Il dénonce également les conditions dans lesquelles se déroulent les audiences : « Parfois, vous êtes assis pendant deux heures et vous avez de très jeunes enfants qui n’ont même pas le droit de manger. Souvent, ces enfants ne comprennent pas pourquoi ils ont quitté leur pays. C’est une information qu’ont leurs parents et, puisqu’ils ont été séparés, c’est extrêmement difficile pour nous, les avocats, de les défendre. »

Le New York Times, quant à lui, rapporte que des personnes accusées de crimes fédéraux, d’assassinats et de kidnappings, quel que soit leur âge, ont droit à des avocats commis d’office s’ils n’ont pas de ressources suffisantes. Mais les enfants accusés d’avoir violé les lois de l’immigration, une offense civile, n’y ont pas droit. Dans les cours d’immigration, les gens sont poursuivis par le gouvernement, mais le gouvernement n’a aucune obligation de fournir un avocat aux enfants et adultes pauvres. »

Selon des données fédérales, en 2014, neuf enfants sur dix qui n’avaient pas d’avocats étaient expulsés, contre un peu plus de la moitié pour ceux qui étaient représentés. Toutefois, en 2018, seuls 33% des enfants non accompagnés comparaissant devant un juge de l’immigration ont eu droit à un avocat.

Si l’information n’est pas nouvelle- ce système existe et est mis en place depuis des années aux États-Unis- la vidéo secoue d’autant plus les consciences internationales, puisque l’on sait que l’administration Trump a causé la séparation de plus de 2000 enfants sans-papiers de leurs familles.

Alexia Zampunieris

Alexia vient de publier son nouvel ouvrage intitulé « Mademoiselle cherche le soleil » aux Editions Chloé des Lys à découvrir ici