Récemment, tous les médias évoquaient les naufrages en mer méditerranéenne ayant causé la mort de plusieurs centaines de migrants. Dans la foulée, les dirigeants européens se sont réunis dans l’intention de prévenir, et d’éviter que ce genre de situation ne se reproduise. Au final, beaucoup de déclarations, et peu d’actes. Retour sur une politique migratoire européenne chancelante.

Lampedusa et la nécessité d’agir

En octobre 2013, à la suite du naufrage de Lampedusa et la mort de 366 migrants, l’Italie a lancé l’opération du nom de Mare Nostrum. Sauver les migrants en difficulté arrivant par la mer méditerranéenne était son principal objectif. Un an plus tard, faute de soutien financier de la part des autres partenaires européens, l’Italie a décidé d’interrompre l’opération. Pourtant, les résultats au bout d’un an d’existence se sont révélés plus qu’encourageants. 150 000 personnes avaient pu être sauvés et 351 passeurs arrêtés.

Si l’Italie s’est désengagée, cela est dû essentiellement à la politique migratoire européenne et du règlement de Dublin II. Ce règlement européen, qui a pour but de déterminer l’État membre responsable d’examiner une demande d’asile, informe : l’État responsable de l’accueil d’un migrant est celui où le demandeur d’asile a premièrement fait son entrée dans l’UE. Sachant que les pays bordés par la méditerranée comme l’Italie, Malte et la Grèce seront les plus touchés, contrairement aux pays plus au nord, cela crée des inégalités au sein de l’Union européenne .

Triton, une timide réponse européenne

Pour prendre la relève de Mare Nostrum, l’Europe, cette fois, lança en novembre 2014 l’opération Triton. D’une envergure moindre (zone couverte moins grande) et avec trois fois moins de moyens alloués (3 millions/mois au lieu de 9 millions pour Mare Nostrum), cette opération différait aussi dans ses objectifs. Là où auparavant on avait pour dessein le sauvetage des migrants, la mission affichée de Triton est de surveiller et de protéger les frontières européennes.

Suite aux cas de naufrages des derniers jours, Triton est critiquée de toute part, jugée inefficace. C’est dans ce contexte que les ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur des pays de l’Union européenne se sont réunis pour un sommet extraordinaire. Dans l’espoir de prévenir de nouveaux drames, il fallait « agir vite » selon la Chancelière allemande Angela Merkel. Cependant, après ce sommet, et le sommet des dirigeants européens qui a également eu lieu, quelles sont les réponses apportées à cette problématique?

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Et maintenant ?

9 millions d’euros par mois. Résultat de ces sommets, Triton va voir ses ressources triplées et atteindre le niveau de celles de Mare Nostrum. La montagne a accouché d’une souris, car à part cela, rien ne change. La surveillance et la protection des frontières européennes restent le leitmotiv de l’opération, et sa sphère d’action est toujours localisée près des côtes italiennes. Un peu léger lorsque l’on sait que les zones où les naufrages se déroulent régulièrement ne sont toujours pas couvertes par cette opération. Si les bateaux au service de Triton portent parfois secours à des navires en détresse près des côtes libyennes, ce n’est pas de leur propre volonté. En effet, le droit de la mer stipule que l’on a l’obligation de porter secours à tout appel de détresse émanant d’un bateau en avarie, comme le rappelle Anne Treca, journaliste à RFI.

En fin de compte donc, beaucoup d’agitation pour rien. Le prochain sujet qui occupera l’espace médiatique fera oublier ces actes frileux. Mais combien de temps est-ce que cela prendra avant que les morts de la méditerranée ne reviennent sur le devant de la scène, faute d’actes concrets de l’UE ?

 

Boniface Munyaneza

* Source de la carte : Figaro