Le mercredi 17 avril, le Sénat américain a rejeté une mesure qui devait rendre obligatoires les vérifications d’antécédents avant l’achat d’une arme sur Internet et dans des foires. Peut-être un premier pas vers une nouvelle régularisation sur les armes aux États-Unis ? Nous réjouissions-nous. Dès le début de l’année 2013, le président Barack Obama avait lancé un groupe de travail gouvernemental qui devait trouver des solutions au problème de la violence liée aux armes. Cette commission était alors dirigée par le vice-président Joe Biden.
Au total, seuls 54 sénateurs ont voté en faveur de la mesure, alors que 60 voix étaient requises. Contre toute attente, quatre démocrates ont fait défection et se sont joints aux républicains. Barack Obama a immédiatement tenu une conférence de presse durant laquelle il a annoncé « C’est un jour de honte pour Washington ». Un échec amer pour une des plus importantes réformes promues par le Président Obama depuis quatre mois. « Son plus gros échec » titrait même Le Monde.fr. Le rejet du texte marque une défaite politique déplaisante pour Barack Obama, qui a investi un capital politique considérable sur ce thème.
Le débat sur l’armement avait été relancé par la tragédie de Newton qui a mené l’Amérique à réinterroger sa politique en matière d’armement. Rappelez-vous. Le 14 décembre 2012, Newton devient le théâtre d’un nouveau massacre sous les yeux scandalisés de tout un peuple. Cette tragédie avait laissé un bilan aberrant: Adam Lanza, âgé de 20 ans, avait exécuté près de 20 enfants et 7 adultes en moins de vingt minutes. Obama avait prononcé « l’un des discours les plus forts de sa présidence » pour réconforter les familles des victimes. « Nous ne pouvons plus tolérer cela. Ces tragédies doivent cesser », telles étaient les déclarations du résidant de la Maison-Blanche.
Pourtant, avant le massacre de Newton, le président américain ne s’était jamais vraiment impliqué aussi personnellement pour obtenir un renforcement de la loi sur le contrôle des armes à feu. Bien qu’il y ait, sous sa présidence, de nombreuses fusillades meurtrières au Texas, en Virginie ou encore en Arizona, le sujet n’avait pas été mentionné durant sa campagne. Mais après un tel massacre, il s’est trouvé dans l’obligation d’agir.
But could he really ?
Toutefois, une telle réforme n’est pas sans difficulté. En effet, le retour à l’interdiction des armes d’assaut reste un sujet sensible en Amérique et sera sans doute la mesure la plus difficile à faire passer. De plus, ce n’est sans compter sur un obstacle (presque) insurmontable: La NRA, the National Rifle Association, qui est l’un des lobbies les plus puissants du pays, avec pas moins de quatre millions d’adhérents. C’est également un lobby politique très influent qui, à chaque élection, promet de soutenir le candidat qui suivra ses idéaux. Immédiatement, la NRA a menacé Obama de mener à son égard « le combat du siècle. »
Des disputes familiales tournant au meurtre, des fusillades coutant la vie d’innocents dans la rue ou dans des écoles et des universités, des homicides, des suicides, autant d’exemples qui continuent quotidiennement de faire la Une des journaux américains. Autant de phénomènes tragiques qui sont la conséquence directe de la disponibilité et de l’accessibilité des armes.
Des statistiques provenant de la Violence Policy Center montrent une certaine corrélation entre le nombre d’achats d’armes et le nombre de victimes d’une arme à feu. In fact, more guns more shoots, no ?Selon la Violence Policy Center, ce sont près de 86 personnes qui meurent quotidiennement à cause des armes à feu. Un chiffre aberrant qui mène à une moyenne de 30 000 personnes par an. Selon la même institution, environ 310 millions d’armes à feu sont en circulation aux États-Unis, soit une moyenne d’une arme par habitant. Des statistiques qui sont pour le moins dramatiques.
Afin d’éclairer la situation, il serait nécessaire de remonter un instant à la source de ces drames. Le 16 décembre 1791, le deuxième amendement de la Constitution des États-Unis d’Amérique, la fameuse Bill Of Rights, garantissait pour tout citoyen américain le droit de porter des armes. Depuis lors, une grande partie du monde reste déconcertée face à cette loi américaine sur l’armement.
En outre, de multiples interrogations subsistent sans réponse. Comment doit-on comprendre que la démocratie la plus avancée puisse tolérer une telle violence en son sein ? Une Amérique qui s’enorgueillit elle-même d’être « un bastion de raison et de civilisation dans un monde empli de violence ». Au-delà de toute cette violence motivée par les armes à feu, il semblerait que c’est bien plus qu’une simple question de crime. C’est avant tout une large crise de la santé publique dont le crime est l’aspect le plus reconnu.
Mais une telle barbarie doit-elle réellement devenir la conséquence (in)directe d’une société libre ?
Chaïmae Ouaret