On pourrait presque en sourire si la réalité n’était pas aussi frappante. Presque. L’Histoire nous l’a prouvé à maintes reprises et pourtant, elle continue de se répéter. Quand le monde part un peu en vrille, il faut trouver un coupable tout désigné. Actuellement, la mode est à la peur du migrant (musulman) menaçant.

Et la tactique est plutôt bien ficelée. Personne ne peut contester l’importante vague migratoire, principalement au large des côtes méditerranéennes. Et plutôt que d’essayer de trouver des solutions concrètes et envisageables, on nous ressert, à grands coups de médias, s’il vous plaît, des images de bateaux bondés accostant le long de nos côtes, accompagnés des mêmes mots inlassablement débités : « peur », « surpopulation », « coût » ou encore « menace ».

Les partis d’extrême droite- pour ne citer qu’eux- s’en donnent à cœur joie et se servent de ces informations pour nous mettre en tête qu’il existe deux types de migrants, le bon et le mauvais. Le « bon » migrant est celui qui s’intègre, qui s’adapte à notre culture, tandis que le « mauvais » transite entre deux destinations et menace notre sécurité, nos emplois (si, si) et notre stabilité.

Car, oui, c’est bien connu, notre pays fonctionnait à merveille avant l’arrivée de tous ces « clandestins ». L’économie se portait plutôt bien, les pensions étaient assez hautes et le chômage en voie de disparition.

Il faut donc à tout prix faire disparaître toute possible émotion du citoyen et lui enlever de la tête toute idée de possible solidarité. Voilà pourquoi, désormais, si vous abritez des réfugiés du Parc Maximilien, vous êtes des « naïfs qui détruisent la sécurité sociale et nuisent aux pensions de vos semblables. », dixit monsieur De Wever. J’espère que vous culpabilisez un peu, là ?

Mais que faire d’un cas délicat comme celui de la petite Mawda ? A qui la faute, finalement ? A la police, à l’Etat ou aux parents ? A ces irresponsables parents inconscients qui auraient mieux fait de rester là où ils étaient, et tout ceci ne leur serait pas arrivé ? Une balle perdue, vraiment ?

La migration est un réel problème qu’il faut traiter intelligemment et avec respect. Parler de « migrants » est plutôt facile et déshumanisé. Mais que faire de Mawda, d’Aylan et de tous ceux dont on n’entendra jamais parler mais qui ont laissé leur vie en mer ? Avec quels mots expliquer cela à nos enfants alors qu’ils ne perçoivent que des menaces ou des dangers extérieurs largement repris par quelques politiques avides d’électorat puissant ?

Puissions-nous ne jamais avoir à quitter notre pays par peur. Puissions-nous ne jamais être portés par des bateaux de fortune sur des mers instables. Puissions-nous ne jamais être rejetés par des peuples gérés par la peur qu’on leur inculque.

Et si vous pensez toujours qu’un migrant ne sachant pas parler votre langue, ne connaissant ni votre pays ni votre culture et n’ayant sans doute pas la qualification adéquate risque de vous voler votre travail, c’est que vous ne le faites vraiment pas bien.

Alexia Zampunieris

 


Alexia vient de publier son nouvel ouvrage intitulé « Mademoiselle cherche le soleil » aux Editions Chloé des Lys à découvrir ici