La tragédie de Charlie Hebdo et les attentats survenus à Paris la semaine dernière ont suscité un engouement médiatique tel que la course au scoop et son imprudence l’a emporté sur le principe de précaution, cher à la déontologie journalistique. Ainsi, la présomption d’innocence a été atteinte, par plusieurs médias.
En une de La Meuse du samedi 10 janvier, quotidien régional édité par le groupe belge Sudpresse, on peut lire que « Justice est faite ! ». La justice, le légal, parlons-en. Sur cette première page, l’atteinte à la présomption d’innocence est claire et même multiple. Chacun des trois suspects se voit attribuer le double statut « d’assassin-terroriste ». Cependant, comme le stipule la loi Guigou 2000, « tout prévenu est présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait été déclaré coupable ». À partir du moment où la justice ne s’est pas prononcée sur la culpabilité d’une personne, elle peut et doit même jouir de ce droit.
Cette une a d’ailleurs suscité des réactions, d’abord sur les réseaux sociaux, mais aussi celle d’un des chefs d’édition du journal, menacé de licenciement pour avoir critiqué ce choix éditorial (Pour en savoir plus).
Il est important de rappeler, en vertu du droit français et du droit de la presse, que si les frères Kouachi et Ahmed Coulibaly ont revendiqué ces attentats, leurs aveux n’ont aucune valeur juridique. De même, les indices qui tendent à constituer des preuves de leur culpabilité, comme la carte nationale d’identité d’un des tueurs présumés n’en font pas plus des coupables tant que l’enquête et le procès n’ont pas prononcé de verdict.
Une couverture médiatique à outrance
À de nombreuses reprises, les chaines étaient présentes sur les lieux et suivaient en direct plusieurs interventions des forces de l’ordre. Si cela permet de « garder le public en haleine », cela aurait pu compromettre le bon déroulement des actions mises en place.
Maëlle Hamma
*Cette revue de presse n’a pas pour objectif de déculpabiliser ou d’innocenter les auteurs présumés des attentats de Paris. Le but étant de constater un manque de prudence et l’atteinte à la présomption d’innocence dans le traitement médiatique de ces attaques terroristes. Les journalistes restent des garants de l’information et doivent être prudent dans leur façon de transmettre l’information, sans intérêt quelconque.