En réponse aux tragiques journées hivernales en Europe, les communautés musulmanes et juives étaient partagées entre peur et tristesse, effroi et union. Les tueries de Charlie Hebdo en France et celles de Copenhague au Danemark ont ému le monde. Des évènements poignants qui ont encouragé des mouvements de solidarité afin de faire face à la peur et à l’intolérance. Après une chaîne humaine en Norvège autour d’une synagogue, c’est au tour de la Belgique de vivre un élan citoyen, sous la symbolique d’une coexistence.
Aujourd’hui, c’est la Belgique qui voit la manifestation concrète du vivre ensemble. Depuis aout 2014, la synagogue d’Arlon a fermé ses portes. Risques d’effondrement, vétusté du bâtiment et humidité ont été constatés obligeant à mettre la clé sous la porte. Depuis, les fidèles improvisent et pratiquent leur culte dans un bureau de l’ancien hôtel de police.
« Depuis que la synagogue est fermée, je suis un peu orphelin ! Je n’ai pas envie de devenir le juif errant » témoignait Jean-Claude Jacob, le rabbin d’Arlon dans un article paru dans le journal « La Meuse », ce mercredi 18 février. Suite à la publication de l’article, la communauté musulmane arlonnaise a décidé de réagir. Informée de l’état alarmant de la synagogue d’Arlon, lieu de culte juif le plus ancien de Belgique, l’association des Musulmans d’Arlon (AMA) a lancé un appel au don pour la rénovation de la synagogue : « En tant que gestionnaire de lieux de culte, nous ressentons la difficulté de notre communauté juive arlonaise de ne pouvoir disposer d’un lieu de prière en bon état et nous souhaitons organiser une collecte de dons pour apporter notre aide et témoigner publiquement de notre solidarité. Conformément à nos valeurs de générosité et d’entraide, la communauté musulmane d’Arlon est prête à donner un coup de main à ce chantier d’intérêt général » explique Mohamed Bouezmarni, Secrétaire général de l’AMA.
Ces actions humanistes, devenant nécessaires, bourgeonnent petit à petit en Europe. Abstraits de toute différence, les citoyens européens prennent conscience que les plaies, encore ouvertes, doivent être pansées par la mobilisation. Une démarche valorisant la dignité universelle, loin des discours va-t’en guerre, entamant une longue marche vers la paix.
Nikita Imambajev