Salut ma belle,

Oui, Aurélie, je tappelle ma belle, peut être que je suis sexiste en disant ça, mais de mon point de vue, la beauté est subjective et quand jaime bien quelquun je le trouve beau ou belle, cest grave que je tappelle comme ça ? Tu me diras…

En tout cas, jespère que tu confines bien à Marseille et que même si tu ne peux pas profiter autant que tu le voudrais de la plage et des embruns, tu ty retrouves… Dailleurs, comment tu gères ce truc de confinement toi ?

Moi javoue que je me laisse un peu vivre (une douche un jour sur deux, les cheveux en bataille tous les jours et je tente de refuser le visio pour éviter davoir à faire un effort), mais est-ce que je fais bien ? est-ce que ça fait de moi une sous femme comme le laisse entendre certains magazines féminins ? ou au contraire, est-ce que ça me permet de mettre en avant une autre forme de féminité ? Franchement, je minterroge… est-ce que cest les codes de féminité qui font de nous des femmes ? est-ce quon a le droit de se faire plaisir sans forcément que cela induise que nous sommes soumises aux diktats patriarcaux ?

Toi quand tu te maquilles, te coiffes, te parfumes, cest pour plaire à lautre ou à toi ?

Hello !

Grave ?! Je ne pense pas mais je me rends compte que je n’utilise que rarement cette expression. Et que si je l’utilise, c’est que je trouve la personne belle, réellement et je ne parle pas que physiquement.

Je confine, je confine ! La mer est seulement à quelques centaines de mètres mais elle me manque. Mais j’ai la chance de profiter d’une terrasse, d’un barbecue et d’un bout de calanque alors je ne me plains pas. Et toi le 93 ?

J’ai l’impression de bien le gérer. Même de bien le vivre. Mon tempérament d’hyperactive est rudement mis à l’épreuve mais je me rabats sur autre chose. La cuisine ! Une addiction est toujours remplacée par une autre m’a t’on dit !

Concernant mon « moi » physique : je prends une douche tous les jours. Je me parfume tous les jours. Je n’ai pas réussi la « cure de sébum » conseillée par toutes les blogueuses, rester les cheveux sales …. Comment dire ? Je ne peux pas. La semaine dernière, je me suis fait les ongles. Et à propos des poils, je suis toujours en guerre contre eux donc moins j’en ai mieux je me porte. Et ça n’a pas changé. Côté look, je porte un jean quand je dois sortir sinon je suis en tenue « de maison » : legging, pantalon en coton, brassière, pull loose. Je n’ai jamais vraiment aimé les pyjamas. J’aime être « habillée » même chez moi.

Si toi, tu te sens bien avec une douche sur deux et les cheveux en bataille, c’est le principal non ?! Une « sous femme » ? C’est une nouvelle catégorie ? Je plaisante parce qu’à l’heure actuelle les combats/luttes créent plus des catégories, des cases dans lesquelles il faut que nous, Femmes, on trouve notre place. On ne peut pas être simplement femme ?

J’ai toujours eu ce tempérament à me dire « fais le pour toi ». Alors, je le fais pour moi en premier lieu. Je peux le faire pour plaire à l’autre. Je peux le faire pour remplir mon égo. Et aussi parfois, pour attirer l’attention. Je me maquille très peu alors peut être que je préfère rester « presque » naturelle.

J’ai parfois la tendance à me dire que la question de sa propre féminité et du poids des diktats est intimement lié à notre confiance en soi physique & psychologique. Que cela va et vient avec l’âge. C’est bien évidemment facile de poser ça sur le papier quand définir le mot féminité est une difficulté pour ma part. Moi qui ne porte jamais de talons, qui est en baskets peu importe l’occasion, cela fait-il de moi une femme non féminine ?

ET oui, la beauté, c’est un concept en soi…

C’est marrant que tu me dises ça, parce que justement moi je mets que des talons. En soi, c’est surtout parce que je suis minuscule et que ça me permet de gagner quelques centimètres, mais c’est aussi parce qu’ayant fait pas mal de danse, je me sens mieux comme ça… C’est marrant parce que tu vois, c’est souvent considéré comme un attribut hyper féminin, hyper gênant (talons aiguilles pour que les femmes ne puissent pas courir) et pourtant, ça ne m’a jamais empêché de le faire. Voire, je cours mieux en talons qu’en basket, à peu de choses près…

Je crois que ces questions de féminité et de codes de ce qui est féminin ou pas dépend en effet de la manière dont celle-ci nous a été ou non transmise et comment. Chez moi, la féminité séductrice était assez mal vue, j’avais interdiction de me maquiller (ce que je fais toujours très peu et seulement pour mettre une sorte de « masque social »), de mettre des jupes, d’avoir les cheveux longs, car ma mère considérait cela comme des ennuis. Mon père était flippé à l’idée que moi ou ma sœur on attire l’attention et il nous disait qu’être femme c’était rester discrète… Je n’ai jamais bien réussi.

Résultat, petite, je pensais que c’était une sorte de malédiction d’être une femme. Je le refusais d’ailleurs … Jusqu’à ce que j’aie mes règles, je me faisais croire que je n’étais ni l’un ni l’autre. Ma mère me répétait que je n’avais pas la possibilité d’avoir les cheveux longs car ils n’étaient pas assez beaux et que c’était mal de vouloir être jolie…

Etre femme, c’était donc un concept très complexe pour moi… Il a fallu que je devienne mère finalement et d’une fille pour que je commence à m’épiler (oui… j’assume mais j’ai eu la chance d’être très peu poilue), à aller chez l’esthéticienne parfois, à mettre du mascara… Avant ça ne me parlait pas. J’avais en tête que pour être femme il fallait que je sois encore plus neutre que les hommes, marrant non ? Quand on me regardait comme une femme, limite ça me gênait…

Aujourd’hui quand j’y pense, je me dis que décidément j’ai pas été aidée et pourtant quand je vois ma fille, à l’aise dans son corps féminin, je me dis que tout n’était pas perdu…

Depuis qu’elle est petite, je tente de lui transmettre autre chose, qu’il n’y a pas de mauvaise ou de bonne féminité et qu’être femme c’est être un être humain. Il a fallu que je rencontre Annie pour cesser de haïr mon corps féminin. Car je crois bien que je l’ai longtemps haï, pensant que c’était une sorte de malédiction.

Tu vois par exemple, dans mon 93 comme tu dis, (même s’il n’est pas qu’à moi, j’accepte de le partager), j’ai la chance d’avoir un jardin. Je n’ai aucun problème à y danser à moitié nue comme toute à l’heure, dès qu’il fait beau. Cela me donne le sentiment d’être bien avec mon corps et franchement dans mon intimité de foyer, je m’en fous d’être à moitié nue. En revanche, je peux être très mal à l’aise sur la plage, quand y a trop de regard sexualisé. J’ai tendance à me sentir plus à l’aise avec ma féminité quand elle est un rapport à moi, une façon d’être avec moi-même, de me sentir bien dans ce corps qui bouge, qui vieillit.. au point que je crois bien que je le deviens de plus en plus femme en fait. Même avec mes cheveux blancs qui dépassent et que j’hésites même à garder.

Annie avait 63 ans que je l’ai rencontrée et je n’ai jamais vue femme aussi belle à mes yeux… J’avais envie de lui ressembler et c’est elle qui m’a appris à être fière de cette féminité qui n’est pas codée, pas définie par l’autre, mais juste par le fait d’être avec soi, bien avec soi, ce qu’on est même si on ne correspond pas aux codes.

Chez moi, c’était plutôt risqué la féminité assumée on m’a appris à en avoir peur et il a fallu des étapes pour que j’en sorte, que je me sente femme, malgré ma maigreur, malgré mon tempérament et c’est aussi dans mon foyer que je me sens le plus. Finalement, je pourrais presque dire que ce confinement me ramène à cette féminité que j’aime et qui consiste à prendre soin de soi et des autres en même temps (j’ai pris une douche ce matin, mais reste en maillot de bain et short, je n’ai pas de vrais pyjamas non plus).

Tu vois pour moi, la nudité fait aussi parti de la féminité, mais bien sûr qu’elle ne s’expose pas toujours… Dès que je peux me débarrasser des fringues, des pulls, des jeans, je me sens plus femme… C’est étrange non ? J’ai comme un besoin de revenir à la base, à l’essentiel… Et danser… C’est comme ça que je me sens le mieux.

Et toi ? Comment ça t’est venue de faire les choses pour toi ? Vu que ça m’a pris des années et que je sens que plus j’avance, mieux je me porte, je me demandais comment tu avais acquis ça ?

J’ai eu le droit de me couper les cheveux très tardivement. Je les avais longs jusqu’aux fesses ! Je te laisse imaginer le calvaire tout l’été en rentrant de la plage … Heureusement, je crains très peu les cheveux !

La question du maquillage s’est posée en fin de 3ème. Ma mère m’a enguirlandée avec du mascara transparent. J’en mettais une tonne pour tenter de voir un résultat. Elle m’a bien eue ! C’était clairement de la protection. S’exposer, c’était quelque part se mettre en danger.

Ce qui est « drôle » c’est l’effet que ça a eu. Je n’ai jamais eu un style vestimentaire « moulant », « près du corps » mais j’ai toujours porté des couleurs, des motifs, du voyant ! On voit mes vêtements mais pas mon corps. Avec l’âge et le recul, je trouve ça tellement plus sexy de deviner un corps plutôt que de le dévoiler au grand public. C’est quelque chose que je n’ai jamais su faire : si je porte du moulant en haut, je porte du large en bas et vice versa. En dévoiler mais pas trop. J’aime aussi me dire à travers ce comportement qu’on s’intéressera à moi pour que j’ai dans la tête et non pas mon soutif. Mes vêtements sont une partie intégrante de ma personnalité. Ça, je le dois à ma mère qui m’a dit toujours dit de porter ce que j’avais envie. Peu importe ce que peuvent en penser les autres.

Le vernis, c’est arriver tard. Il y a cinq ou six ans, je dirais au grand malheur de mon père ! Il s’y est bien habitué depuis et puis il n’a pas eu le choix. Avant, j’avais l’impression que ce n’était pas moi. Et quand je ne sens pas moi, rien n’est possible. Je passe une mauvaise journée. Mais très honnêtement, je ne me souviens pas de la dernière fois où s’est arrivé.

J’ai grandi dans une cellule familiale très masculine. Première petite fille d’une flopée de garçons, il a fallu faire sa place. Ma grand-mère m’achetait du rouge à lèvres et me tressait les cheveux impeccablement tout en me disant de ne pas me laisser faire sous prétexte que j’étais une fille. J’ai donc grandi avec une grand-mère qui, dès le départ, m’a « positionnée ». Elle m’a aussi dit un jour « qu’on ne pleure pas pour un garçon plus bête que soi ». Elle me manque beaucoup cette grande dame mais je m’écarte un peu. Il a fallu attendre quelques années et quelques autres naissances pour que d’autres filles arrivent dans la famille donc j’ai pendant longtemps été « la fille » de la famille sans élément de comparaison. Ça a surement aidé à m’accepter et faire les choses pour moi sans regarder ce que faisait l’autre. Mon fort caractère que mes parents ont aidé à développer a bien dû servir à nourrir cette approche.

Concernant la nudité, elle est, pour moi, intime. Elle m’appartient. Cela ne veut pas dire que je ne suis pas à l’aise avec. Cela veut dire que peu de personne verront mon boule. Les vêtements, c’est une protection. Se mettre à nu a aussi le double sens. La vulnérabilité … On en parlera une autre fois !

Durant le confinement, je peux avoir envie d’être dans un gros pull comme me trimballer en soutien-gorge et en legging. Je n’ai pas le sentiment que le confinement altère ma féminité bien au contraire sans être forcément à moitié nue, en robe ou en maquillée. Alors, ça en devient délicat pour moi, d’être interpellée sur les réseaux sociaux avec « faut qu’on arrête de nous dire comment on doit se comporter avec nos poils, nos couleurs de cheveux, nos strings, etc ». Parce qu’en fait, je m’en fous. Je m’en fous de ce que font les autres avec leurs poils, leurs cheveux gras ou non et leur guêpière ». Et en vrai, j’ai l’impression que mes amis mecs sont plus en galère avec leur dégradé et leur barbe que moi avec mes poils et mes cheveux longs.

C’est en écoutant Rohff qui vient de sortir un son que je t’écris. En effet, je pense que les gars sont tout autant voire plus en galère que nous ! J’ai rasé la tête de mon chéri, alors que je laisse mes cheveux vivre un peu en mode Buffy qui a bu trop de bière ! C’est un style, c’est évident !!!

C’est marrant ce que tu dis sur ton corps, j’ai un peu la même perception à partir de là où je suis. Je constate que finalement on est assez nombreuses à « cacher » ce corps qui n’est pas une évidence. Souvent je me demande pourquoi nos corps font autant l’objet de réflexions alors que le corps masculin me semble beaucoup moins poser question. Au-delà de la dimension évidemment sexiste et objectivante, c’est aussi quelque chose que j’interroge d’un point de vue plus anthropologique.

Notre rapport à nos corps féminins semble être un trajet pour chacune d’entre nous. Est-ce à dire que notre corps est plus intime pour nous ? Qu’il est davantage notre « maison » et qu’à ce titre, on cherche à le décorer, le rendre agréable à visiter, à intégrer ? Je dis ça et en même temps, je connais des hommes, généralement qui ont un peu de bouteille qui peuvent aussi exprimer leur besoin d’être touché, de se sentir bien dans leur corps et à leur avantage sans forcément que cela soit une forme d’efféminité… Je ne parle pas des jeunes éphèbes mais d’hommes qui assument cette part de « féminité » dit on… est-ce ça la féminité finalement, une certaine accointance avec son corps, l’accepter comme le foyer de vie ultime ? Toi aussi tu sais combien le foyer compte, avoir son chez soi, y être bien, s’y projeter. Personnellement, j’ai besoin de me sentir bien chez moi, d’y revenir régulièrement, c’est à la fois mon antre et le lieu de ma sociabilité. J’aime faire passer des gens chez moi, même si je les choisis, mais je sais que c’est chez moi que j’aborde l’autre dans toute sa vérité. C’est étrange à écrire, mais j’ai plus l’impression de rencontrer quelqu’un quand je le vois chez moi. Je m’y sens plus à meme de le voir vraiment, presque plus disponible que dehors dans un café.

Je sais qu’on est peu à fonctionner comme ça. Normalement, le chez soi, c’est de l’intime justement, mais comme pour la nudité, comme tu le dis bien, ce n’est pas pour tout le monde, mais en avançant en âge, je réalise combien cette intime a pu être problématique pour moi et c’est ma façon de me réconcilier avec… Etre chez moi, inviter chez moi, c’est comme danser nue dans mon jardin (hors regard indiscrets justement). C’est comme si pour moi, l’extériorité avait une forme de superficialité qui ne permettait pas d’être dans des relations profondes…

Ce que tu dis sur le dévoilement, je le partage tout à fait. A mes yeux la sensualité est plus séduisante que l’exposition directe de la sexualisation, deviner, esquisser, effleurer, c’est tellement plus intéressant, mais là encore, c’est une conception de l’érotisme qui n’est pas la tendance… Cela va à l’encontre du porno, du sexy « assumé » des jeunes filles (même si j’interroge encore et toujours cet aspect, car je me dis que nos sexualité, sensualité comme la nudité, le foyer, etc, c’est de l’intime et donc même si tu choisis de l’ouvrir, cela ne doit pas s’exposer), de l’hyper sexualisation des jeunes femmes.

Notre sexualité commence à intéresser davantage et c’est vrai que je trouve intéressant les dimensions femalegaze qui justement suggère plus qu’elle ne montre, dévoile, rendent compte d’une sensualité qui ne se cantonne pas aux signes extérieurs du sexuel (seins, cul, ventre plat, etc). Et toi ? Tu en penses quoi ? Cela t’a fait changer des choses ou au contraire, c’est quelque chose de normal et naturel pour toi ?

Je ne sais même pas si je vais répondre à ta question. Je n’ai pas l’impression d’être « influençable » par ce qui se passe dans les médias. Je me dis que c’est bien pour celles qui doutent, qui hésitent, qui ne savent pas ou qui n’osent pas. Ça met un « pied dans la porte ». J’aime l’idée que ça puisse faire taire certains hommes. Ça fait du bien aux femmes en général. Par moments de doute, je repense aux grandes dames d’hier ou d’aujourd’hui qui ont apporté leur petite ou grosse pierre à l’édifice. Maintenant ce qui serait cool, c’est que les hommes le permettent mais que les femmes aussi. On parle assez peu, je trouve, de la jalousie féminine. La sororité n’est pas encore partout au rendez-vous.

Fondamentalement, un homme et une femme sont opposés. Je n’invente rien ! J’aime l’idée qu’une femme puisse amener quelque chose de différent. J’aime encore plus l’idée qu’on s’y intéresse pour ce qu’elle amène et non pas parce que c’est une femme. Je ne fais pas partie de cette team #ParEtPourLesFemmes (aïe, je ne vais pas me faire que mes amis !). Je travaille avec des personnes pour leurs compétences pas pour leur genre. J’ai la valeur travail qui définit quelqu’un par ses compétences, ses savoir-faire, son ambition pas par son sexe. J’exerce mes différentes activités dans des milieux très masculins et je m’y retrouve aisément.

Concernant mon « chez moi », quand j’invite une personne, c’est qu’elle a déjà bien ma confiance. Pour moi, c’est plus une validation plus qu’un terrain de « test » ou de « confrontation ». Ma maison, c’est toute mon intimité.

Je suis d’ailleurs très heureuse d’y être durant ce confinement. Je me pose parfois la question de comment j’aurais réagi à être bloquée ailleurs. Là, je suis chez moi avec toutes mes affaires, mon casque et moi-même.

Je comprends très bien et partages bien ton idée que la question du genre (qui reste pour moi-même théoriquement problématique si elle est prise pour argent comptant) n’est pas cruciale dans ce débat, mais que c’est bien l’altérité, la         manière dont l’autre est autre qui fait la diff et l’intérêt du monde. Précisément, dans cet intime de nos foyers, de nos corps aussi, ta posture est tout à fait compréhensible et intéressante, de mon côté, c’est lié à mon histoire et à ma difficulté à dire « Je ». Ce n’est pas un modèle de fonctionnement loin de là et j’en ai bien conscience…

Au-delà de l’influence potentielle, je crois personnellement que la question de l’autre est une dimension cruciale et que l’influence des images et des discours sociaux se font malgré nous, malgré notre construction individuelle, d’où la nécessité de déconstruire et nous devons toutes le faire.

En cette période de confinement, même si j’aime mon chez moi, je commence à le ressentir comme enfermant. Je sens que j’ai besoin non pas d’aller vers l’autre au sens de l’extériorité pure (même si mes déplacements incessants me manquent et que je redors très mal, tu vois je t’écris à 3h37 comme Isha !! et surtout bien plus tôt que je n’aurais voulu), mais que le lien humain commence à manquer…

Je dois même dire que je ne suis pas certaine d’aller hyper bien alors que cette situation aurait pu me convenir tout à fait. Etrangement comme j’aime faire plein de trucs, j’apprécie aussi beaucoup le rien, le vide, l’être avec moi-même ; J’aime ma solitude chez moi, car je ne manque pas de contacts et de relations le reste du temps… L’équilibre entre les opposés m’importent car je ne crois pas aux couples binaires/opposition. J’estime que l’un et l’autre sont réversibles et que ce ne sont pas des espaces opaques l’un à l’autre. Par exemple, quand je parle de masculin/féminin, je ne parle pas d’hommes et de femmes, mais de ce qui se nomme classiquement féminin et masculin qui ne sont pas opposés, loin de là, mais bien différents. Ni opposés, ni complémentaires, ni même, juste différents comme deux individus et deux corps différents. A ce titre, hommes et femmes possèdent du masculin et du féminin et le problème tient plus à la manière dont on conçoit le féminin et non les opposés en soi. C’est en ceci que les points de rencontres sont possibles et souhaités (en mode homo ou hétéro, ça ne change rien, c’est rencontre sans que celle-ci porte en elle des formes de violence auxquelles je ne peux pas me résoudre comme fatalité… et là je touche une limite, je le sens bien, car il me faudrait bien plus d’espace pour le développer et je réécrirais ma thèse de 2005 !!! Je vais t’épargner ça !!!

Je suis très contente de ne pas vivre ce confinement seule. Actuellement, ça me rapproche énormément de « l’autre » dans mon chez moi. Je sais que je n’aurais pas pu vivre cet enfermement seule. Il me rassure. Quant aux autres, je me rends compte que je passe beaucoup de temps sur mes activités professionnelles. Les moments simples comme le café avec les copines, les repas avec la famille sont devenus rares. Je vais, je pense, essayer de changer ça après.

Je ne parlerais pas « des autres » au sens large du terme parce que je vais faire des généralités. C’est un sujet à part entière qui ne méritent pas deux pseudos phrases avec des mots de dictionnaire.

C’était ma dernière réponse parce que confinement oblige, j’ai un sacré programme qui m’attends : me doucher, faire un bon petit plat, contacter les artistes avec lesquels je travaille pour savoir comment ils avancent, avoir une réunion en visio (je mets des boucles d’oreille et je me parfume, j’ai l’impression d’aller bosser), regarder un film ou commencer une série, appeler ma famille ou mes amis en visio et faire un peu de sport. Ça, c’est vraiment les meilleures journées du confinement.

Pour ce qui est de la féminité, je te souhaite de te continuer à être toi. Que je sois en couple, célibataire, confinée ou non, je vais faire comme à mon habitude et prendre soin de moi.

Aurélie Pomponette et Benjamine Weill