Un proverbe africain dit qu’un homme sans culture ressemble a un zèbre sans rayures. Oscillant entre l’Europe et l’Afrique, entre les études et l’entrepreneuriat, Alohanews a eu le plaisir de rencontrer Micheline Lejeune, fondatrice de la marque Mbombo et zèbre aux rayures bien assumées.

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Michèle Lejeune, fondatrice de la marque Mbombo.
Micheline Lejeune, fondatrice de la marque Mbombo.

Bonjour Micheline, qui es-tu ?

Je m’appelle Micheline Lejeune, j’ai 24 ans, j’ai vécu en région parisienne et en Belgique. Je suis d’origine camerounaise, et bien sûr j’ai grandi au Cameroun.

Tu es une étudiante et entrepreneuse. À côté de tes études, tu as une ligne de vêtements qui porte le nom de Mbombo. Comment arrives-tu à concilier ces deux occupations ?

Je ne sais pas (rires) ! Je fais comme je peux avec le temps que je trouve et, de toute façon, je pense que quand on aime bien faire quelque chose, on trouve toujours du temps. Donc c’est comme ça que je procède. Dès que j’ai du temps, je le passe sur mon pc, je bosse.

Que veut dire Mbombo ?

Je suis originaire d’une ethnie qui s’appelle « bassa » au Cameroun. « Mbombo » veut dire « mon petit moi ». Au Cameroun, dans ma famille en tout cas, tout le monde s’appelle mbombo, que ce soit les petits ou les grands. C’est un rappel affectueux entre nous tous.

Je suppose qu’il y a une histoire derrière ce projet, peux-tu nous parler de comment tout a commencé?

Oui, c’était tout à fait spontané puisqu’à la base je voulais acheter des peignes pour mes copines. J’avais regardé sur YouTube une vidéo de Juliette Smérada qui est une sociologue et qui parlait des peignes afro et de leur histoire. Je me suis dit que ce serait chouette d’en trouver pour mes copines. J’ai commencé à fouiller dans les marchés à Yaoundé et c’est comme ça que, petit à petit, je me suis tournée vers les tissus, vers les bijoux, etc. Puis je me suis lancée. Une petite voix dans ma tête m’a dit : « fais-le ».

Est-ce que tu es la seule à porter ce projet ?

Pour le moment je suis toute seule, mais je demande toujours des conseils à mes amies. Par ailleurs, tous les modèles sont des copines. Quand on a une idée, on se focalise dessus et on dit que c’est comme ça. Je demande souvent l’avis de mes amies.

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Tu nous parles de tes mannequins, qui sont tes amies aussi. On remarque que ce ne sont que des femmes noires qui sont représentées. Un hasard ?

Pas du tout ! Au départ, j’ai voulu donner de l’espace aux femmes noires. Le but étant d’avoir de la visibilité. De voir des femmes au pluriel. La plupart des femmes qui sont représentées dans les magazines sont des mannequins blancs, aux cheveux lisses. Bref, l’idéal féminin occidental classique. J’ai la volonté de déconstruire ce cliché et inspirer mes petites nièces qui veulent devenir mannequins et qui portent leurs cheveux afro. J’en suis fière.

Est-ce qu’il y a un engagement derrière la marque ?

On peut dire ça. Je n’ai pas pensé qu’à moi en la faisant. J’ai pensé à celles qui regarderaient aussi et qui voudraient aussi se reconnaître. Il n’y a pas de problème chez les femmes noires à s’y identifier aux femmes blanches, donc ça pourrait aussi être très bien le contraire. Les femmes blanches pourraient tout aussi bien s’identifier aux femmes noires et porter leurs vêtements. Donc en effet il y a un côté engagé que je ne peux pas nier.

Quel regard portes-tu sur le commerce ethnique en Europe ?

En ce moment il y a pas mal de marques qui sont en train de monter, c’est vraiment chouette. On se rend compte que les tissus sont beaucoup plus riches. Il y a beaucoup de marques industrielles internationales qui produisent en masse, alors qu’on aimerait bien avoir sa petite individualité. Dans le tissu afro on la retrouve. Ce sont des tissus qui sont faits en séries limitées. On a donc cette sensation d’unicité. On se sent unique. Quand quelqu’un achète un modèle, il est sûr qu’un ou deux personnes maximum l’auront.

Pour nos lecteurs qui seraient intéressés par tes créations, comment peuvent-ils se les procurer ?

Vous pouvez aller directement sur le site MonMbombo et commander. Vous pouvez aussi envoyer un mot sur Facebook, Instagram ou encore Twitter.

Propos recueillis par Boniface Munyaneza