Après trois projets mêlant influences trap, rock ou encore RnB, Usky revient pour nous livrer le dernier acte de sa trilogie “Porte Dorée”. Doc Martens, tatouages et dents en or, le rappeur Parisien n’a pas peur des extravagances et des mélanges de genres. C’est avec un album complètement décomplexé qu’Usky nous présente le “point culminant de tout ce qu’il sait faire aujourd’hui”.

Porte dorée saison 3 est disponible depuis le 21 février 2020, est-ce que tu peux nous parler un peu du projet ?

Usky : C’est la fin d’une trilogie, c’est le bilan, la synthèse, de tous mes meilleurs skills et de tout ce que j’ai pu faire au cours de ces trois dernières années et de tout le développement qu’il y a eu autour du projet “Porte Dorée”. C’est un projet qui mélange amour et violence, c’est ce qui me représente le mieux au final. C’est le point culminant de ce que je sais faire aujourd’hui.

Tu dis dans “Silence” :”J’me sens comme Lennon sous LSD, mes rêves de gosse sont à peine restés”, est ce que cette phase peut résumer le projet ?

Usky : Oui c’est ça, parce que dans tout le projet « Porte dorée » il y’a une forme de nostalgie, un peu d’amertume, beaucoup de nostalgie, et beaucoup de mélancolie. Des rêves j’en ai encore, mais la musique et la vie m’ont mis quelques claques qui m’en ont fait oublier une partie.

 

Dans “Paris c’est Gotham” tu dis :“Chirac me manque man, pour te dire à quel point nos vies sont dans le mal”. Est-ce une déclaration d’amour à la politique de Jacques Chirac ?

Usky : Cette phrase-là me fait beaucoup rire ! Je suis né au début des années 90, et Chirac représente dans l’inconscient des personnes nées à cette période un souvenir d’enfance, l’époque des francs, l’époque de cette France Black, Blanc, Beur, championne du monde cette France où on avait le sentiment d’être uni. Bien sûr que ce n’est pas une déclaration d’amour à la politique de Chirac, mais c’est juste un sentiment de flashback. Paris aujourd’hui c’est dirty, c’est gris. Quand je dis “Chirac me manque man, c’est dire à quel point nos vies sont dans le mal” c’est pour dire à quel point c’est grave d’en arriver à regretter des mecs comme lui.

 

Et tu penses que pour les jeunes d’aujourd’hui il y aura ce même sentiment avec Macron ?

Usky : Non je pense pas, parce qu’ils sont nés à Gotham City. Ils n’ont pas vu Paris devenir Gotham, ils n’auront pas cette nostalgie. On a connu une époque où il n’y avait pas de portable, où pour appeler un pote à toi t’allais en bas et tu sifflais. On faisait des freestyles dans la rue, on faisait des battles. Eux ils sont nés dans l’ère instagram. Après Macron il y aura un autre mec et ce sera encore pire, ils seront déjà là-dedans ils n’auront pas d’éléments de comparaison comme nous on peut en avoir. Je pense que la plus value qu’ont les gens nés dans les années 90 c’est qu’on est entre deux générations. On a un rôle à jouer, dans les projets qu’on propose.

“Mon père écoutait Porte Dorée S3 avant que ça ne sorte et il me disait “en fait j’ai l’impression que tu es le fils que Booba et Bashung n’ont jamais eu”

Dans le titre Confidentiel, tu dis : “J’écoute Bashung, pas Lil Pump” c’est un peu à ça que tu fais référence quand tu dis que tu appartiens à deux générations ?

Usky: En fait ça vient beaucoup de mon père, j’ai vraiment commencé le rap grâce à lui. Il m’a acheté mes premiers albums de rap : Les princes de la ville, Suprême NTM, etc. J’ai grandi avec le rap parisien, mais aussi avec beaucoup de chansons françaises, du Cabrel, du Bashung. Je me suis aussi tué à ça. Ce n’est pas que je n’aime pas Lil Pump, mais quand j’écoute “La nuit je mens” de Bashung c’est là où je prends mon pied. Plutôt que d’écouter un morceau un peu plus fast food de rap. Mon père écoutait Porte Dorée S3 avant que ça ne sorte et il me disait : “en fait j’ai l’impression que tu es le fils que Booba et Bashung n’ont jamais eu.

Dans douce folie tu dis “Baba m’a dit on a pas le destin que l’on choisit, regarde-moi bien avant de partir et claque la porte si t’as envie”. C’était compliqué d’expliquer à ta famille que tu te lançais dans le rap ?

Usky : J’ai appris avec le temps que la famille a aussi des défauts, mais ils ont envie de sécurité pour leur enfant, ils y croient, mais quand c’est compliqué ils n’essaient pas de te pousser. Je pense qu’au contraire c’est le moment où tu dois aller le plus à fond alors qu’eux vont te ralentir, parce qu’ils ont envie de sécurité pour leur enfant. C’est dommage que les parents ne comprennent pas que ce qu’eux considèrent comme le droit chemin, ce n’est pas forcément ce qui te rendra le plus heureux. Mes parents c’est pas qu’ils ne m’ont pas soutenu, mais ils ont essayé de me ramener dans cette forme de réalité, mais moi j’ai suivi mon instinct. C’est quelque chose dont je suis fier aujourd’hui parce que je suis là à parler de mon album !

Propos recueillis par Antoine Ollé