La virginité a toujours eu cette place de sacré dans les 3 religions monothéistes. Les histoires à son sujet sont si multiples qu’elles en ont créé des mythes, bien loin de la réalité. Aujourd’hui, la tradition est plus sacrée que religieuse et reste de très grandes influences dans les mentalités. La Vierge Marie, personnage ayant un rôle important dans le christianisme et l’Islam, est un des exemples qui valorisent ces femmes décidant de garder leur virginité jusqu’au mariage.

L’hymen ou le conte des petites filles

L’hymen, cette petite membrane existante ou non chez les femmes, suscite beaucoup de débats. La sacralisation de cette petite partie l’a fait éloignée du message premier dans la religion. La virginité et les rapports sexuels ont été limités à la pénétration vaginale. L’éducation sexuelle presque inexistante dans certaines communautés fait de la virginité un parfait inconnu. Certaines filles ou garçons utilisent d’autres pratiques sexuelles telles que la pénétration anale ou orale pour rester « vierges ». En réalité, l’hymen n’a pas de taille standard. Certains sont très élastiques et ne se rompent jamais, d’autres peuvent l’être sans pénétration et simplement lors de la pratique d’un sport tel que l’équitation, le vélo, la danse classique ou même avec l’usage d’un tampon.

Les hommes et le rapport à la virginité

Les relations hors mariages ne sont pas proscrites qu’aux femmes dans l’Islam, mais le sujet est abordé d’une manière différente pour les hommes. Le passage de l’histoire du prophète Joseph et de l’épouse d’Al-Aziz, Zouleikha, valorise le refus de céder à la tentation. Le fait de préserver sa virginité avant le mariage n’est pas la première chose mise en avant. Cette approche est bien loin de la réalité. La valeur d’un homme est évaluée par rapport à la vie sexuelle de la femme. Une pression est clairement mise sur les femmes plutôt que les hommes dans la société actuelle. Il y a un réel fossé entre les arguments avancés avec l’appui de la religion et le religieux lui-même. Bien que la femme et l’homme soient mis sur un pied d’égalité dans la religion, certains sont convaincus d’être « immunisés » de tout jugement divin.

 

La tradition prône sur le religieux

La pression sociale amène certaines jeunes filles, en Orient comme en Occident, à faire appel à l’hyménoplastie ou à utiliser une pilule pour simuler un saignement lors du premier rapport sexuel avec leur conjoint. L’hyménoplastie, cette pratique consistant à « reconstituer » l’hymen, donne raison à un système patriarcal. De peur de décevoir l’honneur de la famille, des jeunes filles se dirigent vers des spécialistes pour apaiser leur santé mentale. Peu importe le moyen utilisé pour leurrer leur famille ou leur conjoint, en aucun cas il ne résout le problème principal. En 2007, l’uléma Mohammed Hussein Fadlallah a émis une fatwa condamnant ces crimes d’honneur et autorisant l’hyménoplastie. Au-delà de ce besoin de gérer la vie sexuelle des femmes de la famille, certains hommes en viennent à les tuer, pour « sauver l’honneur ». Frères, pères, cousins, oncles, tous se donnent le droit de dicter la vie des filles de leur ménage. Les femmes ne disposent pas de leur propre corps et suivent encore bien souvent l’avis majoritaire de leur communauté.

Nihel Triki