La femme musulmane suscite beaucoup d’intérêt. Partagée entre la vision traditionaliste qui la confère à une image hors de son époque et de l’autre une vision occidentale ethnocentrique surfant sur des clichés pour imposer un unique modèle d’émancipation. La femme musulmane fait couler beaucoup d’encre.
Mais avant de se poser la question sur les droits occultés ou les discriminations dont elle fait l’objet, il est à mon sens intéressant de se poser la question :
Qui est cette femme musulmane ?
Est-ce celle qui vit en Inde ou encore celle qui vit en banlieue française, serait-ce cette femme qui évolue dans les ghettos de New York ou encore celle qui vit en Chine ?
Ou serait-on en train de sous-entendre qu’elles sont toutes les mêmes.
La femme musulmane.
Combien de livres ai je déjà lu traitant de cette femme musulmane qui pourtant ne rencontre pas les mêmes questions que moi. Les auteurs y décrivent sa réalité qui n’est pas la mienne, des questionnements qui ne sont pas les miens et une approche avec laquelle j’ai autant de mal, que cette place à laquelle l’auteur voudrait me confiner.
Pourquoi La femme musulmane échappe-t-elle à la loi de la diversité. Pourquoi lui nie-t-on cette pluralité existante pour l’emprisonner dans une image monolithique et uniformisante.
Pour échapper à une vision orientaliste, qui enferment les « orientaux » dans un espace-temps et géographique limité, il nous faut affirmer avec fermeté la complexité des sociétés musulmanes dans lesquelles les femmes musulmanes sont plurielles et diverses.
Cette pluralité se décline, selon les pays, les régions, le temps, les classes sociales, l’âge , mais aussi les histoires personnelles et collectives vécues par ces femmes musulmanes.
Le traitement médiatique alimente parfois voire souvent cette image, de femme musulmane infantilisée et victime de sa famille, de sa culture, elle est y décrite comme une femme opprimée, soumise et ignorante. Cela n’est pas représentatif de la pluralité des femmes musulmanes. Il ne s’agit pas ici de nier les réalités vécues par des femmes musulmanes, mais il est impératif de lutter contre un essentialisme qui permet d’asseoir des politiques ou des discriminations à l’égard de femmes musulmanes. Et dans un même cas de rappeler l’universalité des discriminations et des violences faites aux femmes. Comme le rappelle Asma Lamrabet « Chaque contexte sociopolitique et géographique est caractérisé par ses propres rapports de domination. Cela va de la violence physique à la discrimination économique et politique, sans oublier l’énorme industrie de l’exploitation sexuelle, que l’on passe souvent sous silence, en passant par l’avortement sélectif des petites filles asiatiques et jusqu’à ce que l’on a appelé la traite des Blanches en plein cœur de l’Europe. »
Parler des femmes musulmanes comme étant un bloc homogène c’est nier la singularité de chaque femme musulmane.
Là où les femmes musulmanes souffrent, du manque de représentation de la diversité, les hommes sur les plateaux télé par exemple, témoignent de leur pluralité. C’est pour contre carrer cette inégalité représentative que les féministes musulmanes créent entre autres leurs propres canaux pour témoigner de cette pluralité.
Ghaz’Elles , s’inscrit également dans cette démarche pour défaire l’idée que les femmes musulmanes sont identiques.
Nous parlions ici des médias qui alimentent cette illusion de l’existence d’une seule et même femme musulmane, mais il est essentiel de rappeler qu’en intra communauté, l’imaginaire musulman aussi peut penser qu’il n’existe qu’une seule femme musulmane à savoir la musulmane arabe. Or, il s’ agit d’une minorité par rapport au reste du monde musulman.
En conclusion,
Nous ne pouvons, penser que La femme musulmane existe. La dimension spatio-temporelle est un des paramètres indispensables à prendre en considération dans nos analyses, mais également les trajectoires propres à chaque personne.
Combattons les préjugés, l’imaginaire et les stéréotypes dont font l’objet les femmes musulmanes et reconnaissons leurs, leur singularité à l’instar de toutes les femmes.