La première fois que je suis tombée sur une œuvre de Saly Diaby, c’était sur mon fil d’actualité Facebook. La toile, qui n’en était pas une, m’a frappée. J’ai voulu découvrir qui se cachait derrière ce travail.

C’était la première fois que je lisais son nom et son univers afro m’a séduit. J’ai compris ensuite que l’œuvre était en fait une couverture de cahier de notes. Sa condition de femme noire et peintre qui a grandi en banlieue parisienne m’a donné envie d’aller à sa rencontre. Sans doute parce que pour moi, l’univers des peintres était élitiste et je mourrai d’envie de comprendre comment Saly le vivait.

C’est dans son appartement du 92 que Saly m’a reçue. J’y ai découvert un atelier, des couleurs et une Afrique présente dans ses œuvres. Elle est née en Haute Seine et en est fière.

Diplômée en journalisme, Saly a obtenu également en 2012 une licence en lettres modernes et histoire de l’art à Nanterre. Parallèlement, elle faisait ses premiers pas dans l’art, en donnant vie à ses premiers dessins. Une empreinte africaine, tirée de ses origines, qui lui sert de base à laquelle elle marie des figures géométriques d’Amérique du Sud.

L’art, m’a-t-elle expliqué, est aussi une voie par laquelle Saly renoue avec ses origines sénégalaises.

Nous avons d’ailleurs abordé ces questions identitaires. Sachant que le milieu de l’art en France, dans ce cas celui de la peinture, est très élitiste : comment une femme noire, musulmane, issue des quartiers populaires trouve sa place au milieu d’une pauvre diversité comme elle l’a souligné ?

Une heure après notre échange, je quitte cet appartement remplie de belles énergies. Je repars le cœur les yeux pleins d’amour pour cette femme qui s’est livrée avec beaucoup de chaleur sur ses identités, ses rêves, ses inspirations …

Un second portrait, celui de Foune Mamie Tounkara qui à l’instar de Saly, prend appui sur ses origines pour mener un combat féministe anticolonial.

Nous avions rendez-vous dans la rue Myhra, dans le 18ième arrondissement. Une rue où les boutiques se juxtaposent, entre les boubous et les magasins d’épices, ça m’a fait penser au quartier Matounge à Bruxelles. Il y a dans la rue Myrha une nouvelle population qui s’y installe : les bobos. Des cafés vintages, où sont servis des thés à la menthe, mais avec un esprit beaucoup moins populaire que la rue Myhra.

Le café « La régulière » -où nous devions normalement faire notre rencontre – ne sera pas notre point de chute. Foune nous explique qu’elle voit le phénomène de gentrification prendre de l’ampleur et qu’elle est attristée de voir qu’à force les quartiers populaires risquent de s’éteindre.

C’est finalement dans un magasin sénégalais que se fera l’interview.

Elle m’a raconté comment elle vit sa religiosité à la lumière d’une culture qui lui permet d’être complètement elle-même.

Elle parle de ses différentes identités qui s’entremêlent et qui font d’elle ce qu’elle est aujourd’hui.

Discriminée parce que femme, parce que noire, parce que musulmane, elle renverse les codes et prônent ses identités en forces.

Découvrez ces jeunes femmes inspirantes, dont les discours inspirants m’ont donné envie de rencontrer d’autres femmes dont les combats ne seront certes pas retenus par l’Histoire avec un grand H, mais qui contribuent à sa construction.


Ghaz’Elles est la rubrique 100% féminine d’Alohanews. A travers reportages et interviews, Yousra Dahry met en lumière les actrices du changement.