SlimProd, producteur originaire de Mons, contrée lointaine belge à l’ombre du showbusiness, est déjà une légende dans sa région. Youtubeur, producteur beatmaker, réalisateur de clips, nous avons rencontré l’homme aux multi-casquettes. Rencontre. 

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle SlimProd, j’ai 25 ans et je crée de la musique depuis plus de douze ans maintenant. J’ai commencé la pratique des instruments de musique, en commençant par les percussions grâce à une base rythmique acquise à l’âge de 6 ans, puis la guitare à l’âge de 9 ans. À 12 ans, j’ai découvert le beatmaking, qui a marqué un tournant décisif dans ma carrière musicale. De plus, j’ai décidé d’explorer la production vidéo pour enrichir mon travail.

Ton histoire, elle commence où ?

Je suis originaire de Jemappes, dans la région de Mons. C’est là où tout a commencé. J’ai commencé à bosser dans ma chambre et depuis l’été dernier, j’ai installé un studio à Bruxelles, ce qui me permet de créer plus facilement ma musique et mes vidéos.

Est-ce qu’il y a une prod dont tu es le plus fier ?

Oh, bonne question. Parce que, sans mentir, je pense que mes pépites sont encore dans mon PC…

Tout le monde dit ça (rires) 

Une production qui m’a particulièrement marquée et touchée, c’est le titre « Zaïprince » dans le projet « .33 Sirènes & Tokarev” de Zaïprince. 

Bien qu’il ait déjà posé sur une autre prod auparavant, j’ai décidé de récupérer l’acapella en secret et de la poser sur l’instrumentale que j’ai créée moi-même. C’est cette version qui a finalement été retenue pour le projet final. J’étais stressé avant de la montrer à Zaï, mais il a kiffé. 

Je me souviens avoir été extrêmement stressé et anxieux lorsque je l’ai présenté à Zaïprince, et j’aurais été déçu s’il ne l’avait pas validé.

Il y a tellement d’autres productions qui me tiennent à cœur. Avec Malandrinù (rappeur), par exemple, nous avons réalisé le projet “Blessure” entièrement ensemble, et tous les sons que nous avons créés sont mes préférés. Ce que j’aime avant tout, c’est laisser libre cours à ma créativité en travaillant avec de nombreux artistes différents.

C’est possible de vivre qu’en faisant des productions instrumentales ? 

C’est compliqué. En gros, il faut ouvrir le champ de ses opportunités. Par exemple, en tant que producteur, je peux placer pour des rappeurs mais je pourrais aussi proposer mes productions pour des publicités, des films etc. Tout est musique aujourd”hui. Donc il y a une possibilité de gagner sa vie en élargissant son champ d’action. 

Donc difficile de vivre que des placements pour des rappeurs “confidentiels” ?

La clientèle est aussi un problème parfois. Les jeunes artistes – et je comprends ça – n’ont pas toujours les moyens pour payer des prix élevés. Il faut donc sans cesse proposer des prix attractifs tout en gardant la même qualité de tes instrus. Et puis t’as des gens qui dévalorisent ton travail en te proposant des prix proches de la gratuité. C’est difficile à gérer parfois.

Comment se passe la transaction entre un beatmaker et un artiste ? 

Dans mon cas, lorsque je produis un beat pour un artiste, il m’achète le beat avec les droits de la production. Mais tu peux négocier un pourcentage sur ce que le titre à généré par la suite (ventes, streams, passages radio, etc). 

Donc une fois que tu passes à la radio, t’es bien financièrement

Ouais mais ça dépend aussi à quelle fréquence tu vas passer. Il est important de comprendre les implications de la SACEM pour les beatmaker surtout s’ils travaillent de manière indépendante sans manager. 

Il est possible que les droits d’auteur ne soient pas correctement déclarés auprès de la SACEM, un système de vérification en ligne existe pour confirmer l’enregistrement de tes titres pour recevoir une compensation juste pour ton travail.

Quelle serait ta collaboration rêvée avec un beatmaker?

Je suis souvent actif sur YouTube et j’ai découvert un artiste que j’apprécie particulièrement : Ysos. Il partage régulièrement des vidéos sur YouTube où il explique sa manière de créer ses productions musicales, et cela m’intéresse beaucoup, car c’est ce que j’essaie de faire moi aussi à mon niveau.

Oui, je le connais, il avait pas produit pour Ninho ? 

Oui, c’est lui qui a sorti le titre « Zipette ». J’aime beaucoup son style et son attitude. Si je devais en citer un autre, je dirais que Metro Boomin m’a inspiré dès le début de ma carrière musicale. Il a été un pionnier dans le monde de la trap selon moi, et il a été une source majeure d’inspiration.

Ne rêves-tu pas de collaborer avec d’autres artistes que ce soit belge ou français ?

Mon artiste préféré avec qui je rêve de travailler, que ce soit en le plaçant ou simplement en collaborant avec lui en studio, c’est Laylow. 

Je trouve qu’il y a un petit lien entre son univers et celui de Zaïprince. 

Oui, je peux comprendre ce que tu veux dire. L’univers de Laylow n’est pas si éloigné de celui de Zaïprince. Ils ont tous les deux cette touche « destroy » et « sad » tout en étant dans une ambiance électronique. 

Propos recueillis par Benjamin Grognard