Suite spirituelle de son excellent album Pacifique, Disiz réaffirme avec LAmour quil lest lune des plus belles sensibilités du rap français. Chronique coup de coeur avant la prestation de lartiste à la Last Arena du Dour Festival le 15 juillet. 

Comment vieillir ? Cette même question taraude nos parents aux rides envahissants, nos tantes et oncles avec leurs regards vitreux, nos amis néo-propriétaires ou jeunes parents. En art, la question porte encore une autre couche de complexité. Le rap dans son essence puise sa vitalité chez ses jeunes, chez leurs idées disruptives et leur énergie rebelle. La maturité des artistes implique toujours l’ennui à l’écoute d’un énième album à la promo télévisuelle et aux singles obsolètes. 22 ans après avoir été l’enfant prodige du rap français et décidé à prouver que les règles existent pour l’infini plaisir de les briser, Disiz donne naissance à L’Amour. 4 ans de silence musical précieux suivi d’un single, la merveille Casino, ont ouvert le chemin. Lorsque que quelques semaines avant la sortie du projet, la cover imaginée par Raegular a été dévoilée, le doute n’était plus permis. Les albums à la pochette orange ont l’habitude d’être des prototypes musicaux du bon goût. Nos archives cérébrales se souviennent de Channel Orange, du côté des nuits d’été à Venice Beach, ou plus localement et récemment, Taciturne, teinté par l’hiver de la Courneuve et les rimes d’un Dinos désenchanté. 
 

 

Mais un artiste comme Disiz sait bien qu’il ne peut pas renverser le temps tout seul. La conception du projet s’est effectuée de pair avec le producteur LUCASV, déjà génial dans sa vingtaine. Le duo a tissé une mosaïque de sons et de mots d’une profonde beauté, de la même manière que le binôme Luidji – Ryan Koffi s’était donné à l’ouvrage quelques années auparavant. Des titres comme KLIMT – TERMINAL 2 ou ALL IN montrent l’alchimie entre les co-réalisateurs. Plume trempée dans le coeur, Disiz parle de soleil, de mer, de la vaisselle de la veille et de cheveux sur la brosse. Comme un romancier naturaliste, les plus intimes détails de ses souvenirs se mêlent à l’universalité des relations amoureuses. Les moments de séduction euphorique dans WEEKEND LOVER succèdent aux descriptions glaciales de TUE L’AMOUR. Les image vont des oreilles aux yeux lorsque l’artiste trace ces scènes « Quand seul les disputes viennent nous proposer de l’aide / Et qu’on se dit tout bas j’aurais ta fin t’auras la mienne ». 

C’est aussi la première fois que l’artiste est aussi explicite sur ses vices, les nuits d’ivresse et de fumée. Preuve de l’authenticité qui cimente entre eux tous les morceaux de l’album. Il est beau de voir qu’un artiste de 44 ans peut encore surprendre, encore dévoiler. Disiz semble avoir finalement débloqué la véritable teinte de sa musique après une carrière d’un tel succès. Crépusculaire ou solaire selon les morceaux, le projet fait jaillir des couleurs dans les AirPods et ravira les amateurs de synesthésie. Le rappeur-chanteur ne s’y trompe pas lui-même lorsqu’il exprime dans l’incipit Sublime « J’aime quand le ciel est mauve le soir / Et s’accorde avec ma peine pastel ».
 

 
Puisque chaque auteur mérite son blockbuster, le géant Rencontre inonde les fils d’actualités Tiktok avec ce refrain symbolique dans la biographie de l’artiste : « Je serais plus jamais en hess / Je suis Disiz la Peste ». Accompagné de la star bruxelloise Damso, la prod se métamorphose 3 fois et propose une recette inhabituelle pour un tube de cette ampleur. Bien sûr, il ne s’agit donc pas de la première ni de la dernière fois que Disiz surprendra les auditeurs. Rendez-vous avec vos futurs ex, vos souvenirs et vos sentiments le 15 juillet au Festival de Dour pour assister à la performance d’un artiste irréversiblement jeune.

Berat Dincer

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