Après avoir mis le feu à l’OpenSoul du 19 mai dernier, Alohanews est parti à la rencontre d’une pépite purement bruxelloise. Tawsen est celui qui touche le public par son aisance scénique, par sa personnalité, mais également grâce à ses morceaux qui restent en tête dès la première écoute. Entre rap et chant, cet artiste fait partie pour nous, comme le déclarait récemment Booska-P, de la « partie immergé de l’iceberg » que représente la montante scène du rap belge. Rencontre avec celui qui écrit ses titres entre deux bouchées d’un kebab.

Bonjour Tawsen. Pour ceux et celles qui ne te connaissent pas, qui es-tu ?

Mon nom de scène est Tawsen, j’ai 20 ans et je suis d’origine marocaine. J’habite à Anderlecht, mais ça ne fait que 9 ans que je vis en Belgique, car je suis né et j’ai vécu en Italie. Pour le reste, je suis étudiant en communication et… voilà je ne peux en dire plus (rires).

On peut dire que tu es très surprenant comme artiste. Tu te ballades très facilement entre le « rap » et le « chant ». Comment définirais-tu ton identité musicale ?

Pour moi, c’est quelque chose de très naturel. Je préfère faire la distinction dès le départ : je suis un chanteur qui aime rapper. C’est parfois dur à gérer, car y’a comme un conflit entre Tawsen le chanteur et Tawsen le rappeur. Voilà pourquoi j’ai décidé de séparer en deux mes noms de scènes : Tawsen chante, Lord Wsenta rappe.

« Les trois plus grands critères pour augmenter ses chances de réussite sont : le talent, la patience et la détermination »

Tu parles très facilement des « femmes » dans tes chansons, notamment dans « Sans aucun remords » ou encore dans ton nouveau titre “ Fille difficile”. Une vision plutôt négative non ?

C’est vrai que c’est un sujet que j’aime traiter et qui revient très souvent. Pourtant, je ne pense pas que cela soit négatif. Je ne fais que raconter des expériences, des émotions et des idées que j’ai vécues ou que je crois avoir vécu.

 

Comment composes-tu tes chansons ?

Cela varie vraiment, mais je vais être sincère : je n’aime pas écrire et encore moins sans instrus. La plupart du temps, mon beatmaker et associé, Goldo, m’envoie des prods et j’en choisi une ou deux. Puis, on se capte quelque part et je commence à écrire. Ça peut me prendre 30 minutes comme 2 semaines. Cela varie en fonction du mood de la chanson et de son level dans le baromètre du hit (rires).

J’aime beaucoup décortiquer les prods et surfer sur la vague musicale. D’ailleurs, pour la petite anecdote, mon titre « Rester » je l’ai écrit dans un snack. 

 

Quand tu dis «« On va sortir du ghetto » dans ton titre « Sans aucun remords », est-ce que tu penses que le milieu social ne favorise pas l’éclosion des talents ?

Je pense que le milieu social ne veut plus rien dire du tout en termes de réussite. Bon, c’est sûr que si tu viens d’une famille aisée, tu auras logiquement plus de chance d’atteindre un objectif qui nécessite de l’argent ou des contacts. Je pense personnellement que dès qu’on parle de musique, de foot, de danse, de théâtre ou de n’importe quelle discipline artistique, il faut juste avoir du talent et être intelligent.

Je pense qu’en 2017, un jeune de banlieue a toutes les chances de réussir. Quand tu vois des mecs comme Booba ou autres qui ont réussi à une époque où l’injustice était omniprésente, on ne peut plus se plaindre de tout ça.

A l’ère d’internet, réussir dans la musique, c’est plus facile non ?

Pour les musiciens d’aujourd’hui, internet c’est comme une meuf : c’est bien mais c’est en même temps très mauvais (rires). Ce qui est bien, c’est que tu deviens accessible sans avoir besoin de radios ou de labels. D’un autre côté, tout le monde peut le faire et c’est ce qui rend la tâche de se faire remarquer encore plus difficile.

 

Que penses-tu du milieu artistique belge et des possibilités d’évoluer ?

Il y a des artistes qui sont très chauds. L’effet de mode dans lequel nous vivons depuis 1 ou 2 années, nous a boosté de dingue. On veut tous en profiter et prendre une part de ce gâteau. Malheureusement, les grands médias belges ne sont pas là… Ceux qui nous boostent, ce sont les Français. Du coup les artistes savent que pour percer, il faut d’abord faire ses preuves là-bas avant d’avoir une chance dans notre pays.

Quels conseils donnerais-tu aux artistes locaux qui n’osent pas pratiquer leur art ou qui sont défaitiste à cause des faibles « chances » de réussite ?

Ne faites rien svp. Nous sommes déjà beaucoup dans le business, donc faites la file (rires). Plus sérieusement, je leur dirais qu’ils ont intérêt à avoir du talent, être patient et déterminé. Je pense que ce sont les trois plus grands critères pour augmenter ses chances de réussite.

 

Quels sont tes plans pour l’avenir ?

Mon plan est de signer dans un label et avoir à ma disposition une équipe de pro. J’en ai marre de tout faire tout seul et il est temps pour moi de vous montrer le vrai Tawsen… Entre temps, je continue à travailler et je me dis « Insh’Allah ».

Propos recueillis par Bahija ABBOUZ