Dans une région du monde où la dominance patriarcale marque de son empreinte l’organisation cléricale et sociétale, la nomination d’une femme pasteur sonne comme une révolution. Une première dans le monde arabe.
C’est dans l’Église évangélique de Tripoli, au Liban, sa ville natale, que la cérémonie de consécration de Rola Sleiman a eu lieu le 26 février dernier. Cette dernière explique : « Pendant les huit années durant lesquelles j’ai géré la paroisse, j’étais pasteur sans en avoir le titre officiel, je faisais littéralement tout sauf la célébration des deux sacrements (NDLR Le baptême et la communion). Je pouvais célébrer le mariage ou les funérailles, mais il fallait que je sois accompagnée d’un pasteur homme ». Désormais, plus aucune célébration ne lui sera proscrite.
Consciente des charges que son nouveau titre entraîne, Rola Sleiman envisage son engagement : « La responsabilité est énorme, d’autant que je dois tracer le chemin à suivre pour les autres femmes ». La femme pasteur souligne également que des voix ultraconservatrices se sont élevées contre sa consécration. Cependant, la Tripolitaine de 42 ans n’a pas rebroussé le chemin de croix qui se profilait devant elle. Pour Joseph Kassab, secrétaire général du Synode évangélique national de Syrie et du Liban, ce sacrement est « un acte d’amour et de justice ». Le représentant a ajouté que « l’Église de Tripoli a été la première de tout le Moyen-Orient à réclamer la consécration d’une femme pasteur, et à mettre à exécution cette consécration. »
Mais quid de ces avancées dans le monde ? Le Père Georges Massouh, directeur du Centre pour les études chrétiennes et musulmanes de l’Université de Balamand, rappelle que l’ordination de pasteurs femmes au sein des églises protestantes à travers le monde n’est pas exceptionnelle. Depuis plus de 50 ans, les femmes peuvent exercer le pastorat au sein du culte protestant. En France, par exemple, plus du tiers des pasteurs de l’Église protestante sont des femmes.
Joseph Kassab a indiqué que l’avènement de Rola Sleiman marquera l’histoire dans la région du Moyen-Orient. Puisse donc ce prélude y engendrer de nouvelles nominations religieuses féminines afin d’éroder, petit à petit, les différences hommes-femmes, remparts de tout progressisme. De telles avancées ne pourront qu’en encourager d’autres et se propager pour, espérons-le, créer un élan plus important d’égalité des sexes.
Maxime THIBEAU