En 2018, le débat sur le racisme et les discriminations est toujours aussi animé. Des mouvements citoyens anti-racistes se forment d’années en années avec leur lot de stratégies et d’idéaux pour faire bouger les lignes en vue d’une société plus égalitaire. Aujourd’hui, les termes « racisé », « racisation », « racialisation » ainsi que d’autres déclinaisons font partie du débat et dépassent le cadre universitaire, un espace qui fait exister ces concepts avec toute leur complexité. Pour certains, ces termes sont utiles, pour d’autres réducteurs. Pour Françoise Vergès, politologue et auteure du livre « Le ventre des femmes : capitalisme, racialisation, féminisme », « des groupes et des individus font l’objet d’une « racisation », c’est-à-dire d’une construction sociale discriminante, marquée du négatif, à travers l’histoire. » Il ne s’agit donc pas du tout de « race » dans sa conception biologique. Mais quels sont les processus de racisation ? Ce sont les « différents dispositifs – juridiques, culturels, sociaux, politiques – par lesquels des personnes et des groupes sont étiquetés et stigmatisés », indique Françoise Vergès. « Racisé(e) » n’est donc pas une notion descriptive mais analytique et la racisation produit des formes spécifiques d’exclusion (tout comme le genre et la classe).
Quoi qu’il en soit, le racisme a, malheureusement, encore de beaux jours devant lui. Il peut se cacher dans des réflexions « anodines », quotidiennes, dans des blagues de mauvais, etc. Est-ce qu’il faut s’y faire ? Sur Twitter, un internaute sous le pseudo « JauneHomme » a répondu à cette question, avec la verve de son temps :
En fait regardez, c’est super simple à comprendre. Si vous n’êtes pas racisé, potentiellement ce genre de micro-aggression quotidienne que les racisés peuvent vivre vous échappera complêtement et même si vous êtes racisé et que vous savez faire face à ça
— Jaunehomme (@Jaunehomme) 25 février 2018
au quotidien tout le monde n’est pas capable de faire de même. Par exemple le gosse qui s’mange ce type de remarque/vanne au quotidien à l’école, les collègues du bureau, etc.
— Jaunehomme (@Jaunehomme) 25 février 2018
Donc ouais idéalement, t’apprends à faire face à ça et c’est ce que je recommande. Mais c’est pas une raison pour faire comme si c’était normal. Parce qu’en l’acceptant les gens continueront
— Jaunehomme (@Jaunehomme) 25 février 2018
Il y aura toujours des idiots, mais si on peut faire en sorte qu’il y en ait moins ce sera toujours ça. Faire face à ce genre de micro aggression ça demande une bonne estime, un bon esprit critique, du caractère, ça se construit pas en une journée
— Jaunehomme (@Jaunehomme) 25 février 2018
Et ensuite, s’il vous plait arrêtez de m’parler de « Ouais mon pote m’insulte de face de, je le traite de ». C’est pas pareil, une boutade entre potes c’est pas pareil qu’un inconnu « un peu trop à l’aise »
— Jaunehomme (@Jaunehomme) 25 février 2018
J’ai longtemps été dans cette optique d’ignorer ce genre de micro-aggression parce que j’en suis capable, pour ma part, ça rentre par une oreille ça ressort par l’autre. Mais j’avais pas forcément conscience de l’impact que ça pouvait avoir sur les autres membres
— Jaunehomme (@Jaunehomme) 25 février 2018
de me communauté. Encore une fois, on est pas tous égaux au niveau de notre éducation, on apprend pas à faire face à ça à l’école. Notre culture du « soi discret n’alimente pas les problèmes » n’aide pas
— Jaunehomme (@Jaunehomme) 25 février 2018
Aujourd’hui, il est important d’en parler pour leur dire que toutes ces habitudes aussi appelées « racisme décomplexé » = pas normal
— Jaunehomme (@Jaunehomme) 25 février 2018
Ah ouais j’oubliais. Un point important aussi, c’est quand certains racisés parlent de victimisation parce qu’ils ne le vivent pas au quotidien. En fait il est pas impossible que même en +20 ans ici t’aies jamais (ou très peu) vécu ne serais-ce que
— Jaunehomme (@Jaunehomme) 25 février 2018
des micro-aggressions. J’ai des cousins ils ont quasimment jamais vécu ça où alors ça s’compte sur les doigts d’une main alors qu’ils ont la 30aine. Donc quand t’es dans cette situation, tu peux vite être tenté de penser que c’est de la victimisation quand les autres
— Jaunehomme (@Jaunehomme) 25 février 2018
en parlent. Mais faut juste voir plus loin que ce que tu vis personnellement parce que tout le monde ne partage pas le même entourage/le même quotidien que l’tiens. T’as trop peu d’informations pr invalider le vécu des autres à coup de « victimisation »
— Jaunehomme (@Jaunehomme) 25 février 2018
Lire aussi : Discriminations en Belgique : des passants répondent !