Tous les mois Ghaz’ELLES vous propose le portrait d’une personnalité féministe. Ce mois-ci nous avons choisi Zainab Fasiki. Dessinatrice et illustratrice marocaine, elle est l’autrice de la bande dessinée féministe Hshouma, sortie ce 12 septembre dernier.

Elle a 24 ans et nous vient de Fès au Maroc. Zainab Fasiki est artiste et ingénieure. Elle est passionnée de dessin depuis son plus jeune âge. Depuis 2015, elle partage sur son compte Instagram, qui comptabilise plus de 16.000 followers, ses dessins très engagés.

En 2015, elle collabore avec le fanzine marocain satirique et décalé Skefkef pour lequel elle a publié une BD intitulée « L’essentiel de l’éducation sexuelle ».

L’année dernière sortait sa bande dessinée « Feyroouz versus the world » dans laquelle elle se concentre sur le manque de liberté de circulation de la femme dans l’espace public et dans le monde. Celle-ci relate l’histoire d’une jeune fille pleine de rêves qui souhaite faire le tour du monde. Issue d’une famille très conservatrice, cette dernière devra faire preuve de persévérance pour convaincre ses parents de là laisser partir à l’aventure. Cette histoire est en réalité inspirée de sa propre vie.

Hshouma : le projet multimédia pour lutter contre les tabous

Hshouma c’est la plateforme éducative et participative dont l’objectif est d’éviter les problèmes sociaux tels que la discrimination ou les violences basées sur le genre. C’est aussi une bande dessinée qui lutte contre les tabous sur le corps et la sexualité au Maroc.

Hshouma

On retrouve dans ce projet de multiples sujets tels que l’égalité entre homme et femme, la discrimination, l’éducation sexuelle, la violence, le corps ou encore la liberté.

Elle déclare au HuffPost Maroc : « Depuis l’enfance, à chaque fois que je pose des questions à ma famille ou à l’école, tout le monde me donne cette réponse : ‘hshouma (c’est honteux, NDLR), n’en parle pas !’ C’est pour cela que j’ai choisi ce simple titre pour justement en parler ».

L’art comme outil pour lutter contre les tabous

À travers ses illustrations, elle dénonce les discriminations dont sont victimes les femmes arabes. Et lorsqu’il est sujet de discriminations, Zainab sait de quoi elle parle puisqu’elle a été elle-même victime de discriminations lors de ces études pour devenir ingénieure en mécanique. Domaine encore victime de beaucoup de préjugés et où les femmes se font plus rares. En plus de ces discriminations, elle subit également, comme la majorité des femmes dans le monde entier, le fléau qu’est le harcèlement de rue.

HshoumaArmée de son crayon elle dessine les femmes de diverses manières : complètement nues, en petite tenue, portant le voile, avec des poils et des vergetures… À travers ses dessins, elle libère le corps de toutes les femmes et dénonce une société profondément patriarcale.

Dans cet ouvrage « elle invite toutes les communautés marocaines à vivre ensemble en paix sans violence fondée sur le genre ni violence basée sur la liberté individuelle ».

Le collectif « Women Power » 

Zainab a également fondé le collectif Women Power qui consiste en des formations données à des groupes de femmes dans diverses disciplines artistiques en lien avec les questions de genre. L’enjeu est de motiver ces femmes à s’engager dans des carrières artistiques.

Comme elle l’explique à The HuffPost, elle croit fermement en « l’art comme moyen privilégié d’accomplir l’égalité des sexes ».

Le féminisme : un combat nécessaire

En plus de tous ces engagements, elle réalise également des workshops de bande dessinée et d’activisme dans des universités et diverses associations au Maroc, mais aussi à l’étranger.

Elle déclare à Cheek Magazine qu’« il est important d’avoir des femmes courageuses et féministes dans le monde arabe, car malheureusement, la société est toujours unie pour combattre les femmes libres, mais jamais pour les sauver, je pense notamment au viol ».

Pour en savoir davantage sur ses œuvres et son combat, n’hésitez pas à la suivre sur les réseaux sociaux !

Leïla El Hariri