Loud est un rappeur québécois qui commence tout juste a imposer son univers au public français, lui a qui a longtemps fait ses gammes outre-Atlantique avec son groupe Loud Lary Adjust. Il se lance aujourd’hui avec ambition dans une carrière solo, entre égotrip et introspection.

Il y a le rap Belge évidemment, avec qui il faut maintenant compter, et ce, pour de nombreuses années, les Damso, Roméo Elvis ou Hamza s’étant installé avec aisance dans le microcosme du rap français. Il y a la Suisse, avec la SuperWak clique qui retourne tout en concert grâce à l’énergie contagieuse des Makala, Slimka & Di-Meh. Et depuis 2017, il faut compter avec le Québec qui se positionne sur la carte, avec ses propres codes et grâce à un nom : Loud.

Loud, reconnu en son pays

La réputation de Loud n’est plus à faire chez lui à Montréal. Avec son compère rappeur Lary et son Dj Adjust, il formait le Loud Larry Adjust, un des crew phares du rap en français au Québec. Car si l’ anglais est bien souvent la langue privilégiée chez les artistes en herbes, dû à l’influence énorme du rap américain, eux ont choisi de chanter en français, ou plutôt en franglais. Jusqu’en 2016 et leur séparation, le groupe s’était forgé une solide réputation, grâce à son rap lifestyle rassembleur allié à une technicité plaisante pour les amateurs du genre.

Une musique qui ne s’est pas exportée jusqu’aux frontières françaises ou belges, malgré un réel sens de la mélodie. Se faire connaître dans l’hexagone a toujours été un rêve pour les rappeurs québécois. Un rêve longtemps désabusé, au regard des carrières des figures du mouvement, restées confidentielles. Fonceur, Loud a tout de même choisi de tenter sa chance en solo, armé d’une assurance à toute épreuve et d’une formule que personne ne saurait copier.

Faire du bruit en France 

C’est avec le clip « 56K » que Loud a déclenché une hype autour de lui il y a à peine un an, en avril 2017. Les internautes français découvraient un mec qui maîtrise déjà tout : gestuelle, autotune finement utilisée et punchlines à revendre (« Ils pensent tous que j’suis ricain [Shurik’n] quand je parle d’où je vis »). Et surtout une particularité, à l’heure où les rappeurs peinent à se distinguer d’autres tout autant talentueux : un accent québécois marqué et un phrasé mi-anglais mi-français assumé. Avec un autre, l’exercice aurait facilement pu être moqué. Avec Loud, tout glisse. Après son Ep « New Phone », il enchaîne avec un album annonciateur « Une année record » en 2017. 

Pendant les dix tracks du projet, il conte ses ambitions grâce à un égotrip teinté d’une bonne dose d’humour et de lucidité. Ses relations avec les femmes, la recherche de l’argent, la reconnaissance : des thèmes classiques, mais qu’il peint avec finesse, dévoilant une personnalité complexe. Celui qui n’a jamais voulu gommer son accent pour plaire à l’industrie musicale française persévère, avec succès. Actuellement entre deux grosses tournées, une québécoise et une européenne, il séduit les foules sans forcer. S’ouvrant même à des morceaux pop, via une collaboration récente avec Coeur de Pirate. Loud s’avère être bien plus qu’une hype et pourrait s’imposer dans le paysage musical français à terme. Toujours avec l’accent.

Simon Virot