À l’occasion de la sortie de son nouvel EP « The Dog dayz », l’équipe d’Alohanews est partie à la rencontre de Lous and the Yakuza. Auteure, compositrice et interprète, elle nous déclare que c’est dans l’infinie tristesse qu’elle trouve son inspiration. C’est dans un style décalé, dans un univers totalement vécu au feeling, que cette artiste brute se fraye un chemin vers ce qui est sa vie : la musique. Une interview plus qu’inspirante au côté d’un personnage riche aux multiples facettes.

Après t’avoir suivie depuis le début, tu es passée de Lous à Lous and the Yakuza. Est-ce que tu peux parler de ce changement de nom ?

Tout simplement, cela vient du fait que j’ai du mal à prendre le crédit de quelque chose que je n’ai pas fait entièrement. La musique, c’est toujours un partage. Malgré que je suis auteure-compositrice-interprète et que je suis capable de faire une chanson toute seule, il n’empêche que sur toute mes chansons, les producteurs sont des beatmakers. J’avais envie de préciser que je ne suis pas toute seule à travailler.

Y’a quelque temps sur les réseaux sociaux, tu annonçais «  winter is coming – comme mon EP », maintenant que « Winter is here », comment ça se déroule ?

Il faut savoir que malgré que je travaille avec un manager, cet EP, je l’ai sorti hors de tout circuit standard. « Winter is coming », c’est tout simplement parce que la manière dont j’ai sorti cet EP n’a pas plu à mon équipe. Je l’ai sorti un peu « n’importe comment », car je l’ai annoncé 5 jours avant sa sortie. Vraiment, après tant d’années et plus de 200 titres enregistrés, je n’en pouvais plus. Le temps était venu de sortir ma musique, de la manière que j’avais choisie.

On a entendu parler d’une grande nouvelle pour toi : ta première partie du concert de G.A.N ce 23 novembre prochain…

Oh oui ! J’ai rencontré G.A.N il y’a un an. Il m’a contacté suite à l’une de mes vidéos, puis m’a invité à manger. C’était un peu « akward » de me retrouver devant lui. Après avoir discuté et s’être échangé nos titres respectifs, il m’a recontacté dernièrement pour me demander si je voulais bien faire sa première partie. J’étais trop contente !

Une collaboration en vue ?

Non pas pour le moment. Je l’espère vraiment un jour, car j’aime beaucoup ses textes.

On t’a également vu apparaitre dans le clip « Bruxelles vie » de Damso. Avez-vous déjà collaboré ensemble ?

Damso & Lous / © Facebook

Oui, on a fait un featuring il y a un an et demi environ. Je l’ai connu grâce à la musique. Depuis, c’est carrément devenu un ami. On pense sortir nos collaborations tant dans ses releases que dans les miennes. Insh’Allah.

Quand on essaye de cerner le personnage, on voit que tu as une image assez neutre. On ressent que la seule chose que tu veuilles mettre en avant, c’est ton art.

Neutre ? Merci, on ne m’a jamais définie comme cela (rires). C’est vraiment un compliment pour moi ! Je ne fais pas du tout attention à mon image. On pourrait croire, car j’ai beaucoup de signes sur mon visage et un style un peu décalé, mais vraiment, faut savoir que le matin quand je m’habille, je ne pense à rien. Vraiment merci pour le qualificatif « neutre », envoie un mail à ma maman, elle sera super contente (rires).

D’ailleurs, les traits sur ton visage ont-ils une signification ?

Oui, les deux traits en dessous de mes yeux veulent dire que je suis triste et le signe sur mon front veut dire « l’infini ». L’infinie tristesse en quelque sorte.

louss

Il faut que tu nous parles de la pochette de ton EP, elle intrigue.

L’image c’est moi. Je me suis représentée et conçu cette image. Je suis peintre et j’ai envie de produire l’ensemble de mes pochettes. J’espère pouvoir toujours le faire même si je signe en maison de disque un jour. J’y tiens vraiment. Même si on me dit de mettre des images de moi pour essayer d’accrocher un peu plus le public, j’aurai vraiment du mal, je pense.

Chanter en anglais, est-ce un choix délibéré pour une future carrière à l’internationale ?

Franchement, ça sort tout seul. D’ailleurs, ça sort tellement tout seul que sur certaines chansons, je mélange plusieurs langues. J’écris au feeling, sans calcul. Certaines phrases sortent mieux en français, d’autres en anglais. Le feeling.

N’as-tu pas peur que ça puisse être un frein pour la promotion de la culture française ?

Je pense que j’aurai vraiment trop de mal à supprimer une langue. J’écris en différentes langues : en anglais, en français, en néerlandais et même en swahili (NB. langue bantoue avec des emprunts arabes). D’ailleurs, les quelques maisons de disque qui m’ont approché m’ont demandé de faire un choix. Je n’ai pu le faire même si je sais que cela peut être un souci commercialement parlant. D’un autre côté, quand je vois une artiste comme Christine and the Queens le faire, je me dis que tout est possible.

Tu n’es donc pas prête à faire des concessions pour rentrer en maison de disque ?

Avec le temps, à ma grande surprise, j’ai pu vraiment développer « some balls » (rires) ! Je me suis montrée ferme par rapport à ce que j’avais envie de faire de ma musique. Ma carrière pourrait rester au stade où elle en est aujourd’hui, je serai satisfaite. Tout ce qui compte, c’est ma musique, les scènes. La musique me suffira toujours.

« La musique, c’est mon travail. Les études, mon hobby »

Les États-Unis, un rêve ?

Je suis trop campagnarde, je pense que je n’y arriverai pas. Je pourrai faire des concessions à ce sujet là et m’installer aux États-Unis pour la musique, mais d’un côté j’aime beaucoup la Belgique. C’est ici que j’ai envie de faire grandir mon art et faire un maximum de collaborations.

Quel est le morceau qui t’apporte le plus de fierté en tant qu’artiste ? Celui qui représente le plus ton art ?

« The Dog Dayz » produit par Dolfa. Ce titre est super triste, les paroles sont horriblement tristes. La solitude est vraiment le thème de tout mon EP, mais ce titre en particulier veut dire « la canicule ». Dans cette chanson, je dis que ces jours de canicules ne seront jamais terminés tant que la solitude et moi serions amies. Beaucoup de choses émergent dans la solitude, mais c’est horrible en même temps ! On s’y compose mais on s’y décompose aussi. C’est bien la chose que toute l’humanité a en commun.

Si tu devais représenter la musique pour toi en une citation, en une phrase personnelle, que dirais-tu d’elle ? 

La musique c’est ma vie, tout simplement. Il n’y a rien qui me rend plus heureuse que la musique, même si c’est de la musique triste. La musique, c’est mon enfance, ma famille, mes amis. Je suis exactement la même dans la vraie vie que dans ma musique.

Dans cinq ans, à un moment de ta vie où tous tes rêves sont devenus réalités. Où es-tu et que fais-tu ? 

Tout est devenu en réalité ? Oh alors là, je suis au Japon, à la campagne, je dessine, je bois du thé, et j’adopte plein d’enfants. Mes propres enfants ? Non, c’est mort (rires).

Pourquoi le Japon ?

Ce pays me passionne tellement au travers le respect et l’honneur qu’il dégage. J’aime également beaucoup le Congo et le Rwanda. Je pourrais y vivre à vie, même avec ma solitude (rires).

Merci beaucoup Lous pour cet échange plus qu’inspirant. Tu as quelque chose à rajouter pour Alohanews ? 


Vous êtes incroyables ! Le support que vous offrez aux artistes, c’est juste génial. Je suis sûre que vous êtes les futurs Booska-P. Merci en tout cas de m’avoir invitée.

Propos recueillis par Bahija ABBOUZ

https://soundcloud.com/lousandtheyakuza/sets/the-dog-days